Israël: une élection en guise de référendum sur Netanyahou

Le 23 mars, les Israéliens sont appelés aux urnes pour la quatrième fois en deux ans. Centrée sur Netanyahou, la campagne électorale se joue à droite.

Un pays peut-il souffrir d’overdose électorale? En Israël, les scrutins se répètent sans fin depuis deux ans, tel un disque rayé. Mais cette fois, un élément change la donne: c’est le premier rendez-vous électoral depuis l’apparition du coronavirus.

Une campagne Covid-19

Le Covid-19 est dans tous les esprits, au grand bonheur de « Bibi ». Les derniers mois, le Premier ministre était la cible de vives critiques pour sa gestion de la crise sanitaire. Mais il a renversé la vapeur. Aujourd’hui, « il se présente comme Mr Vaccin », affirme Philippe Velilla, essayiste spécialiste d’Israël. « Il a réussi à imposer sa politique de lutte contre le Covid-19 comme thème principal de campagne. » À ce jour, la moitié de la population a reçu une première dose du vaccin Pfizer/BioNTech. Un record mondial et un succès sanitaire. Avec le recul du virus, le pays a rouvert, 10 jours avant les élections.

Glissement à droite

Tout se joue entre le centre et l’extrême droite pour ce scrutin: « Il y a même une dissidence à l’intérieur du Likoud avec Gideon Saar, qui fait campagne sous le parti Nouvel espoir », indique Alain Dieckhoff. Mais pour le directeur du CERI Sciences Po, spécialiste d’Israël, « c’est une compétition personnelle. La ligne idéologique est similaire à celle de Netanyahou ». Sur le conflit notamment, l’ensemble des partis de droite s’accordent sur le refus d’un État palestinien. Le vrai clivage se fait sur un seul thème, « Bibi », entre les pro et les anti. Encore une fois, c’est Netanyahou qui rythme la campagne.

Le vrai clivage se fait sur un seul thème, « Bibi », entre les pro et les anti.

À l’agonie depuis une quinzaine d’année, la gauche israélienne menace de disparaître. « Dans les sondages, elle obtient 10 sièges sur 120 au Parlement. Il y a une disproportion totale », selon Philippe Velilla.

Diviser pour mieux régner

Le seul adversaire crédible pour Netanyahou est Yair Lapid, du parti Yesh Atid. Le centriste ne revendique pas le poste de Premier ministre, il sait qu’il ne fait pas le poids: « Il place la volonté de faire partir Bibi au-dessus de ses ambitions personnelles », selon Anshel Pfeffer, journaliste au quotidien israélien Haaretz. « C’est une stratégie intelligente qui pourrait payer. »

Mais le centre avance divisé. En mai 2020, Bibi a brisé le parti Bleu-blanc, en faisant entrer Benny Gantz dans son gouvernement. « Le génie politique de Netanyahou est d’avoir réussi à diviser ses adversaires », selon Philippe Velilla. Après le centre, il s’est attaqué aux partis arabes. En attirant la formation islamiste Raam, il a cassé la Liste unifiée.

Contrairement à ses adversaires, Netanyahou dispose d’un bloc de droite cohérent autour du Likoud. Il pourra compter sur ses fidèles partenaires ultra-orthodoxes, Shas et Judaïsme unifié de la Torah. Mais rien n’est joué. Selon les sondages, aucune formation n’est à même de constituer une coalition gouvernementale.

Vue en plein écran ©AFP

INÈS GIL 20 mars 2021 01:25

https://www.lecho.be/economie-politique/international/moyen-orient/israel-une-election-en-guise-de-referendum-sur-netanyahou/10292330.html

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