Israël ne peut pas laisser la Russie réécrire l’histoire de la Shoah

Opinion: Les relations chaleureuses entre Moscou et Jérusalem procurent des avantages stratégiques et l’amitié de nos dirigeants peut faciliter la libération de Naama Issachar mais la Russie ne peut pas dicter les termes de cette amitié

Sever Plocker|
Publié le: 21.01.20, 23:29
Le président russe Vladimir Poutine n’a pas beaucoup d’amis proches parmi les dirigeants occidentaux, à l’exception du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
 
Poutine et Netanyahu ont développé une relation personnelle qui fournit à Israël des avantages stratégiques, dont beaucoup sont évidents avec l’implication militaire et politique croissante de la Russie au Moyen-Orient, en particulier ses relations avec certains des ennemis les plus tenaces d’Israël.

ראש הממשלה בנימין נתניהו פגישה עם נשיא רוסיה ולדימיר פוטין ב סוצ'י

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président russe Vladimir Poutine
( Photo: Reuters )
L’amitié étroite qui s’est nouée entre Moscou et Jérusalem a permis à Netanyahu de faire appel pour la libération de Naama Issachar, une Israélienne condamnée à une peine disproportionnée de 7,5 ans de prison par un tribunal russe, pour un délit mineur.

נעמה יששכר

( Photo: AP )
Naama Issachar, victime d’une condamnation disproportionnée pour un délit mineur
Cependant, cette amitié ne doit pas justifier la capitulation d’Israël devant les diktats du président russe – ni sur des questions de sécurité ou d’économie et surtout pas sur des questions d’histoire.
Poutine est un invité bienvenu et honoré lors de l’événement trop politique et démesuré du Forum international de la Shoah, qui doit avoir lieu à Jérusalem jeudi.
Poutine est un invité bienvenu et honoré pour cette commémoration grand format de la Seconde Guerre mondiale, et il n’a pas non plus oublié le soutien de l’Union soviétique à la création de l’État d’Israël.
Mais l’Etat Juif se rappelle également le soutien soviétique aux États arabes pendant la guerre des Six jours et la rupture de tous ses liens diplomatiques avec Jérusalem, autour du même événement.
Israël n’a pas non plus oublié la persécution des Juifs et l’anéantissement de l’élite culturelle juive sous Joseph Staline dans les années 30 et 40. Contrairement à d’autres pays européens, la Russie post-soviétique n’a jamais vraiment mené de réflexion sur l’antisémitisme qui était si répandu à l’époque des tsars et à l’époque soviétique.
La direction israélienne doit exprimer à son ami le président russe, en toute honnêteté, son refus d’accepter l’affirmation de Poutine selon laquelle l’Occident et en particulier la Pologne sont seuls responsables du déclenchement de la guerre en 1939, la Russie ou l’Union soviétique de Staline n’ayant aucune responsabilité du tout.
C’est l’URSS qui a forgé un pacte avec le régime nazi qui a ouvert la voie à l’occupation allemande brutale de la Pologne, et qui a causé la mort non seulement de 3 millions de Juifs polonais mais de plusieurs millions d’autres de toute l’Europe.
Poutine tente d’effacer le palmarès de la Russie, mais cette défaillance majeure ne sera jamais corrigée.
Sans excuser même un instant l’antisémitisme violent qui a prospéré dans la Pologne d’avant-guerre et s’est poursuivi pendant les années de guerre, il faut rappeler à ceux qui tentent de réécrire l’histoire que le peuple polonais a été victime et les Allemands les agresseurs qui ont brutalement pris pour cible les Polonais sous leur contrôle.
Les responsables de l’État d’Israël ne doivent pas prêter main forte à une perversion des faits historiques propagés par le Kremlin, quelle que soit la proximité des dirigeants de Jérusalem et de Moscou. Cela ne peut pas être une condition préalable à une amitié entre les deux pays.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Dan

VOICI POURQUOI POUTINE AFFIRME QUE L’OCCIDENT EST LE SEUL RESPONSABLE DE LA GUERRE DE 1939
Le traité de Versailles est un traité de paix signé le 28 juin 1919 entre l’Allemagne et les Alliés à l’issue de la Première Guerre mondiale.

Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité est signé le 28 juin 1919, date anniversaire de l’attentat de Sarajevo, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, et promulgué le 10 janvier 1920. Il annonce la création de la Société des Nations (SDN) et détermine les sanctions prises à l’encontre de l’Allemagne et de ses alliés. Celle-ci, qui n’est pas représentée au cours de la conférence, est amputée de certains territoires et privée de ses colonies, et astreinte à de lourdes réparations économiques et à d’importantes restrictions de sa capacité militaire
Les représentants de 27 pays alliés font face aux Allemands. Mais le traité de Versailles a été pour l’essentiel arbitré par quatre négociateurs qui sont le Français Georges Clemenceau, le Britannique David Lloyd George, l’Américain Thomas Woodrow Wilson sans oublier l’Italien Vittorio Orlando.

Ce sont des hommes du centre gauche, méfiants à l’égard de l’Église et des catholiques autrichiens, hostiles d’autre part aux communistes qui tiennent la Russie sous leur botte et sèment la Révolution en Europe centrale.

Asher Cohen

Ce sont les persécutions de la russie tsariste qui dès 1882 ont déclenché la première alyah, mais prétendre que « C’est l’URSS qui a forgé un pacte avec le régime nazi qui a ouvert la voie à l’occupation allemande brutale de la Pologne, » me parait très discutable. J’ai déjà traité récemment cette question sous un autre article du même genre. Le pacte germano-russe de non agression n’était qu’un marché de dupes: Hitler avait, bien avant 1939, fixé l’objectif de soumettre Staline, et celui-ci l’ayant parfaitement compris a cherché à gagner du temps pour stabiliser l’Urss très affaiblie politiquement. Staline s’est borné à occuper la partie est, russe, de la Pologne, dans un but de crédibilité, mais n’a aucunement attaqué les autres pays d’Europe de l’Est. Il a clairement attendu l’attaque d’Hitler jusqu’en juin 1941. Je ne vois pas en quoi l’Urss aurait une culpabilité dans l’occupation allemande de la Pologne, qui était de toutes manières très antisémite?

Asher Cohen


Cette zone de la Pologne orientale a été « russifiée » d’emblée dès 1939, avec expulsion d’un million de Polonais vers l’Ouest, et déportation des Juifs vers l’Est, qui leur a évité l’extermination par les allemands. On l’a appelée Ukraine occidentale, et une partie a même été intégrée à la Biélorussie. En 1945, les Alliés en ont accepté l’annexion par l’URSS, mais le problème n’est toujours-pas réglé de nos jours. Depuis les annexions russes lors de différents partages de la Pologne au 18ième siècle, la majorité de la population n’y était pas polonaise. En 1939, il n’y avait pas de triple entente comme en 1914, et les Bolcheviks n’avaient-pas participé à Munich pour l’affaire des Sudètes, donc rien ne prouvait en 1939 que les russes attaqueraient Hitler. Dans la guerre, on ne fait pas de sentiment, c’est chacun pour soi et Staline a vu ses intérêts en premier. Avec ce pacte de non-agression, les allemands ont certes gagné un joker pour attaquer à l’Ouest plus facilement, mais Staline n’était pas dans l’état de confronter l’Allemagne en 1939. Lénine n’avait-pas voulu qu’il lui succède, mais il avait fait assassiner tous les opposants Juifs, même, Trotski. D’ailleurs après le pacte Ribbentrop-Molotov, il a appliqué une politique encore plus antisémite pour « plaire » aux nazis, jusqu’en juin 1941. Mais, dans tous les cas, il n’y a jamais eu de politique d’extermination systématique des Juifs dans l’URSS, comme dans l’Allemagne nazie. Ce sont les Russes qui ont été les premiers à libérer les camps comme Auschwitz en 1945, alors que les Alliés avaient refusé de les bombarder. Donc les accuser d’avoir été à l’origine de la Shoah, ce serait aller un peu vite. Il ne faut pas faire croire que les Juifs d’Urss auraient plus souffert que ceux du Maghreb ou d’Europe occidentale. Les Juifs ont payé très cher d’avoir voulu s’intégrer dans des nations étrangères. Maintenant, c’est fini. Un million de Juifs dits « russes » sont rentrés en Israël après 1990, comme bientôt les Juifs d’Europe occidentale, et il faut tourner la page.

ixiane

OUI ces amitiés n’existent pas , elles sont opportunistes et peuvent changer du jour au lendemain !!

Élie de Paris

Voilà qui est bien dit.
Quant à l’amitié entre les politiques dirigeants… Ça n’existe pas.
Il n’y a qu’ intérêts, comme disait untel.
En revanche, certes, le respect est bien entre ces 2 là.
Combien de chefs d’états ou de gouvernements sont-ils capables de se mettre aux commandes d’un chasseur-bombardier ?
Un Boris, un Donald, un Emmanuel, une Angela… ?