Palestinian Salafists, members of an ultraconservative sect of Islam, protest against caricatures of the Prophet Muhammad in the satirical French weekly magazine Charlie Hebdo, outside the French Cultural Center in Gaza City, Jan. 19, 2015. (AP Photo/Khalil Hamra)
Contre l’organisation État islamique, le gouvernement de Netanyahu et le Hamas ont « des intérêts communs ». Un rapprochement qui reste très informel.

L'attentat du 19 juillet dernier visait des véhicules appartenant à des membres du Hamas et du Jihad islamique. Une action attribuée à l'EI.

Les photos ont fait bondir Mahmoud Abbas. Des combattants du Hamas, en armes, surveillent la construction d’une nouvelle route, le long de la frontière avec Israël, sous le regard de militaires de Tsahal contemplant la scène les bras croisés. En d’autres temps, cela se serait terminé par un échange de tirs. Pour le président palestinien, c’est une nouvelle preuve de ce qu’il soupçonne depuis des mois : l’organisation islamique et le gouvernement Netanyahu mènent des pourparlers en vue d’une trêve temporaire à Gaza. Lors d’une réunion de son parti, le Fatah, à Ramallah, il a déclaré : « Il s’agit de dissocier géographiquement la bande de Gaza de l’intégrité des territoires de la patrie palestinienne. Nous sommes déterminés à faire échouer ce projet. »

Les informations sur des contacts indirects entre Israël et le Hamas circulent depuis plusieurs mois. Le général Sami Turdjeman, le commandant de la région militaire sud, a reconnu qu’il n’y avait pas d’alternative au contrôle de Gaza par le Hamas. « Cette organisation, a-t-il dit, ne veut pas du Jihad global et partage certains intérêts en commun avec Israël. Notamment la stabilité de la région. » Régulièrement, des groupes affiliés à Daesh effectuent des tirs de roquettes en direction du territoire israélien. Il y a eu douze attaques de ce genre depuis le début de l’année. Elles n’ont fait ni victime ni dégât. L’armée de l’air a, systématiquement, riposté par des frappes limitées sur des objectifs du Hamas, en prenant bien garde également de ne faire ni victime ni dégât. Les Israéliens savent que Daesh commet ces provocations en espérant la reprise de la guerre. Un porte-parole djihadiste a déclaré : « Nous resterons une épine dans la gorge du Hamas et d’Israël… »

Le blocus allégé

La semaine dernière, le dimanche 19 juillet, six véhicules appartenant à des chefs des branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont été détruits par des explosions. Un attentat visiblement commis par Daesh. En représailles, une centaine de militants salafistes ont été appréhendés par les forces de sécurité gazaouies. Tout cela encourage les Israéliens à renforcer indirectement le pouvoir du Hamas à Gaza. D’abord en levant partiellement le blocus. Depuis le début de l’année, 4 624 tonnes de matériel médical, y compris des médicaments, ont été livrées à Gaza. Pour l’ensemble de l’année 2013, ce n’était que 2 278 tonnes, et, en 2014, 2 988. Toujours selon des sources militaires, depuis le 1er janvier, 62 000 camions transportant plus de 1,8 tonne de nourriture, de matériel électroménager, etc. sont passés dans l’enclave ainsi qu’une centaine de voitures privées chaque semaine.

Les responsables militaires envisagent même de permettre à des ouvriers de Gaza de venir travailler en Israël alors que les produits gazaouis peuvent désormais arriver en Israël et en Cisjordanie pour y être vendus. Jusqu’à présent, ces exportations représentent 6 900 tonnes de fruits et légumes, de poissons et de meubles. Les Israéliens disent encourager la reconstruction et affirment avoir livré 1,5 million de tonnes de matériaux de construction divers à Gaza.

« Bavardages »

Les dirigeants du Hamas n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers Israël : côté Sinaï, la frontière est presque hermétiquement fermée. Les autorités égyptiennes n’ouvrent que de façon épisodique le point de passage de Rafah et ont détruit la quasi-totalité des tunnels qui servaient à la contrebande entre l’Égypte et Gaza. Des échanges qui permettaient à l’organisation islamiste d’assurer son budget en y prélevant sa dîme. Cette « économie des tunnels » qui représentait des dizaines de millions de dollars a donc fait faillite.

Mais la conclusion d’une trêve en bonne et due forme entre Israël et Gaza s’annonce difficile. Les chefs militaires du Hamas se préparent à une éventuelle reprise des combats. Ils effectuent des essais de roquettes et creuseraient de nouveaux tunnels d’assauts en direction du territoire israélien, où plusieurs généraux considèrent, eux aussi, qu’une nouvelle guerre est inévitable. Par ailleurs, deux Israéliens seraient actuellement détenus à Gaza. Le premier, un civil d’origine éthiopienne – selon des sources israéliennes, un déséquilibré -, qui, en septembre dernier, a escaladé la barrière pour se rendre dans l’enclave. Le second serait un arabe israélien dont on ne connaît pas l’identité. Les islamistes détiendraient aussi les corps de deux soldats tués durant la guerre de l’été dernier. Des négociations menées par une tierce partie seraient en cours, en vue d’un échange de prisonniers. Alors, trêve ? Pourparlers ? Officiellement, le Hamas affirme qu’il ne s’agit que de « bavardages ».

CORRESPONDANTE À JÉRUSALEM, DANIÈLE KRIEGEL – Le Point.fr

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