Israeli President Isaac Herzog stands to speak during Israel's National Day ceremony at Expo 2020 Dubai, in Dubai, United Arab Emirates, January 31, 2022. REUTERS/Christopher Pike

Le président d’Israël prévoit un rare voyage en Turquie

Le président israélien Isaac Herzog prévoit un rare voyage en Turquie, a indiqué son bureau mardi 15 février sans préciser de date, sur fond de rapprochement entre les deux pays aux relations tendues.

«Une délégation de hauts responsables de Turquie arrivera en Israël cette semaine dans le cadre des préparations pour la visite prévue du président Isaac Herzog, avec pour objectif de discuter des relations entre les deux pays», a annoncé dans un communiqué le bureau du chef de l’État israélien. Selon la chaîne de télévision officielle turque TRT, cette visite pourrait avoir lieu les 9 et 10 mars prochains.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé en janvier que son homologue Isaac Herzog viendrait en Turquie «début février» et espérait que cette visite ouvre «une nouvelle voie dans les relations» entre les deux pays. Israël n’avait pas confirmé ces informations. Le président turc avait également dit être prêt à coopérer avec Israël sur un projet de gazoduc en Méditerranée orientale, marquant ainsi la volonté d’Ankara de renouer les liens avec l’État hébreu.

Ce nouveau projet de gazoduc permettrait d’acheminer le gaz de la Méditerranée orientale vers l’Europe. La Turquie s’était précédemment vivement opposée à un projet similaire dans lequel Israël et son rival historique, la Grèce, étaient associés. Nommé EastMed, il avait été soutenu à l’époque par l’ancien président américain Donald Trump. Mais selon les médias israéliens et turcs, Washington aurait prévenu Athènes qu’il ne soutenait plus ce projet à cause des tensions que celui-ci provoquait avec Ankara.

Mi-novembre, Recep Tayyip Erdogan s’était entretenu avec Isaac Herzog et le Premier ministre israélien Naftali Bennett – le premier entretien entre un Premier ministre israélien et Recep Tayyip Erdogan depuis 2013 -, quelques heures après la libération et le retour dans leur pays d’un couple de touristes israéliens accusés d’espionnage et détenus en Turquie.

Les relations entre Ankara et Israël étaient tendues depuis l’affaire du Mavi Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes avaient lancé un assaut meurtrier sur un navire turc tentant d’acheminer de l’aide à la bande de Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien depuis 15 ans. Les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs en 2018 après la mort de manifestants palestiniens à Gaza.

La Turquie et Israël démantèlent un réseau d’espions iraniens et confirment leur rapprochement

Avec l’aide du Mossad israélien, le MIT, le service de renseignement turc, a arrêté des espions iraniens qui s’apprêtaient à assassiner un Israélien. Cette collaboration prouverait que les deux pays sont sur le point d’enterrer la hache de guerre.
Istanbul, un nouveau nid d’espions? À cheval sur le pourtour méditerranéen, la mer Noire, l’Europe orientale et le Moyen-Orient, la Turquie est un lieu de transit pour les hommes, les biens… et les renseignements. Pas plus tard que la semaine dernière, les services d’espionnage turcs du MIT (Millî Istihbarat Teskilati), en collaboration avec leurs homologues israéliens du Mossad, ont démantelé un réseau iranien. L’objectif des espions de Téhéran? Assassiner Yair Geller, un homme d’affaires israélo-turc travaillant dans les secteurs de l’aviation et de la défense. L’homme de 75 ans, propriétaire de CNC Advance, était dans le viseur de l’Iran pour venger la mort en 2020 du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh, pour laquelle la responsabilité de Tel Aviv ne fait guère de doute. Tel Aviv et Téhéran se livrent ainsi une guerre de l’ombre. « Les Iraniens veulent leur revanche », résume Constantin Pikramenos, spécialiste de la Turquie et coauteur de MIT, Le service secret turc(Éd. VA).

Par l’intermédiaire d’un réseau de neuf membres, dont huit turcs, l’opération avait débuté il y a plusieurs semaines, selon le quotidien turc Sabah. Les espions ont photographié les lieux de travail à Istanbul du magnat israélien et changeaient leurs téléphones régulièrement pour éviter d’être détectés. Le puissant service de renseignement turc a alerté le Mossad pour mettre en sécurité la personne visée.

L’Iran opère sur différents théâtres d’opérations. Tel Aviv accusait récemment Téhéran de vouloir assassiner des hommes d’affaires israéliens sur l’île de Chypre. Par l’intermédiaire d’un Azéri disposant d’un passeport russe, l’Iran aurait tenté de prendre pour cible le milliardaire Teddy Sagi. Avec l’aide du Mossad, la police chypriote a réussi à arrêter l’espion.
Pour déjouer ces tentatives d’espionnage et d’assassinat, le renseignement israélien s’appuie donc sur ses homologues étrangers. Toujours est-il, la relation avec le MIT n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Au mois d’octobre dernier, les renseignements turcs avaient démantelé un réseau du Mossad qui s’appuyait sur des Palestiniens et des Syriens pour espionner des groupes proches du Hamas en Turquie. Les 16 suspects risquent jusqu’à 20 ans de prison ferme.

Et c’est bien là le leitmotiv de la Turquie.

« Il faut replacer cette collaboration entre les deux services de renseignement dans un contexte précis. Erdogan tend la main à Israël, et ce pour des raisons économiques, notamment depuis le revirement américain sur le projet de gazoduc East-Med », rappelle Constantin Pikramenos.

Alors que Tel Aviv s’était mis d’accord avec la Grèce et Chypre pour la réalisation de ce projet énergétique, pour approvisionner l’Europe en gaz, les États-Unis ont retoqué le plan. Dans une note diplomatique, Washington a annoncé à Athènes ne plus soutenir ce projet, officiellement en raison de sa viabilité économique incertaine. Une aubaine qui fait les beaux jours d’Ankara. Donc un nouveau projet entre l’État hébreu et la Turquie pourrait ainsi prochainement voir le jour.

Mais le Sultan d’Ankara aurait surtout les yeux rivés sur 2023

« Erdogan pense aux élections présidentielles de 2023. Ceci explique donc sa volonté de renouer des relations avec tout son entourage régional », conclut Constantin Pikramenos.
Mais pour autant, Ankara ne serait pas dans une logique d’alignement.
« On ne peut pas parler de partenariat, c’est une coopération à la carte, disons. Il ne faut pas oublier que des bureaux du Hamas sont présents en Turquie et sont sous la protection du MIT », précise l’expert en intelligence économique.

Erdogan joue donc sur plusieurs tableaux. D’autant plus que le MIT collabore régulièrement avec ses homologues iraniens du Vevak, le ministère iranien du Renseignement, sur les questions kurdes notamment. Les héritiers des anciens empires ottoman et safavide partagent une frontière commune de 560 kilomètres. Malgré les sanctions américaines qui impactent les exportations iraniennes, Ankara et Téhéran ont mis en place une sorte de troc: gaz contre produits manufacturés, et ce, depuis un accord de 1996.

Décidément, le sultan d’Ankara a plus d’une bille dans son sac.

Jforum avec Sputnik France,

Pavillon turque - Sputnik France, 1920, 14.02.2022© Photo Pixabay / kadirkritik
Le président israélien Isaac Herzog, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 31 janvier 2022. CHRISTOPHER PIKE / REUTERS

 

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