SPIEGEL: le candidat présidentiel républicain Mike Huckabee a récemment déclaré que l’accord nucléaire avec l’Iran renverrait les Israéliens ‘aux portes des fours’. Êtes-vous d’accord avec ce genre d’expression ?

Yaalon: notre différend avec la Maison Blanche en ce qui concerne l’accord avec l’Iran est suffisamment mauvais sans avoir à recourir à ce genre d’expression.

SPIEGEL: Vous êtes parmi les critiques les plus sévères de cet accord. Pourquoi?

Yaalon: Dès le début, nous avons soutenu une stratégie aurait pu mettre le régime iranien face à un dilemme très clair: avoir une bombe nucléaire ou survivre en tant que régime. Cette stratégie consiste à l’isolement politique du régime et à des sanctions économiques paralysantes, qui ont effectivement commencé à sérieusement  produire leur effet en 2012. Nous croyons que le fait d’exercer une pression économique sur ce régime aurait pu générer une résistance interne à son développement nucléaire. Le dernier élément de la stratégie reste une option militaire crédible: Si vous ne respectez pas la résolution des Nations Unies, alors vous allez être attaqué. En 2013, le guide suprême Ali Khamenei s’est retrouvé face à ce genre de dilemme. Il a décidé de survivre et de se réengager des négociations avec le «Grand Satan» l’Amérique. Il a appelé cela boire une coupe empoisonnée.

SPIEGEL: Si ce sont les sanctions qui ont finalement ramené l’Iran à la table des négociations, alors n’était-ce pas positif que de saisir cette opportunité?

Yaalon: La façon dont les négociations ont été gérées par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne sont une erreur historique. Maintenant, nous avons un accord qui va permettre à l’Iran de devenir un ‘Etat militaire du seuil’ (nucléaire)Dans une dizaine d’années, ils seront autorisés à enrichir de l’uranium sans aucune restriction. Dans quelques mois, lorsque l’accord sera mis en œuvre, l’Iran aura accès à 100 milliards de dollars de fonds gelés, et en plus d’avoir de l’argent pour réhabiliter l’économie, ils auront aussi de l’argent pour « exporter la révolution ». Les Iraniens vont fournir un soutien financier à des organisations comme le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique palestinien ainsi que les Houthis au Yémen et les chiites en Arabie saoudite et Bahreïn. Ils vont intensifier leurs activités et améliorer leur infrastructure terroriste. Et que dire des missiles qui peuvent atteindre tout Israël et certaines parties de l’Europe? Ils ne font pas partie de la transaction.

SPIEGEL: Mais comme une conséquence de l’accord, il est aussi possible que l’Iran puisse jouer un rôle constructif dans la lutte contre l’État islamique.

Yaalon: Ce pourrait être le seul rôle constructif en ce qui concerne l’Iran. Dans tous les autres conflits dans la région, vous trouverez les Iraniens engagés du mauvais côté que ce soit en Syrie, au Yémen ou dans la bande de GazaC’est un régime messianique apocalyptique qui a pour but de créer un empire chiite.

SPIEGELSelon votre évaluation, les négociateurs occidentaux étaient naïfs ou les Iraniens tout simplement plus intelligent?

Yaalon: Je crois que de nombreux chercheurs en histoire se pencheront sur cette question. Mon sentiment profond est que les dirigeants politiques de l’Ouest préfèrent remettre le problème à plus tard, pour une année ultérieure ou un prochain mandat. Il y a eu des moments dans l’histoire où les gens croyaient que la réconciliation pourrait apporter une solution, mais à la fin nous avons eu à en payer le prix fort. Tel est le cas avec l’Iran aujourd’hui.

SPIEGEL: Mais l’affaire pourrait également augmenter les chances d’enclencher un processus de réformes politiques à Téhéran.

Yaalon: Sans pression, ce régime sait très bien comment faire taire les velléités des réformateurs. Ils utilisent encore des grues pour les pendre sur les marchés. Il ne va pas y avoir de printemps iranien. Et vous pouvez oublier McDonald à Téhéran.

SPIEGEL: Vous attendez-vous à une course aux armements nucléaires dans la région?

Yaalon: Suite à l’accord avec l’Iran, des pays comme l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie prétendent qu’ils vont le faire. Mais nous espérons que la communauté internationale s’y opposera.

SPIEGEL: Considérez-vous que les pays qui ont négocié l’accord devront être tenus pour responsables des conséquences que cela aura?

Yaalon: Bien sûr. Si ils sont responsables de l’accord, ils auront également à examiner et à prendre en compte ses résultats.

SPIEGEL: Si votre armée ou chefs militaires venaient  vous informer la semaine prochaine ou l’année prochaine que l’Iran a violé les termes de l’accord et réactivé son programme nucléaire militaire, recommanderiez-vous des frappes aériennes contre les installations nucléaires?

Yaalon: Dans un tel cas, nous aurions à en discuter. En fait c’est très simple. D’une façon ou une autre, les ambitions nucléaires militaires iraniennes doivent être stoppées. Nous ne pouvons en aucun cas tolérer un Iran doté d’armes nucléaires. Nous préférons pour que cela se fasse grâce à un accord ou à des sanctions, mais à la fin, Israël devra être en mesure de se défendre.

 SPIEGEL: Donc, nous verrons d’autres décès de scientifiques nucléaires iraniens et d’autres attaques de logiciels malveillants et de sabotages des réseaux informatiques iraniens?

Yaalon: Nous sommes prêts à nous défendre. Je ne suis pas responsable de la vie des scientifiques iraniens

Ronen Bergman and Holger Stark – Der Spiegel – adaptation JForum

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