Inauguration par ManuelValls de la centrale solaire de Zmorot construite et opérée par EDF-Energies nouvelles, en présence d’Avi Gabbay, ministre israélien de l’Environnement et de Yuval Steinitz, ministre israélien de l’Energie.

EDF Energies Nouvelles a inauguré en avril dernier cinq centrales solaires dans le désert du Néguev. IsraelValley a rencontré le Directeur général de cette filiale d’EDF pour en savoir plus sur l’entreprise et la situation des énergies renouvelables en Israël.

Question : EDF Energies Nouvelles (EDF EN) a déjà des activités dans une vingtaine de pays. Pourquoi l’entreprise a-t-elle choisi de s’installer en Israël ?

Ayalon Vaniche : Les pays sont analysés en fonction de leur potentiel, notamment dans la durée. En Israël, le potentiel solaire est évident. L’éolien, qui, à ce jour, est la principale activité d’EDF EN est cependant moins accessible.

En 2009, le gouvernement israélien a décidé de développer l’usage des énergies nouvelles, à l’image de ce qui avait été lancé au début des années 2000 dans les pays de l’OCDE. Le pays a un certain retard par rapport au développement des énergies dites « propres » en Europe et aux accords de Kyoto. Une avance existe cependant par rapport aux pays asiatiques qui démarrent leurs investissements dans ces énergies.

Le gouvernement israélien a donc proposé des aides pour encourager les énergies renouvelables et EDF EN a créé sa filiale en 2011.

EDF EN est un groupe très développé. Ainsi, même si EDF EN Israël construit près de 40% de la puissance installée dans le pays en termes d’énergies renouvelables, son parc actuel d’onze centrales solaires ne représenteront en 2016 qu’à peu près 1% des installations d’EDF EN dans le monde. Néanmoins, les activités de la société en Israël suscitent beaucoup d’enthousiasme.

Q : Quels sont les atouts d’Israël ?

A.V : Israël est tout d’abord un pays organisé, avec une réglementation et un système financier ne présentant pas de risque particulier. Israël a un potentiel évident en matière de radiations, le soleil y est fort, sans beaucoup de nuages.

La demande en électricité croît et n’est pas satisfaite. En effet, le pays arrive parfois à saturation des moyens de production, surtout en été, à midi, lorsque la climatisation tourne à plein régime. Il arrive parfois que l’électricité soit coupée dans certaines régions pour préserver les hôpitaux, l’armée et les secteurs stratégiques.

Le pays a donc besoin de centrales supplémentaires, qu’elles soient conventionnelles ou renouvelables. Jusqu’en 2012, plus de 99% de sa production électrique provenait du charbon, du pétrole et du gaz. Ni production hydraulique. Ni nucléaire. Seulement des énergies polluantes.

Ce sont également pour des raisons de statut international qu’Israël s’est fixé comme objectif d’avoir une production électrique provenant à 10% d’énergies renouvelables.

Israël ne peut pas compter sur les pays voisins pour son approvisionnement en combustibles fossiles. L’importation, depuis l’Afrique du Sud, le Mexique, etc, coûte très cher, et est extrêmement polluante. Par souci d’indépendance, Israël doit développer une production électrique à base d’énergies renouvelables.

La découverte des gisements de gaz offshore va évidemment venir soulager le portefeuille israélien et renforcer l’indépendance du pays.

Q : Comment un groupe de la taille d’EDF s’adapte-il aux spécificités de la culture entrepreneuriale israélienne?EDF EN Israël, est-ce l’exportation d’un modèle à la française ?

A.V : EDF EN Israël a beau avoir un directeur général français, elle n’en reste pas moins une entreprise israélienne. La langue de travail est l’hébreu et les sous-traitants sont locaux. Peu de gens sont en contact avec le siège en France.

Les panneaux solaires sont cependant fabriqués en France et du matériel vient d’Europe. La manière de travailler en Israël est différente. Mais nous ne sommes pas désorientés. Il est agréable de travailler dans une ambiance plus détendue qu’en France. Nous gardons bien sûr les valeurs du groupe français duquel nous sommes issus : nos standards d’hygiène et de sécurité de travail sont ainsi au-dessus de la réglementation israélienne. Les exigences du groupe sont plus rigoureuses que celles que nos concurrents appliquent. Notre façon de travailler est plus stricte mais nos interlocuteurs la respectent. Notre développement n’en a pas été freiné.

Q : Etes-vous en relation étroite avec les pouvoirs publics israéliens ?

A.V : EDF EN Israël est en constant contact avec l’Autorité de régulation de l’électricité, qui est une autorité indépendante du Ministère de l’Energie. Les terrains sur lesquels sont installées les centrales solaires font en moyenne 160.000 m2. Ils appartiennent généralement à des kibboutz qui les « sous-louent » à l’entreprise. Ce sont ainsi plus de deux millions de m2 de terrain (représentant onze centrales solaires) qui sont occupés par les centrales EDF EN dans le désert israélien, ce qui nous met en contact permanent avec les collectivités locales.

Q : EDF EN Israël a-t-elle un département de recherche-développement ?

A.V : EDF EN Israël ne fait pas de recherche-développement. Pour les centrales que l’entreprise installe, nous avons besoin de panneaux solaires industriels, fiables, qui ont fait leurs preuves. En effet, pour citer quelques chiffres, les centrales installées par EDF EN réunissent plus de 650.000 panneaux de 1.6 M2 chacun. Ce sont donc de grandes quantités que nous utilisons et nous devons être certains de leur efficacité dans la durée, sur 20 ans de production.

Nous suivons cependant les travaux des start-ups et réservons des espaces à des essais en matière de nouvelles technologies solaires.

Q : La population israélienne est-elle sensible aux enjeux énergétiques ? Adopte-elle des mesures de réduction de sa consommation électrique ?

A.V : La population est avant tout consciente des efforts à faire en matière de consommation d’eau. Les enfants apprennent très tôt l’importance de préserver les ressources hydriques.

Q : La réglementation est-elle favorable à l’usage de l’énergie solaire ?

A.V : 95% de la production d’eau chaude en Israël se fait via des panneaux solaires installés sur les toits des maisons. Le pays en est entièrement équipé depuis les années 60. Ce système est obligatoire et fonctionne toute l’année.

En ce qui concerne la production électrique des foyers, elle est encore très réduite. Il y a quelques années, le gouvernement incitait les foyers à revendre les excédents d’électricité qu’ils auraient pu produire chez eux (sur leurs toits).

Cependant, il n’existe plus d’aide aujourd’hui. Le développement de l’énergie solaire se fait désormais par des centrales photovoltaïques industrielles comme les nôtres.

En été, au moment des informations, la radio publique donne le pourcentage d’utilisation du réseau électrique, et prévient la population des possibilités de coupure de courant (prévisions faites notamment en fonction de la température).

Il existe même une application sur smartphone qui montre les mégawatts disponibles à l’échelle nationale, l’électricité utilisée et la quantité en réserve.
De plus, les factures d’électricité des foyers israéliens sont précises et détaillées grâce à des graphiques. Les particuliers voient leur consommation mois par mois. Certains dispositifs financiers les incitent à réduire leur consommation d’énergie.

Une population sensibilisée aux enjeux énergétiques est bien sûr un élément important mais les collectivités locales et les pouvoirs publics sont la priorité car ce sont les preneurs de décision.

Tout le monde comprend que les énergies renouvelables sont un sujet d’avenir, qu’on touche à un changement dans la gestion de l’environnement. D’ici quelques années, les habitudes de consommation auront changé.

IsraëlValley

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