Hommage à Robert Badinter : persona non grata, LFI confirme sa présence, contrairement au RN
Par Louis Hausalter et Paul Laubacher
INFO LE FIGARO – Conformément au souhait exprimé par la veuve de l’ancien garde des Sceaux, LFI et RN se sont vu signifier qu’ils n’étaient pas les bienvenus à la cérémonie prévue mercredi. À la différence du parti de Marine Le Pen, les mélenchonistes s’y rendront.
Ils ne sont pas les bienvenus. Conformément à une demande de la famille de Robert Badinter, l’Élysée a fait savoir au Rassemblement national et à La France insoumise que leur présence n’était pas souhaitée à l’hommage national prévu mercredi, Place Vendôme, à Paris. Selon les informations du Figaro, recueillies de sources concordantes, cette exigence aurait été fermement formulée par la philosophe Élisabeth Badinter, veuve de l’ancien garde des Sceaux qui porta l’abolition de la peine de mort.
Dans la mesure où il a été officiellement décidé de convier les présidents des groupes de l’Assemblée nationale, la nationaliste Marine Le Pen (RN) et la mélenchoniste Mathilde Panot (LFI) devraient, pour des raisons de protocole, recevoir une invitation ès qualités. Le groupe de gauche radicale a prévenu qu’il y serait représenté par les députés Caroline Fiat et Éric Coquerel contre la volonté de la famille du défunt. «Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités et nous y serons représentés», précise un communiqué.
Badinter : un hommage national dont sont exclus une partie des Français n'est plus un hommage national. La République est une et indivisible.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) February 13, 2024
On pouvait ne pas partager tous les combats de Robert Badinter, mais cet homme de convictions, fut incontestablement une figure marquante du paysage intellectuel et juridique. J’adresse mes condoléances à son épouse et à sa famille.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 9, 2024
Selon nos informations, Marine Le Pen entend pour sa part se plier au souhait exprimé par la famille, en ne se rendant pas à la cérémonie. «Notre ligne n’a pas varié : nous respectons toujours la volonté des proches des défunts», explique l’un de ses proches. Avec, en arrière-plan, la volonté de poursuivre l’institutionnalisation du parti, en ne cédant pas à la polémique dans ce type de moments si particuliers.
Un hommage en deux temps de Mélenchon
C’est d’ailleurs dans cet esprit que la double-finaliste de la présidentielle a choisi ses mots pour saluer la mémoire du feu socialiste, féroce adversaire du Front national de son père. «On pouvait ne pas partager tous les combats de Robert Badinter, mais cet homme de convictions, fut incontestablement une figure marquante du paysage intellectuel et juridique», a écrit la nationaliste sur le réseau social X (ex-Twitter), à l’annonce de sa disparition.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui rendu un hommage en deux temps à cet ancien camarade, qu’il avait côtoyé dans les rangs du PS. «J’ai tellement admiré Robert Badinter», a-t-il d’abord relevé sur X, en qualifiant son ex-collègue du Sénat de «tout simplement lumineux». Puis le triple candidat à la présidentielle s’est ensuite fendu d’un texte fleuve dans L’Obs , lundi, pour louer un homme qui «se tenait en permanence à l’altitude de l’idéal».
Deuxième hommage national en moins de deux semaines
Deuxième hommage national en moins de deux semaines, cet au revoir à Robert Badinter n’échappe donc pas, dans son organisation, au contexte politique actuel. Comme cela avait d’ailleurs déjà été le cas de la récente cérémonie pour les victimes françaises du Hamas. Plusieurs familles avaient en effet écrit à Emmanuel Macron pour lui demander d’y interdire la présence des mélenchonistes, en raison de leur refus de reconnaître le caractère «terroriste» des attentats du 7-Octobre.
En réponse, l’Élysée s’était retranché derrière un décret de 1989 fixant l’ordre de préséance pour les cérémonies publiques, et avait fini par adresser des invitations à La France Insoumise. Plusieurs représentants du parti s’étaient dès lors rendus à l’hommage, dont le chef du mouvement, Manuel Bompard, et la patronne des députés, Mathilde Panot. Du côté du RN, Marine Le Pen et Jordan Bardella étaient notamment présents.
JForum.fr avec www.lefigaro.fr
Un portrait de Robert Badinter placé au ministère de la Justice en hommage à l’ancien garde des Sceaux, le 9 février 2024 à Paris – GEOFFROY VAN DER HASSELT © 2019 AFP
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