La polémique autour de la participation du grand rabbin de France à la cérémonie de Hanoukka à l’Élysée

Le jeudi soir, une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux a suscité une polémique, montrant le grand rabbin de France, Haïm Korsia, allumant la première bougie de Hanouka à l’Élysée en présence du président Emmanuel Macron. La scène s’est déroulée lors de la cérémonie de la Conférence européenne des rabbins (CER), provoquant des réactions diverses, notamment des critiques sur le respect du principe de laïcité.

Lors d’une visite sur le chantier de Notre-Dame le lendemain matin, Emmanuel Macron a défendu sa position, soulignant qu’être respectueux de la laïcité ne signifie pas l’effacement des religions. Il a rappelé que la laïcité garantit le droit de croire ou de ne pas croire, tout en exigeant le respect des lois de la République. Le président a également reçu le prix annuel de la CER lors de cet événement, soulignant son engagement contre l’antisémitisme et pour la préservation des libertés religieuses.

Les réactions politiques divergent, avec des opinions partagées sur la pertinence de cette cérémonie à l’Élysée. Certains estiment que cela constitue une violation du principe de laïcité, soulignant que le lieu présidentiel ne devrait pas accueillir des actes religieux. À l’inverse, d’autres voix voient dans cet événement un signal de soutien face à la montée de l’antisémitisme et une protection des libertés religieuses.

Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif) a reconnu une « erreur » dans cette situation, soulignant que l’Élysée n’est pas le lieu approprié pour des cérémonies religieuses. Cependant, le grand rabbin Haïm Korsia a minimisé les critiques du Crif, soulignant que ses propos ne valent pas « parole d’évangile ».

Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre, et la question du respect de la laïcité a été mise en avant à deux jours du 118e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Certains élus considèrent que cette participation à une cérémonie religieuse à l’Élysée est inacceptable, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’une reconnaissance et d’un soutien aux pratiques religieuses.

La polémique reste vive, illustrant les nuances et les divergences de vue sur la place de la religion dans l’espace public et politique en France. Cette controverse soulève également des questions plus larges sur la façon dont la laïcité doit être interprétée et respectée dans un contexte de diversité religieuse croissante.

Au sein de la communauté, on pourrait se poser la question de la pertinence de la réaction du CRIF. Est-ce le moment opportun et adéquat, en public qui plus est, de critiquer l’action du Grand Rabbin de France et, par extension, le Consistoire central ? Les divergences et les rivalités entre ces deux institutions sont bien connues. Est-ce que la réaction du CRIF traduit son mécontentement de ne pas avoir été présent à la cérémonie à l’Élysée, ou bien cherche-t-il à tirer profit de la situation pour exprimer des critiques envers le consistoire ?

La question ne se pose pas en ces termes.

Si l’on pose une mauvaise question, on obtient une piètre réponse.

La réalité est qu’il y a une trop grande appétence de certains dirigeants communautaire à une proximité avec le pouvoir pour en tirer un sentiment d’honneur. Certains qui se disent être des serviteurs de la communauté sont prêts à tout pour des relations personnelles avec le pouvoir, espérant des postes comme au Conseil économique et social où siège M. Mergui , l’Académie des sciences morales et politiques où siège le grand rabbin de France, et des postes de conseillers divers, sans compter des distinctions souvent indues.

C’est dans le cadre de cette soif de proximité excessive qu’il a été commis cette faute politique. Nos dirigeants – qui ne dirigent pas grand-chose puisqu’on ne les voit jamais dans les communautés — auraient dû réfléchir aux modalités de la chose. Si Monsieur Macron était venu recevoir son prix lors d’une cérémonie à la Victoire (par exemple) et que dans le cadre de la fête de Hanoukka, il assiste à l’allumage des bougies, il n’y aurait pas eu détournement des lieux de la République pour l’exercice d’un culte, car c’est là la faute. Que l’on sache aucun président ou Premier ministre n’a été critiqué pour sa présence à une cérémonie dans une grande synagogue.

L’autre question que l’on doit se poser est : « est-ce que cette proximité avec le pouvoir a porté ses fruits ? »

NON. Nous pouvons tous constater l’immense échec de ces relations superficielles qui se traduisent par un accroissement jamais connu de l’antisémitisme en France et où la justice n’a jamais été aussi clémente avec les antisémites. À quoi sert donc cette proximité avec les politiques, si le résultat est qu’il faille retirer la mezouza de sa porte, la kippa de sur sa tête, la maguen David de son cou ?

Cela sert à flatter quelques-uns au détriment de tous les autres.

Quant à la cérémonie en souvenir des victimes juives françaises du 7 octobre 2023 qui est mendiée à cor et à cri, elle fera de la communauté une victime en dignité, suppliante à genoux d’un événement qui finalement arrivera trop tard. Comme a dit l’Ecclésiaste (chapitre III) : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher. Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire, et un temps pour construire. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser. ». Il faut rappeler cela à des juifs.

Tant qu’on y est, rappelons cet autre enseignement à nos dirigeants responsables du culte, que l’on voit plus à l’Élysée que dans nos communautés : « Ne recherche pas la grandeur pour toi-même et ne convoite pas les honneurs ; agis plus que tu n’as étudié et n’aspire pas à la table des rois, car ta table surpasse la leur et ta couronne surpasse la leur ; et fiable est ton Employeur qui te paiera le salaire de ton travail. » Pirkei Avot Chapitre VI – Michna 5.

Enfin pour clore le chapitre sur Monsieur Macron, grand ami des Juifs, puisqu’il a reçu, paraît-il, un prix en ce sens, rappelons la phrase de Golda Meir «  Je préfère vos condamnations, à vos condoléances ». Il passe son temps à condamner Israël et, sans rien comprendre aux enjeux, fait parfois le jeu du Hamas, en réclamant un cessez-le-feu pour que justice ne soit pas faite. « Que Dieu s’occupe de mes amis, je m’occupe de mes ennemis » a dit le Roi David.

C’est bien là le fond du problème.

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4 Commentaires
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Charles DALGER

A d’autres moments, une telle célébration aurait plu à tous les Juifs, sans arrière pensée. Mais la situation présente est pleine de tensions. Et surtout, au prétexte de laïcité, le pouvoir fait du zèle contre les symboles, comme par exemple les crèches, de la religion chrétienne, historiquement liée au pays. Ce geste, à priori amical, s’avère un piège. Piège dans lequel est tombé une nouvelle fois le GRF. Ainsi, la prochaine fois, l’Elysée célèbrera une fête musulmane, officialisant l’importance inadmissible, de l’islam en France.

Daniel

Bien dit!

Chesnel

La laïcité a bon dos. Ce n’est pas une question de laïcité mais de politique (impact sur l’antisémitisme comme l’explique bien Ohana). Mais pourquoi le président du CRIF exprime-t-il le besoin d’ouvrir sa grande bouche plutôt que de régler son linge sale en famille avec le Consistoire et le GRF ?

OHANA

Maladroit, inutile, dangereux voire obscène. Dans le contexte d’antisémitisme devenu omniprésent dans la société française, est-il utile de souffler sur les braises en exposant l’allumage d’une bougie à l’Elysée, lieu symbolique de la laïcité républicaine. Nul besoin d’être d’une autre confession pour être choqué. Nombreux sont les juifs qui le sont aussi par l’exposition de ce moment intime et religieux qui n’a sa place que dans un foyer ou un lieu de culte. Pourquoi se comporter en pyromane? L’objectif est-il d’allumer un autre incendie? C’est en tous cas la conséquence de ce geste irresponsable d’un président qui a perdu sa boussole et d’un rabbin qui a raté une occasion d’étudier ses livres sacrés. Une maladresse qui laissera des traces…