Executive Producer and Host of NBC Network's "The Celebrity Apprentice," Donald Trump poses for a portrait, on Tuesday, Feb. 26, 2013 in New York. (Photo by Dan Hallman/Invision/AP)

À moins d’une balle dans la tête ou d’un scandale irréparable, Trump est parti pour gagner l’élection présidentielle. Le 26 mai, l’Associated Press le confirme : il a maintenant en poche le nombre de délégués nécessaires à son investiture officielle, avant même les primaires du 7 juin (Californie, New Jersey, Dakota du Sud, Montana) où plus de 300 délégués supplémentaires sont en jeu.

En parallèle, vive remontée dans les sondages, qui le placent désormais en tête ou au coude-à-coude avec Hillary Clinton, laquelle est toujours empêtrée avec un Sanders qui espère – ce n’est plus un mystère – l’inculpation de l’ancienne secrétaire d’État dans « l’affaire du serveur ».

Comme Cyrano, Trump a, en effet, un « système ».

D’abord, le « Je vous ai compris » qui tourne autour des « trois catastrophes » américaines, inconnues des médias il y a encore un an : échec des frontières ouvertes à tous vents, échec de la mondialisation, échec des changements de régime à l’étranger. Ces catastrophes sont vues par Trump sous l’angle concret de l’économie : elles détruisent les industries, les finances publiques et l’emploi. Puis vient l’angle social : l’élite est gagnante, les classes moyennes et ouvrières sont perdantes. Les anciens combattants aussi. Suit l’approche-compétence : les élites ont beau plastronner à la télévision, elles se font rouler par les intérêts étrangers… et vous ignorent. Il faut donc les remplacer avant que nous tombions tous en faillite.

Ensuite, le concret, non idéologique : Trump présente l’immigration illégale comme cause de la baisse des salaires, comme source de criminalité et de terrorisme. Pas comme un « Grand Remplacement ». Indirectement, il assène : « Quand on n’a pas de frontières, on n’a pas de pays… a-t-on un pays ou pas ? » Il ne parle jamais des oligarchies mondiales et, le 25 mai, ramène la discussion à l’essentiel, prenant pour cible sa Némésis, le puissant néocon Bill Kristol : « Il veut la guerre en Irak. Ce type, tout ce qu’il veut, c’est partir en guerre et tuer des gens, même s’il sait que cela ne marche pas. »

Puis, la dialectique : il soumet par exemple l’islam au test de la haine, insistant à moult reprises : « Pourquoi tant de haine à notre égard ? Il faut qu’on aille au bout de cette question. » Et répétant qu’il est légitime de savoir si les musulmans soutiennent le terrorisme, activement comme passivement, ou non. Il n’en fait cependant pas un sujet de guerre religieuse mais davantage une question de politique internationale (les financements des mosquées salafistes par les Saoudiens).

Enfin, la politique, maniant le bouclier comme le glaive : côté bouclier, il a des propositions simples pour traiter des angoisses collectives (le mur, la renégociation des accords de libre-échange, une armée forte) ; côté glaive, il alimente les espérances de prospérité avec un petit nombre de grands programmes (fiscalité, affaires étrangères, énergie). Et tous de se réveiller en découvrant qu’il a, en fait, une vision présidentielle cohérente, dont tout le monde se souvient : “America First!”

Trump est ainsi parvenu à neutraliser le politiquement correct en utilisant une dialectique marxiste au service d’un objectif nationaliste, pivotant sans cesse, brouillant les cartes par la vulgarité de son ton, déployant des techniques de guérilla qui lui ramèneront en novembre une partie du vote hispanophone, afro-américain… et musulman ! Sans oublier les électeurs de Sanders…

consultant stratégique

Bld Voltaire

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Pilou

Avec Donald Trump, fini le bavardage politique pour endormir la population.

Il dit ce que la population veut entendre, discourt sans faux-fuyant, dans une réalité étatique du moment.

Son adversaire pour la Maison Blanche, a qu’à se bien tenir car ça risque de brasser politiquement.