Theodor Herzl in Basel, 1897

Un article de Yaakov Hagoel, président de l’Organisation sioniste mondiale et président par intérim de l’Agence juive.

Si Benjamin Ze’ev Herzl était vivant aujourd’hui, on ne peut que spéculer sur la façon dont il aurait été perçu par le public. Sur les réseaux sociaux, on lui aurait collé des étiquettes désobligeantes tels que « déni de réalité » et peut-être même « délire ». Herzl est décédé le 20 Tamouz, 3 juillet, 1904.

Cela semble tiré par les cheveux ? Détrompez-vous. A la fin du XIXe siècle, une partie importante du peuple juif vit en Europe depuis des centaines d’années. Des communautés fortes, de nombreux juifs occupent des postes clés. Les braises murmurantes de l’antisémitisme éclatent de temps à autre en un brasier d’émeutes et de pogroms. La situation des Juifs de l’Est est plus difficile que celle des Juifs vivant dans la région allemande. Hitler l’oppresseur des Juifs n’était pas encore né. L’idée d’établir un État juif sur la Terre d’Israël à cette époque frise la folie.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

En 1882, Herzl avait 22 ans, il y avait environ 8 millions de Juifs dans le monde, dont seulement environ  0,25%, soit  24 000, en Terre d’Israël ! En 1900, le rapport était d’environ 50 000 Juifs en Terre d’Israël, contre plus de 10 millions dans le monde, quasiment la marge d’erreur statistique. La plupart des Juifs réagissent aux idées de Herzl avec indifférence. Ses adversaires viennent du judaïsme orthodoxe (les ultra-orthodoxes) au motif que ses actions retardent la venue du Messie, mais l’opposition  vient aussi des rangs des libéraux qui voient le judaïsme comme une religion et non comme une nation.

L’immigration est forte, mais vers les Etats-Unis

Au même moment, une formidable vague d’immigration juive commence. Entre 1881 et 1924, environ un tiers des Juifs d’Europe de l’Est, soit 2,5 millions de personnes, ont émigré vers les États-Unis. Pensez un instant à Herzl se consacrant à son peuple, cherchant à convaincre des gentilshommes et des chefs d’État, mais, assis au Café Bonina, il lit dans le journal que beaucoup de ses frères préfèrent l’Amérique et non la Terre Sainte. En 1894, Herzl couvre le procès de l’officier juif français Alfred Dreyfus et, voit l’origine de la haine de Dreyfus dans sa judéité. Herzl constate le poids de l’antisémitisme et se rend compte que le peuple juif n’a rien à attendre.

« L’Etat des Juifs » lui vaut beaucoup d’animosité

Deux ans plus tard, en 1896, il publie son livre « L’état des Juifs », dans lequel il expose sa vision. Herzl est loué mais aussi sévèrement critiqué. Les plus venimeuses critiques se trouvent dans la presse germanophone le qualifiant d' »irresponsable ». La leçon que nous enseigne Herzl n’est pas seulement sioniste mais est aussi pédagogique. Quand il y a une grande idée, qui bouscule la tête des sages, brise les vieilles habitudes et les visions du monde fossilisées, il ne faut pas se laisser porter par le flot majoritaire des esprits, mais il faut ne pas avoir peur de ramer à contre-courant.

Herzl a relancé l’idée qui attendait depuis 2000 ans

En 1897, Herzl a convoqué le premier congrès sioniste. « A Bâle, j’ai fondé l’Etat juif » dit Herzl et il a raison. A Bâle, la locomotive qui attendait depuis 2000 ans a été redémarrée. Poussiéreuse mais pleine de vie. Un léger crépitement, un soupir juif déchirant, et le train du peuple juif se précipite à nouveau. Mais avant d’atteindre la destination souhaitée, le train s’arrête à plusieurs arrêts spectaculaires. En 1917, elle s’arrête à la déclaration Balfour, puis en 1920 à la conférence de San Remo. Entre 1939 et 1945, elle n’avait pas de moteurs, la plupart de ses passagers périrent dans la Shoah, mais malgré cela elle ne dérailla pas. Seulement trois ans plus tard, en 1948, David Ben Gourion l’attend sur le quai et annonce la création de l’État juif, l’État d’Israël. Herzl n’a pas pu assister à l’arrivée. Nous avons gagné.

JForum – Maariv

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Avraham

Pourquoi ne pas dévoiler aussi qu’il recommandait à tous les Juifs de se convertir au Christianisme pour « résoudre » le problème antisémite ?! C’est écrit dans son journal personnel. Aujourd’hui il n’a plus de descendance Juive…
Il voulait créer un état européen, mais avec des Juifs européanisés, Juifs ou pas était un détail pratique, or il était plus pratique d’abandonner ce genre de « détails ».
On a trop idéalisé son personnage, certains en ont presque fait un prophète…
Dire la vérité est une fidélité à l’histoire et à la vérité.