Les producteurs pétroliers se séparent peu à peu du dollar
A l’époque, en échange d’une aide militaire et d’une série de concessions, les États-Unis ont réussi à s’entendre sur le passage au commerce pétrolier en dollars d’abord avec l’Arabie saoudite, puis avec les autres membres de l’Opep.
Le développement des marchés spot et le lancement de contrats à terme pour le pétrole brut à New York ont renforcé les positions de la monnaie américaine, et le pétrodollar est devenu une base solide de l’économie américaine, écrit jeudi le site d’information Gazeta.ru.
Mais cette situation était loin de satisfaire tout le monde. En 2007 déjà, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait appelé les pays de l’Opep à renoncer aux opérations en dollars en qualifiant la monnaie américaine de «bout de papier sans valeur». En 2009, Cuba, la Bolivie, le Venezuela, le Honduras, le Nicaragua et l’Équateur ont renoncé aux opérations en dollars.
Des tentatives de dédollarisation dans les transactions pétrolières ont été entreprises en Libye, en Égypte et en Tunisie, ainsi que par les grandes compagnies pétrolières russes (Transneft, Gazprom neft, Rosneft, Zaroubejneft), rappelle Ekaterina Kolbikova, analyste chez VYGON Consulting.
L’un des principaux combattants contre la domination du pétrodollar est l’Iran. Sur fond de rhétorique exacerbée du président américain Donald Trump vis-à-vis de Téhéran et de menaces de rétablir les sanctions américaines, les autorités iraniennes ont annoncé l’abandon total du dollar mi-avril.
«Tous les ministères, les organisations publiques et les entreprises doivent utiliser l’euro comme monnaie principale dans les opérations et les publications des statistiques, des informations et des données financières (lors des transactions étrangères)», stipule le communiqué officiel du gouvernement iranien.
D’autres pays ont déjà rejoint le mouvement. Début avril, le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak a déclaré aux journalistes que Moscou songeait à l’éventualité de recourir aux devises nationales dans ses transactions pétrolières avec Ankara et Téhéran.
Fin mars, la Chine a lancé des ventes de contrats pétroliers à terme en yuans à la bourse énergétique internationale de Shanghai. Et les perspectives de la Chine sont sérieuses. Ces trois dernières années, la consommation du pétrole dans ce pays a augmenté en moyenne de 5% par an — la moyenne mondiale étant de 1,7%. Actuellement, la Chine représente près d’un quart de la croissance de la demande pétrolière dans le monde. En 2017, Pékin a importé 420 millions de tonnes de pétrole.
Les experts n’excluent pas que sur ce fond, les vendeurs pétroliers chinois puissent passer aux paiements en yuans. L’Arabie saoudite pourrait le faire partiellement, par exemple.
Cela se fera progressivement, en maintenant les paiements en dollars tout en augmentant parallèlement la part du commerce dans d’autres devises.
Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.
Débats sur le seigneuriage
La question reste vivace pour la monnaie de crédit créée par les banques (depuis l’émission de monnaie fiduciaire par la Banque d’Angleterre aux xviiie siècle).
David Ricardo écrit dans ses Principes d’économie politique : « Dans le cas de la création monétaire, l’avantage serait toujours pour ceux qui émettraient la monnaie de crédit ; et comme le gouvernement représente la nation, la nation aurait épargné l’impôt, si elle, et non la banque, avait fait elle-même l’émission de cette monnaie… Le public aurait un intérêt direct à ce que ce fût l’État, et non une compagnie de marchands ou de banquiers, qui fît cette émission ».