François Hollande. Photo © UGO AMEZ/SIPA
L’ancien président de la République, qui a reçu ce mardi matin plusieurs familles de djihadistes français, souhaite également que les mères avec enfants acceptant de revenir d’Irak ou de Syrie soient rapatriées et jugées.
Ce mardi matin, l’ancien président de la République, qui revendique « un droit de suite » après avoir lancé l’intervention militaire française contre Daech du temps où il présidait aux destinées du pays, recevait plusieurs familles de djihadistes français, accompagnées des avocats Marie Dosé et Henri Leclerc.
Des familles mobilisées pour obtenir le rapatriement de tous les enfants qui se trouvent sur zone dans des conditions sanitaires déplorables, mais aussi de leurs mères.
« Les soins ne sont pas adaptés. Les enfants souffrent de maladie et de malnutrition. Nous sommes arrivés à un point de rupture », expose d’emblée Me Dosé en demandant à l’ancien chef de l’État de « ne pas avoir peur de l’opinion publique ».
« C’est une course contre la mort », appuie Véronique Roy du collectif Familles unies.
À l’issue de cette réunion de près d’une heure, l’ancien hôte de l’Élysée a en partie répondu aux attentes de ceux qu’il reçoit.
Il s’est notamment déclaré favorable au retour des mères -et de leurs enfants- qui accepteraient de revenir en France pour y être jugées.
Sentiment d’avoir été «écouté et entendu»
Pour François Hollande, qui pose comme première exigence le lancement d’un recensement précis de la situation sur place, le retour des orphelins doit s’effectuer « le plus rapidement possible ». « Ils n’ont rien à faire là-bas », insiste-t-il.
C’est également la position officielle du gouvernement. Mais, même si plusieurs orphelins ont été rapatriés ces derniers jours, il en existe encore de nombreux dans les différents camps gérés par les Kurdes.
« Ma fille est partie en Syrie avec son compagnon en 2014. Sur place, elle a donné naissance à deux filles, raconte Hervé. Depuis j’ai appris le décès de ma fille, de son mari et d’un de leurs deux enfants. Je sais seulement que la petite a survécu et qu’elle se trouverait à Al-Hol. » « Quelle est sa situation, s’enquiert l’ancien président de la République. Avec qui se trouve-t-elle ? » « C’est une très bonne question. On est train de chercher mais on n’a pas d’informations précises », déplore ce grand-père qui, au sortir de la réunion, avait le sentiment d’avoir été « écouté et entendu ».
Concernant les mères, François Hollande rappelle en préambule qu’elles doivent être jugées sur place si elles sont poursuivies par la justice locale.
Dans les faits, la question ne se pose qu’avec l’Irak (la France a rompu ses relations diplomatiques avec la Syrie de Bachar al-Assad et les Kurdes syriens n’ont ni les structures ni l’intention de juger les djihadistes étrangers). Mais, comme le rappelle Me Leclerc, « c’est en France qu’elles sont judiciarisées ».
Éviter une radicalisation sur place
Hormis le cas d’hypothétiques poursuites sur zone, l’ancien président de la République est favorable à un traitement « au cas par cas » de la situation des mères.
« Certaines ne souhaitent pas rentrer et cela paraît difficile de faire revenir leurs enfants car elles ne voudront pas les lâcher », indique-t-il.
En revanche, il se prononce en faveur du rapatriement de celles qui acceptent de revenir en France, où elles seront toutes jugées.
« Cela permettra à leurs enfants qui n’ont rien fait de rentrer et ainsi d’éviter qu’ils soient radicalisés sur place ou bien, pire, qu’ils ne deviennent des enfants perdus », souligne François Hollande.
La doctrine du cas par cas est officiellement la ligne du gouvernement. Mais, dans les faits, depuis la chute de Daech, aucune femme, même favorable à un retour, n’a jamais été rapatriée. Même si l’ancien chef de l’État ne s’est pas prononcé en faveur du retour immédiat
de tous les enfants et de leurs mères comme les participants à la réunion l’espéraient, les familles ont accueilli avec satisfaction cette inflexion de la position officielle. Avant de leur donner congé, il a d’ailleurs espéré que les familles puissent « dialoguer avec les pouvoirs publics ».
Hollande ferait mieux de se faire oublier.
ROSA