Des Suédois·es déjeunent au restaurant à Stockholm le 21 avril 2020. | Jonathan Nackstrand / AFP
En Suède, le Covid-19 n’a rien changé (ou presque)
Repéré par Bérengère Viennot —
Malgré une forte mortalité dans les maisons de retraite et sans confinement strict, le pays semble dans la moyenne de ses voisins européens en matière de décès liés au virus.
La Suède fait figure de cavalier seul dans une Europe quasi-totalement résignée au confinement obligatoire. Le pays a choisi de ne pas fermer ses frontières. Les écoles, les bureaux, les restaurants, les bibliothèques et les commerces sont restés ouverts malgré la pandémie. Le gouvernement suédois n’a pas décrété l’état d’urgence.
Dans un article publié sur le site libertarien Reason.com, Johan Norberg expose que la Suède est tantôt considérée comme un pays de dingues qui court droit à la catastrophe, tantôt comme une nation avisée dont les habitant·es ont su adopter les bons gestes sans qu’on les y contraigne.
Si les avis divergent tant sur la question, explique-t-il, c’est que le nombre de décès annoncés par chaque pays est une statistique qui ne veut rien dire. Au mieux, elle sert à montrer la mesure de sa capacité à tester les citoyen·nes.
La mortalité, c’est ce que mesurent les tests
Pour qui a envie d’affirmer que la Suède s’en sort très bien il n’y a qu’à montrer des graphiques comparant ses résultats avec ceux de la Grande-Bretagne, la France, l’Espagne ou l’Italie, par exemple. Et si vous voulez prouver le contraire? Remplacez ces pays par la Norvège, le Danemark et la Finlande, qui affichent un taux plus faible de décès.
Présenter la Suède sous un jour sinistre, et affirmer, comme l’a fait Donald Trump, qu’elle «souffre vraiment beaucoup», est aussi simple que de la comparer avec les États-Unis dans leur ensemble: 120 morts pour 1 million d’habitant·es en Suède, contre 94 pour les États-Unis, à en croire le site Our World in Data du 16 avril. Si vous voulez la présenter sous un meilleur jour, prendre les chiffres de New York, à 580 morts pour 1 million d’habitant·es au même stade de l’épidémie, permet de changer l’angle de vue.
On peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres, qui en outre ne reflètent qu’une partie de la réalité de l’épidémie et du taux de mortalité car ils ne prennent pas en compte les personnes asymptomatiques, ni celles qui sont malades sans être signalées.
Comment juger de la gravité de la situation dans chaque pays, et comment savoir si la décision de la Suède de ne pas bloquer son économie était la bonne?
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Un décompte plus précis
Johan Norberg explique qu’en Suède, le nombre de morts par habitant·es se situe dans la moyenne européenne, et ajoute que la plupart des pays ne comptent pas les morts dues au Covid-19 en dehors des hôpitaux. Lorsque les gens meurent chez eux, en maison de retraite ou en prison, ils ne sont pas recensés. Quand la France a commencé à compter les morts des Ehpad, le taux de mortalité officiel a augmenté de près d’un tiers. En Suède, dans la région de Stockholm, 42% des décès se sont produits en maison de retraite et ont été comptabilisés. Dans un certain nombre de pays et d’États américains, ils ne le sont pas.
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