Drapeau nazi à vendre dans un brocante à Bangkok, le 2 mars 2019 / AFP
Namsai, pop-star parmi les plus populaires de Thaïlande, a récemment scandalisé avec son T-shirt arborant un drapeau nazi.
Elle symbolise une jeunesse asiatique parfois attirée par la thématique fasciste, beaucoup moins par sympathie que par manque de références historiques…

Le mois dernier, lors d’une répétition retransmise à la télévision, Pitchayapa Natha, 19 ans, connue sous le nom de Namsai dans le «girls band» BNK48, est montée sur scène vêtue d’un t-shirt avec le drapeau de l’Allemagne nazie.

Face au tollé, l’artiste, qui compte plus de 370.000 abonnés sur Instagram, a rapidement présenté ses excuses, plaidant l’ignorance et assurant avoir pris conscience de la gravité de son geste. «Je promets que cela ne se reproduira plus», a-t-elle assuré.
Alors que l’Europe est en lutte contre une recrudescence de l’antisémitisme, en Asie beaucoup ignorent tout des crimes commis sous le IIIe Reich, ayant souvent comme seule connaissance de la Seconde Guerre mondiale le rôle joué par le Japon.

 

Holocauste dans les livres d’Histoire

En Thaïlande, l’Holocauste figure dans les livres d’Histoire au lycée, mais il n’est développé que dans une «petite partie» des manuels, souligne Chalermchai Phanlert, universitaire au ministère de l’Education.

Et, alors qu’en Occident, la croix gammée est associée au nazisme, en Asie, elle reste un symbole religieux majeur, couramment affiché dans les temples hindous notamment.
La thématique du IIIe Reich est au final souvent utilisée sur le continent pour commercialiser une culture alternative anti-système, d’après des observateurs.
Des badges avec des croix gammées sont en vente sur le marché animé de Chatuchak à Bangkok, tandis qu’un commerçant du quartier touristique de Khao San Road, au cœur de la capitale, propose des T-shirts du Führer, nu en vacances à la plage, pour une poignée de dollars.
Mais, régulièrement, des références banalisées à Hitler font scandale en Thaïlande.
Ces dernières années, des élèves ont défilé en prélude à une compétition sportive en uniformes nazis et des étudiants d’une prestigieuse université de Bangkok ont dessiné une banderole représentant Hitler au milieu de superhéros de bandes dessinées.
Un hôtel proche de la capitale a aussi décoré l’une de ses chambres avec un portrait du Führer.

 

Serveurs en SS en Indonésie

Ces dérives ne sont pas propres au royaume. Un café, où les serveurs avaient revêtu l’uniforme noir des SS, est resté ouvert plusieurs années en Indonésie avant de fermer par manque d’intérêt, tandis qu’un musée indonésien proposait aux visiteurs de se prendre en selfie aux côtés d’une sculpture en cire d’Hitler.

Cet attrait pour la symbolique nazie n’est souvent pas à assimiler à de l’antisémitisme, d’après les experts.
«Cela ne veut pas dire que l’antisémitisme n’existe pas en Asie, mais il s’agit plutôt en réalité de prises de positions anti-israéliennes» à cause du conflit palestinien que d’une haine contre les juifs, estime Elliot Brennan, spécialiste de l’Asie du Sud-Est à l’Institut pour la politique de sécurité et de développement à Stockholm.
Par ailleurs, de nombreux pays asiatiques entretiennent une relation complexe avec leurs dirigeants autoritaires qu’ils perçoivent aussi parfois comme des modernisateurs.
En Asie, Hitler n’est donc pas toujours nécessairement «associé au diable», souligne Tul Israngura Na Ayudhya qui enseigne à l’Université Chulalongkorn l’un des rares cours consacrés à l’Allemagne nazie en Thaïlande.

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