Doha soupçonné de contrebande d’armes aux milices de Tripoli
LE CAIRE – L’intervention de la Turquie en Libye et son recours à des combattants syriens pour combattre l’armée nationale libyenne ont mis en lumière la possibilité d’exploiter les frontières poreuses entre le Darfour septentrional au Soudan et le Tchad avec la Libye et de les utiliser comme voie d’approvisionnement et de soutien pour les milices qui se sont alliées au gouvernement libyen d’accord national.
Ce scénario est devenu clair lorsque des sources de sécurité soudanaises ont annoncé avoir saisi des armes, apparemment destinées à être introduites en contrebande en Libye. Parallèlement à la prise de possession de la cargaison, les Forces soudanaises de soutien rapide (RSF) ont arrêté plusieurs personnes de diverses nationalités, y compris des personnes possédant un passeport turc.
Les médias soudanais ont déclaré que la RSF avait saisi une cargaison d’armes dans le nord du Darfour qui serait en route vers les milices de Tripoli, ce qui pourrait expliquer une récente attaque médiatique qatarie contre RSF. Le Qatar soutient les milices alignées sur le gouvernement d’accord national.
La cargaison appartiendrait à des Qataris qui, en coordination avec des intermédiaires turcs, auraient fait passer des armes en Libye. La cargaison serait la plus importante saisie en cinq ans.
Heba al-Bashbishi, un chercheur sur les affaires africaines, a déclaré que la présence qatarie au Darfour vise principalement à créer de nouvelles routes de contrebande en Afrique après la répression de la contrebande d’armes et de personnes à travers la Méditerranée. Le Soudan, l’Érythrée et le Tchad sont devenus des voies alternatives d’approvisionnement des organisations militantes. Les nouvelles routes seraient largement utilisées dans le cadre de l’intervention turque accrue en Libye.
Bashbishi a déclaré que la route tracée par le gouvernement français pour acheminer l’aide humanitaire au Darfour en 2007, pendant la guerre entre le régime d’Omar el-Béchir et les mouvements armés, était devenue un foyer pour la contrebande d’armes et de personnes parce qu’elle n’est pas surveillée par les forces du gouvernement soudanais.