Emmanuel Macron a décidé de porter plainte contre un photographe pour harcèlement et tentative d’atteinte à la vie privée. Sous la Ve République, les chefs de l’Etat ont entretenu un rapport différent au recours à la justice.
Durant son séjour marseillais, Emmanuel Macron a porté plainte, ce mardi, contre un photographe pour harcèlement et tentative d’atteinte à la vie privée. Il n’est pas, loin de là, le premier président de la Ve République à se tourner vers la justice en tant que plaignant. Chacun d’entre eux a entretenu une conception différente des initiatives judiciaires à prendre, ou non, en tant que chef de l’exécutif.
Un De Gaulle sourcilleux
Le fondateur de la Ve République ne dédaignait pas, lui-même, de soumettre ses griefs aux magistrats. Selon l’article d’Olivier Beaud, Que nous apprennent les archives présidentielles sur la notion d’offense au président de la République ?, Charles De Gaulle a souvent attaqué sous ce qualificatif. L’auteur explique l’emploi massif de l’intitulé d’offense au président de la République « tant en raison de la nouvelle configuration institutionnelle que de la personnalité du général de Gaulle et des circonstances politiques très troublées ». Des soldats mis hors d’eux par la tournure prise par la guerre d’Algérie, ou encore des journalistes ont pu en faire les frais.
Georges Pompidou a lui aussi porté une affaire sous les yeux de la justice durant son passage à l’Elysée. C’était en 1970. Le fabricant de moteurs de bateaux Mercury avait voulu exploiter une photo montrant Georges Pompidou sur un bateau équipé d’un moteur de la marque. Utilisé comme une publicité par la société nautique, le cliché devait s’étaler dans un numéro de l’hebdomadaire L’Express. Mais le magazine sera interdit de publication tant que la réclame n’en aura pas été supprimé. Sur celle-ci, on pouvait lire: « Si nous nous acharnons depuis 10 ans, à gagner toutes les compétitions… c’est pour votre sécurité M. le président! »
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