Covid-19 : vers une fracture sociale accrue

L’ennemi de mon ennemi peut-il être mon ami ?

 

 

Par Gilles Falavigna

Nous sommes en guerre contre le virus covid-19. La formule est largement utilisée, du Président Macron au Président Trump, et elle est naturellement acceptée sur le principe.

La mobilisation générale est proclamée. Chacun fait à sa mesure. Être confiné, c’est participer à la bataille. Tout est question de priorité et vaincre l’ennemi est la priorité. La querelle des moyens est secondaire au regard de la fin.

Il convient, néanmoins, de ne pas se laisser submerger par l’émotion pour faire preuve de raisonnement.

De la guerre : de Clausewitz à Raymond Aron, les plus grands stratèges conviennent que la guerre est le prolongement de la diplomatie par d’autres moyens. D’une manière générale, il s’agit d’une situation de non-choix. En cela, nous sommes effectivement en guerre.

La spécificité de la guerre est toutefois particulière. Le caractère de non-choix de la force armée correspond au dilemme du prisonnier : nous sommes perdants à tous les coups. Nous avons été acculés pour qu’il n’y ait pas d’échappatoire. L’avenir est incertain. La peur est ancrée en chacun de nous.

Il y a, ensuite et depuis l’ère contemporaine, les conflits asymétriques : un fort contre un faible. Pour le fort, l’avenir n’est pas incertain. Au contraire, la guerre n’est pas l’achèvement d’une situation mais un moyen calculé pour un gain.

La guerre contre le coronavirus est un conflit asymétrique. Nul ne doute, en réalité, de la victoire. Les pertes, dans une vision cynique, sont assimilables à un dommage collatéral. On ne parle même plus de morts, sauf devant caméra.

Chacun fait ce qu’il peut à l’instar du colibri en incendie de forêt et nous glorifions nos héros, le personnel de santé sacrifié pour nous sauver. Mais comme toujours, certains meurent pour des idées quand d’autres en vivent et généralement, ceux-là en vivent très bien.

Puisque la pandémie sera vaincue. Quel en sera le profit ? Un élément avancé est la cohésion sociale. Nous sommes tous logés à la même enseigne. Le sommes-nous vraiment ? Nous sommes formatés à l’idée que le confinement est un absolu. Soit ! L’inégalité de traitement est néanmoins une évidence. L’autre arme de valeur contre le covid-19 est le dépistage. Nous apprenons que des « privilégiés » comme des footballeurs, artistes ou journalistes sont systématiquement testés. Soit ! Il demeure que certains sont plus utiles à la Nation que d’autres, quand bien même la stratégie englobante est de tester après confinement.

Le confort de confinement va différer d’individus à d’autres. Là n’est pas plus le problème. Ce sont les aléas de la vie plus que de l’injustice. Qui plus est, la Justice n’est pas l’équité. La Justice est la loi.

Certaines informations commencent, par contre, à être désagréables. Celles-là témoignent de trop d’assurance et elles confirment qu’il s’agit bien d’un conflit asymétrique : Madame Macron (Brigitte) flâne le dimanche sur les quais de Seine accompagnée de ses gardes du corps, nous apprend le Parisien libéré. Le parc de l’Elysée, à sa disposition, ne lui suffit pas. Comble de la suffisance, de retour à l’Elysée après sa flânerie, elle explique être outrée d’avoir croisé autant de monde, individus qui ne respectent pas le confinement. Dont elle, de fait.

Mais là n’est pas le sujet. L’épisode ne sert, ici, qu’à démontrer l’asymétrie de la guerre et éventuellement, une asymétrie de l’information : la femme du Président dispose-t-elle d’informations qui rendent le confinement superflu ou bien n’est-ce valable que pour les manants, les « sans-dents » disait son beau-père spirituel?

L’asymétrie du conflit va balayer cette idée qu’il développerait un meilleur « vivre-ensemble » national.

Les Etats-Unis se caractérisent par le patriotisme. Ils font globalement bloc face à l’adversité. Les attentats du 11 septembre l’ont démontré. L’idée que la Nation américaine ne fasse pas bloc face à l’ennemi commun à tous les américains est difficilement concevable.

Le Trump bashing n’a pas faibli depuis l’élection du 45e président des USA. Les préjugés nous mettent facilement en tête que la presse américaine est, traditionnellement, une presse d’investigation à contrario d’une presse française avant tout d’opinion. L’épidémie du coronavirus suit la fin de la procédure « d’impeachment ». La presse, dite libérale de MSNBC à CNN, appelle au boycott et même à la censure des interventions de Donald Trump.

Le fait que les dirigeants ne doutent pas de la victoire sur le virus explique le phénomène incroyable qui s’est produit le 23 mars avec le rejet par le Sénat du programme de la Maison Blanche pour vaincre le coronavirus et assurer le maintien de l’économie nationale. Nous ne sommes pas dans la haine anti-Trump

Nous avons vu, en introduction, ce que doivent être les priorités en temps de guerre. Clairement, pour le parti Démocrate, les USA ne sont pas en guerre. Il ne s’agit que d’une période qui précède les élections présidentielle de l’automne.

Le Parti Démocrate négocie ses conditions pour accepter la loi de programmation financière d’urgence pour stimuler l’économie face à la pandémie.

L’urgence pour le Parti Démocrate est le retour immédiat à l’Obama Care. Nancy Pelosi veut également que des organisations comme le NEH, sorte d’Unesco propre aux USA, le NEA, son équivalent pour les arts ou le JFK Center pour les arts (ce dernier pour $35 millions de dotation) soient financés par ce plan contre le virus. En gros, mille milliards de dollars de plus, sinon rien.

https://www.foxnews.com/politics/house-dems-emergency-coronavirus-stimulus-bill-includes-35-mil-for-jfk-performing-arts-center

En outre, les organismes de santé devront se soumettre à la diversité. Les malades devront être soignés par des afro-américains sous forme de discrimination positive et par autant de femmes que d’hommes.

https://www.foxnews.com/media/msnbcs-joe-scarborough-ripped-for-falsely-claiming-no-doctors-were-at-wh-presser-after-urging-networks-to-cut-away

Bref, l’urgence de la Gauche face à la mort n’est pas de mieux soigner et le plus rapidement possible mais de savoir par quel médecin.

Le covid-19 et la victoire contre lui n’est pas une finalité mais un moyen idéologique. Cela rappelle, sans surprise, la formule (trotskiste) que si le Soleil doit briller pour les bourgeois, alors il faut éteindre le Soleil.

Trump, d’un côté, Pelosi ou Biden, de l’autre, ont un même ennemi. Cela ne les rapproche pas. C’est un enseignement majeur pour ne pas nous bercer d’illusions. Alors que certains imaginent une après-crise apaisée, d’autres voient la potence pour les responsables. D’autres appellent au coup d’Etat ou à la guerre civile.

 

Par ©Gilles Falavigna

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andre

Est-il bien sur qu’un footballeur ou un chanteur soit si utile que ca a la nation, en ces temps difficiles ?

GILLES

Certains sont plus égaux que d’autres. Quand il s’agit de déterminer qui doit vivre et qui doit mourir, la première question à se poser ne devrait-elle pas être: « qui suis-je pour en décider? » Ensuite, s’il doit y avoir une réponse au choix, elle ne peut être que subjective.
D’où l’intérêt de la République des copains et des coquins.

Bonaparte

On a encore besoin de Bonaparte :

Lui déjà plaçait sa main sous son gilet .