Le Rabbi Moché Sofer (1762-1839), en constatant ahuri que des orgues étaient installées dans les synagogues, voyant l’allemand appaître dans les livres de prières, entendant les érudits juifs remettre en question la venue du messie, et devant les écoles juives qui enseignaient l’histoire, la philosophie et les mathématiques, avait du statuer en hâte : «Tout ce qui est nouveau est interdit par la Torah ».
Deux siècles après, la résistance de l’ultra-orthodoxie au changement est toujours aussi féroce qu’elle le fut lorsque son fondateur vénéré avait énoncé ce slogan désormais figé dans le bronze, qui reste emblèmatique de cette obédience, son cri de ralliement et le credo de sa profession de foi. Cependant, cette guerre contre le sionisme, dont ses successeurs ont repris le flambeau sur des générations, s’émousse, et force est de constater que doucement mais sûrement, sur le terrain, l’ultra-orthodoxie bas en retraite.

Le sionisme honni, de l’aversion au boycott

Les ultra-orthodoxes (Haredim) ont déclaré la guerre au sionisme en 1896, au lendemain de la publication de la feuille de route du visionnaire Theodor Herzl, dans laquelle il énonçait son ‘rêve’ d’un « Etat juif’, autour duquel devait s’articuler la résurrection politique du peuple Juif, une vision prophétique considérée par la plupart des rabbins comme un blasphème.
Côté hassidique, Rabbi Chalom Dov Ber Schneerson (1860-1920) a jugé que, quand bien même les sionistes eussent été observants et « même s’il y avait lieu de croire qu’ils pourraient atteindre leur but, » les juifs pratiquants ‘ne devaient en aucun cas leurs prêter l’oreille « parce que le Talmud interdit aux Juifs de mettre fin à leur exil, et l’espoir d’un Juif consiste à attendre que sa rédemption lui soit offerte par Dieu lui-même.

Les sages qui se positionnaient comme anti-hassidiques allèrent même plus loin en ordonnant à leurs adeptes de boycotter le sionisme.
Les Juifs doivent éviter « toute connexion avec ce qui équivaut à détruire le judaïsme et la maison d’Israël», a écrit le sage lituanien Rabbi Chaim Soloveitchik, tandis que le grand rabbin de Lodz, Eliyahu Meisel, a écrit que «toute personne ayant la crainte de Dieu dans son cœur doit se distancier d’eux [les sionistes], ne pas marcher à leurs côtés, et se garder d’engager ses pas dans leur sillon.

Cent vingt ans plus tard, un Hassid est ministre du gouvernement sioniste; des milliers d’ultra-orthodoxes servent dans l’armée sioniste et une pléthore de collèges ultra-orthodoxes produit des milliers d’étudiants qui se lancent dans la ruche économique de l’Etat sioniste et co opèrent avec la société dominante.

Le Judaisme réformé, qui à l’origine s’est aussi farouchement opposé au sionisme au motif que les Juifs étaient déjà sorti d’exil lorsque l’Europe leur avait accordé leur émancipation, ont humblement changé d’avis après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, et en 1937, officiellement adopté la vision sioniste.

Une communauté figée sur ses principes

En revanche, même après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, l’Ultra-Orthodoxie est restée arcboutée sur ses principe et ni après l’Holocauste, ni après la création d’Israël, ni même après la Guerre des Six Jours de 1967, elle n’a voulu voir la main de Dieu à l’oeuvre dans les évènements, ni accepté d’interpréter le succès du sionisme comme la preuve que son avènement est l’expression de la volonté divine comme ce fut le cas pour d’autres courants religieux juifs.

S’adressant à ses disciples l’été 1967, le chef Haredi basé à Bnei Brak, Rabbi Elazar Menachem Shach (1899-2001) né en lituanie, est allé jusqu’à accuser Israël d’être ivre de gloire et d’avoir «complètement perverti et trahi les principes qui sous-tendus notre exil au cours du temps. « 

Par ailleurs, du vivant de Herzl, les rabbins voyaient aussi dans le sionisme une nouvelle version de l’affaire Shabtai Tzvi, un Juif ottoman du 17ème siècle que la plupart des rabins avaient reconnu comme le messie pour le voir ensuite se fourvoyer dans l’hérésie la plus totale en se convertissant à l’Islam, un traumatisme encore vif dans la mémoire du judaïsme.

En outre, Shach craignait l’alliance des Juifs avec le pouvoir. Rappelant le temps où  les Juifs étaient « un mouton parmi 70 loups, » avec une certaine nostalgie, le sage Haredi affirmait que les Juifs nouvellement belligérants tournaient mal, en endossant à leur tour le rôle du «loup dans la bergerie. »

Alarmé par l’euphorie qui régnait autour de lui, Shach a promptement réitéré la condamnation émise à l’origine par l’ultra-orthodoxie et dénoncé la quête sioniste visant à faire des Juifs une nation s’inscrivant concrètement sur un territoire et prenant une part active dans l’élaboration de son destin. « Les choses prennent une mauvaise tournure », se lamentait-il en substance et ‘le peuple d’Israël entre dans une situation dans laquelle il devient acteur parmi les nations, et qui sait ce qui va en résulter et sur quoi cette situation pourrait déboucher. »

Pas du tout impresionné par la victoire militaire d’Israël, il prêchait qu’il ne voyait pas l’ombre du plus petit commencement de rédemption  » nous sommes toujours en exil ici, un exil qui demeure plus amer que jamais. » La Torah, avait-il déclaré à une autre occasion, nous a été donnée dans le désert . « Nous n’avions alors ni Terre d’Israël, ni « territoires », et pourtant nous étions une nation pour l’éternité. »

C’est en bref, l’état d’esprit qui régnait dans une communauté Haredi décimée, minuscule et humiliée, peinant à se reconstruire à l’ombre de l’entreprise sioniste triomphante que ses fondateurs moquaient comme une hérésie.

Il en résulterait un improbable périple à construire un avenir commun, un voyage politique et une odyssée sociale au cours de laquelle l’ultra- Orthodoxie israélienne se multiplierait, ferait souche sur cette terre et dans un Etat pourtant décrié, jusqu’à devenir victime de son propre succès à force de composer avec l’Etat juif.

Un aveuglement historique

Avec à peine 30.000 membres en 1948, la communauté Haredi du jeune Etat juif était sur la défensive, idéologiquement, socialement et politiquement.
Idéologiquement, cela s’explique par l’échec de ses penseurs, qui ont failli à voir venir la catastrophe. Un aveuglement rabbinique qui contrastait avec la clairvoyance du sionisme et que symbolise le dernier Seder du ghetto de Varsovie précédant l’anéantissement. Une sortie d’Egypte mortifère avec  un Seder emblématique, conduit par le rabbin Eliezer Meisel, l’un des derniers déportés du ghetto à Auschwitz et petit-fils de Rabbi Eliahou Meisel, boycotteur notoire du sionisme, alors que leur parvenait déjà l’écho des premiers échanges de tirs marquant le début du soulèvement du guetto de Varsovie orchestré par des adeptes de la cause sioniste.

En plus de ce fardeau moral qui pesait sur sa conscience, l’Orthodoxie israélienne devait se remettre de l’Holocauste qui avait décimé cette communauté et pour relancer sa démographie elle n’avait pas d’autre choix que de parvenir à un accord avec l’Etat juif dont dépendait en quelque sorte sa renaissance à l’ombre de la victoire et des exigences du sionisme conquérant.

L’HOLOCAUSTE n’aurait été que le fuit de la volonté de Dieu qui tiendrait une comptabilité mystérieuse sur une sorte d’ardoise dont il aurait le secret, comme a tenté d’expliquer Shach dans un sermon intitulé « Et l’orage gronde », et ce depuis l’origine du monde et au cours des siècles, jusqu’à atteindre le nombre fatal de six millions Juifs.  » Et voilà comment l’Holocauste est arrivé », selon Sachs, le parrain de cette lecture singulière de l’histoire , « voilà ce qu’un Juif doit croire, et si un Juif n’adhère pas à cette croyance, c’est un hérétique. « 

Quant aux sionistes, à la fois les laïques et les observants du mouvement, ils ont tous rejeté avec force cette ‘théorie’ culpabilisante, qui témoigne d’une certaine lâcheté face à ses égarements, teintée d’une bonne dose de mauvaise foi. Mais cette querelle sur les origines du désastre s’est finalement éteinte à la faveur des intrigues politiques de l’ultra-orthodoxie au sein même de l’Etat juif.

L’idéal du ghetto à l’épreuve du pragmatiqme politique

Lancées officieusement en 1948, leurs manoeuvres politiques se sont basées sur un credo fédérateur pour ensuite connaître sa révolution en 1977 et qui aujourd’hui se délite ; restaurer le légendaire guetto ancestral, ceint de hautes et infranchissables murailles salvatrices qui auraient l’avantage de préserver la sacro sainte autorité de leurs instances rabbiniques, des dangers de la modernité et de ses tentations, ainsi que de ses intempestives remises en question.

La clé de cette sorte de contrat social devait se concrétiser par une résistance sur un terrain emblématique qui constitue le ciment de la société de l’Etat juif : l’armée. Si les hommes Haredi rejoignaient l’armée, ils pourraient être tentés d’abandonner le courant ultra-orthodoxe. Exemptés, leur singularité pourrait être préservée, voire même se renforcer.

Les rabbins Haredi, dans un élan pragmatique, ont alors exprimé le désir de rencontrer David Ben Gourion alors que la Guerre d’Indépendance faisait encore rage pour lui demander que l’armée israélienne veuille bien dispenser ses jeunes hommes de servir sous les drapeaux. Hitler, lui ont-ils dit, avait éteint la flamme des académies talmudiques d’Europe et ils avaient le devoir de les reconstruire pour que brille à nouveau sa lumière. Bien qu’étant pour sa part profondément laïque, Ben Gourion a été sensible à l’argument et a accepté de les exempter du service militaire, sous certaines conditions.

Tout d’abord, il a accepté d’en exempter seulement 400 ce qui, en 1948, représentait déjà 1% des 115.000 conscrits de la toute nouvelle armée de défense israélienne, Tsahal. Deuxièmement, Ben-Gurion a exigé que les exemptés étudient effectivement la Torah, comme les rabbins le prétendaient.

Rencontre historique entre deux visions du destin juif

Ce fut un début modeste et mémorable, marqué d’une pierre blanche par la rencontre historique quatre ans plus tard, de Ben-Gurion avec le leader ultra-orthodoxe de l’époque, Avraham Karelitz, mieux connu comme « le Hazon Ish,» nommé lui aussi le « visionnaire », selon le titre d’un de ses livres d’exégèse talmudique.

Contrairement aux réunions ultérieures qui réuniraient dirigeants laïques et Haredim, cette rencontre ne fut pas animée par une joute politique au cours de laquelle les deux hommes auraient croisé le fer. On la doit à la curiosité intellectuelle de Ben-Gourion, et devait consister en un débat d’idées. « Si deux chameaux se rencontrent sur un chemin étroit», a déclaré le rabbin, « l’un étant chargé d’un fardeau et l’autre pas, c’est à celui qui ne porte de fardeau de céder la place à celui qui en porte la charge. »

Selon cette célèbre décision talmudique, la morale de la parabole dans cette conjoncture, laissait entendre que c’est à ceux qui ne sont pas soumis à la loi juive qui doivent céder la place à ceux qui choisissent d’en supporter le joug. Bien qu’insulté par la comparaison, et bien plus tard pointant que le rabbin n’avait pas de prédisposition pour l’exercice de la liberté de conscience propre à un Etat juif, Ben-Gurion n’a pas remis en cause son contrat avec les ultra-orthodoxes. Lentement mais sûrement la construction du ghetto s’est faite sans rencontrer d’opposition notoire. En 1968, le quota 400 de hommes avait doublé, et, en 1977, un total de 25.000 hommes Haredi avait déjà évité tout service militaire depuis la création d’Israël.

Un favoritisme institutionnalisé

Le ghetto émergeant fut l’incubateur de ce noyau social récalcitrant qui fit son nid dans des quartiers reculés où les ultra-orthodoxes vivaient avec leurs rabbins, à proximité de leurs écoles, leurs yeshivot et leurs commerces. Cette auto-ségrégation fut encore renforcée par le fait que les hommes n’avait aucun moyen de se former à des métiers pouvant assurer leur subsistance, puisque conformément à leur engagement, ils se devaient de passer leur temps à étudier la Torah, réduisant au minimum leur contact au quotidien avec le reste de la société.

Sur le plan économique, étant donné que le gagne-pain des ménages reposait sur les seules épaules de leurs épouses qui exerçaient principalement des postes sublaternes sous-payés, et dans l’enseignement, les ménages ultra-orthodoxes ont vite compté parmi les plus pauvres du pays.

Cette formule, ‘un maximum de piété pour un minimum de travail’, a permis la croissance démographique de la population ultra-orthodoxe durant les premières années. Après la guerre des Six Jours, les grandes obédiences hassidiques comme celles de Gour et de Belz, qui avaient été décimées dans l’Holocauste, étaient à nouveau sur pieds, tandis que Ponevezh, la Yeshiva de Shach, le Harvard de ultra-Orthodoxie, avait déjà produit une génération israélienne de   talmudistes émérites.

Au milieu des années 70, les quelques 200.000 ultra-orthodoxes israéliens, composaient une communauté plus confiante, mais vivant toujours en marge de la société, une situation privilégiée qui aurait pu perdurer, si un tremblement de terre politique n’était pas venu secouer l’Etat hébreu, dont l’une des nombreuses propositions comportait une offre que les politiciens en herbe de l’ultra-orthodoxie ne pouvait pas refuser.

Le coût exhorbitant d’un pacte faustien

Ce tremblement de terre fut en 1977 la fin du règne des travaillistes qui furent contraints de céder le pouvoir au profit des nouveaux vainqueurs de ces élections révolutionnaires; l’avènement du Likoudnik Menachem Begin, dont l’offre était aussi simple que sincère: exemption illimitée, subventions généreuses, postes supérieurs au gouvernement en échange d’une alliance à long terme entre l’ultra-orthodoxie et la droite israélienne.

L’Ultra-Orthodoxie a embrassé cet accord qui est devenu un pilier de l’ordre politique de l’Etat hébreu, ignorant que du point de vue de la guerre que menaient ses fondateurs contre le sionisme, il se révélerait comme étant un pacte faustien.

L’avantage, du point de vue Haredi, était que ce qui avait commencé par être un projet annuel de 400 exemptions, avaient rapidement produit des milliers de bénéficiaires, tandis que les budgets des yeshivas, séminaires religieux, écoles primaires et jardins d’enfants, engloutissaient les aides gouvernementales, sans compter les subventions et avantages fiscaux, assortis d’aides aux ménages ultra-orthodoxes pour augmenter leurs ressources, qui venaient creuser le budget des finances publiques.

Un maximum d’autorité pour un minimum de responsabilité

OUTRE, que cet accord sans précédent allait conforter l’influence de cette communauté propulsée dans les arênes du pouvoir, avec la nomination d’un homme politique ultra-orthodoxe comme président du Comité des finances de la Knesset.

Dans l’espoir de conserver ses cartouches dans sa guerre contre le sionisme, l’ultra-orthodoxie a évité d’accepter des postes ministériels. Profiter des avantages du sionisme étant une chose, légitimer et endosser la responsabilité de ses actes en étant une autre. Et donc, la maxime originale ‘un minimum de travail  pour un maximum de piété’, a cédé la place à  » un maximum d’autorité pour un minimum de responsabilité » que les critiques ne se sont pas privés de railler.

Dans le même temps, les femmes Haredi donnaient naissance à deux fois plus d’enfants que les femmes laïques et de fait, la subsistance des ménages dépendaient des allocations familiales de l’Etat, qui, grâce à des formules concoctées par les politiciens ultra-orthodoxes, pouvait atteindre jusqu’à 2000 dollars mensuels pour une famille de 10 enfants. Cette pléthore de subvensions budgétaires et d’allégements fiscaux taillés sur mesure pour ce segment de population profitaient donc majoritairement aux Haredim.

Au tournant du siècle dernier, le nombre annuel des hommes ultra-orthodoxes échappant totalement au service militaire avait atteint les 7000, assez pour composer deux brigades de combat.

Une classe moyenne qui paye le prix fort

En plus de provoquer le ressentiment de la classe moyenne israélienne, qui était majoritairement de l’avis qu’elle finançait des déserteurs et de futurs chômeurs professionnels, cet arrangement a également perverti la tradition juive qui, tout en chérissant et promouvant l’étude permanente, n’a jamais encouragé les plus religieux à vivre aux crochets de la majorité de la population.
Cette situation n’était plus tenable et l’abcès ne pouvait que finir par crever.

Le premier revers qu’à subit cette maxime des années 1977 est survenu en 1999, quand l’accord politique avec l’ultra-orthodoxie a nourrit la montée en flèche d’un parti politique dédié à l’éradication de cet accord.

Dirigé par le journaliste Yaïr Lapid, ce parti a remporté six sièges à la Knesset cette année-là, et 15, quatre ans plus tard. Lapid ayant largement gagné ses galons électoraux en se faisant le pourfendeur d’une classe moyenne en colère pour être celle qui porte seule le fardeau de l’armée, fait tourner l’économie du pays, paie ses impôts et alimente le budget de l’Etat, pour entretenir une ultra-orthodoxie perçue comme un boulet.

Bien que cette dynamique électorale a permis de faire pression sur les murs du ghetto de l’extérieur, en 2002, des problèmes économiques, dus à une nouvelle législation, ont opéré une pression à l’intérieur.
Le Trésor craignant que le budget ne serait bientôt plus capable de financer le nombre croissant  d’hommes Haredi se tenant en marge du marché du travail, un projet de loi rédigé par un panel public, leur accordait d’intégrer le marché de l’emploi à partir de 23 ans seulement afin qu’ils puissent en amont se consacrer uniquement aux études religieuses, s’ils consentaient à faire un service militaire raccourci.

Lapid où le nouveau contrat social

Du point de vue de Lapid, cette dérogation leur octroyant un service militaire réduit dans le temps, ne faisait que renforcer encore la liste des privilèges dont jouissaient les Haredim. Lapid  s’est d’abord tourné vers la Cour suprême l’invitant à trancher contre cette mesure, puis s’est rétracté et pour finalement accepter cette loi édictée par la Knesset et connue comme la fameuse «Loi Tal», du nom de son rédacteur, le juriste Tzvi Tal.

Mais ce projet de loi a eu l’avantage de signifier à l’ultra-orthodoxie qu’elle avait suffisemment tiré sur la corde de ses privilèges et que le vent tournait : si leur communauté voulait survivre, leurs hommes allaient devoir se mettre au travail.

L’année suivante, l’accord de 1977 a subi un coup fatal quand Ariel Sharon a renoncé à faire entrer l’ultra-orthodoxie de sa coalition. Il fût le premier à oser le faire. Le contrat à long terme signé avec Begin devait avoir une date d’expiration, et son heure avait sonné.

Face à une récession sévère, Sharon et son ministre des Finances, Benjamin Netanyahou, ont procédé à des coupes budgétaires sévères ;  les allocations familiales qui étaient devenues le moyen de subsistance principal des « familles nombreuses ultra-orthodoxes », ont été réduites de moitié. Aiguillonnés par Lapid, qui était maintenant vice-premier ministre, ils ont aussi rogné les financements du gouvernement pour les yeshivot et autres organisations Haredit.

Les politiciens ultra-orthodoxes en eurent le souffle coupé.

Avec 65% d’hommes ultra-orthodoxes sans emploi dont le revenu moyen était inférieur de moitié à celui du reste de la population, les rabbins Haredi se sont rendus à l’évidence : ils avaient grand besoin d’un nouveau contrat social avec l’Etat juif.

La loi Tal, un tournant décisif

Par conséquent, ils ont tranquillement renoncé à leurs prérogatives premières de ne pas avoir à travailler, et les écoles dispensant des formations professionnelles aux métiers de plombiers, mécaniciens, électriciens et infirmiers, dédiées aux ultra-orthodoxes, ont commencé à voir le jour à Jérusalem et à Bnei Brak, pour s’étendre à l’ingénierie informatique, la comptabilité et le droit.
Une décennie après l’adoption de la loi Tal, 12 universités et collèges traditionnels qui offraient des programmes spéciaux comptaient 7000 étudiants inscrits et 8.000 avaient déjà obtenu leur diplôme. Ce changement amorcé est devenu une lame de fond. L’an dernier, le Conseil de l’enseignement supérieur a rapporté que 9.000 étudiants ultra-orthodoxes ont fait des études en vue d’obtenir un diplôme de premier cycle, contre 8300 l’année précédente.

Dans le même temps, l’armée israélienne a créé des unités spéciales pour les hommes ultra-orthodoxes, qui se rendent compte de plus en plus qu’un service militaire approprié est le meilleur ticket d’entrée pour se tailler une place de choix sur le marché du travail.

Il n’y avait au début qu’un bataillon d’infanterie haredi solitaire, puis il y en eût bientôt trois, puis les haredis ont fait leur entrée dans l’armée de l’air et la marine où les anciens étudiants de yeshiva sont maintenant mécaniens. Dans les renseignements ils sont devenus des analystes; dans l’informatique ils sont devenus programmeurs; et aux ressources humaines, ils sont devenus chefs du personnel.

L’année dernière, un nombre record de 2.400 hommes ultra-orthodoxes ont répondu présent sur 8.000 appelés, et les chiffres ne cessent d’augmenter. Pendant ce temps, la police israélienne l’an dernier a formé et embauché 15 enquêteurs ultra- orthodoxes à la criminelle. Sans compter les centaines de haredims qui font un Service national civil comme secouristes, dans les maisons de retraite, les hôpitaux et les organismes de bienfaisance.

 La nouvelle révolution des lumières de l’Etat sioniste

Symboliquement seulement, suite à une décision de la Cour suprême, les ministres adjoints ne peuvent pas exercer de facto comme ministres, par conséquent, le Conseil des Sages de l’Ultra-orthodoxie a finalment approuvé la nomination de son vétéran politique Yaakov Litzman comme ministre de la Santé.

Le refus premier des rabbins de laisser un membre de leur communauté prêter allégeance au gouvernement sioniste et devenir de fait co-responsable de ses actes et sa politique, avait donc fait son temps et la maxime historique  » un maximum d’autorité pour un minimum de responsabilité » appartenait au passé.

Encore que! Tout n’est pas encore de l’histoire ancienne. Les Ultra-orthodoxes israéliens vivent toujours majoritairement dans des quartiers séparés; la plupart des hommes Haredi ne servent toujours pas sous les drapeaux, ne travaillent pas et n’acquièrent pas une profession; certains dans les unités que Tsahal a ouvert pour eux ne sont pas entièrement composées d’ultra-orthodoxes; les lois qui facilitent l’intégration des hommes Haredi dans la population active sont toujours injuste par rapport à celle en vigueur pour le reste de la population ce qui constitue un corde de discorde politique; les enseignants des écoles ultra-orthodoxes refusent toujours d’intégrer les matières profanes à leur programme et un noyau dur de fanatiques purs et durs se bat pour préserver la géthoïsation de l’ultra-orthodoxie.

Pourtant, les murs de ce ghetto ultra-orthodoxes se fissurent, et des milliers de membres de cette communauté profitent de ces brêches pour s’émanciper, comme l’ont fait avant eux les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et de Hongrie, quand les murs de leurs ghettos d’alors sont tombés, dans ce laps de temps qui s’est écoulé entre Moshe Sofer et Herzl.

À l’époque, en à peine deux générations, les Juifs des lumières nouvellement sont devenus avocats, médecins, dentistes, scientifiques, éditeurs, journalistes, banquiers et magnats.
Le même processus est en cours en Israël. Dans l’Etat sioniste d’aujourd’hui, plus d’un demi-million de juifs ultra-orthodoxes ne parlent plus aucune autre langue que l’hébreu auquel le sionisme a donné un nouveau souffle ; des milliers d’hommes ultra-orthodoxes sont aguérris au maniement des armes et jurent sur la Bible qu’ils sont prêts à mourir pour la défense de cet  Etat juif et les jeunes adultes Haredi participe activement à l’économie du pays et travaillent au quotidien avec la majorité laïque. Dans cet Etat juif, chaque dimanche matin, un Hassid de  Gour avec une longue barbe, enlève son chapeau en prenant place autour de la table du Cabinet qui tient réunion et se joint à l’entreprise commune du peuple juif, de réaliser le rêve sioniste de Théodore Herzl et le cauchemar de la majorité des rabbins.

Amotz ASA-EL – Jerusalem Post – adaptation Kathie Kriegel

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aval31

La première fois que je lis cette vérité cachée : tous les juifs orthodoxes étaient comme les naturei karta avant la shoah.

Donc c’est super, bonne nouvelle, on va enfin pouvoir se débarrasser du juif moyen celui qui défend son peuple et qui paye pour les autres en le remplaçant par un clone venu des milieux qui ont favorisé très activement la shoah en empêchant toute idée de retour à Israel.

Ces gens ne se sont jamais excusé de leur erreur ! AU CONTRAIRE ils ont démontré qu’ils tout d’Amalek.

C’est l’achèvement minutieux du projet nazi.

Israel après avoir fait disparaitre le Yiddish, rendu minoritaire les survivants de la shoah, puis les avoir fait passer pour des russes, trouvé des juifs partout de toute les couleurs pour bien montrer comment on extirpe l’idée de la survivance possible d’un peuple de 10 millions de personnes, on va enfin pouvoir arriver à la solution finale qui est de les remplacer par des tarés congénitaux élevés(mariages entre cousins) dans le mépris du peuple juif : BRAVO.

Donc si vous n’êtes pas habillé en noir et que vous aimez votre peuple (un vrai juif quoi, qui aime la vie) vous n’avez le droit que de crever entre un coup de couteau arabe européen dans votre rue en Israel tout en étant l’esclave d’antisémites notoires ou de riches oligarques.

Il y a pourtant une solution très simple : le droit de vote uniquement à ceux qui font le service militaire, avec 20% de musulmans, 10% d’antisémites noirs et quelques pourcents d’antisémites rouges, çà serait une solution efficace pour Israel mais il faut absolument et méthodiquement que tous les survivants disparaissent jusqu’au dernier et soient remplacés par des clones.

RIEN NE DOIT SUBSISTER ?

Et les nazis*, si vous croyez que çà va se passer tranquillement vous allez avoir une vraiment très mauvaise surprise.

nazisme= religion qui visait à faire disparaitre les juifs