This photo released by the Iraqi Prime Minister Press Office shows a burning vehicle at the Baghdad International Airport following an airstrike in Baghdad, Iraq, early Friday, Jan. 3, 2020. The Pentagon said Thursday that the U.S. military has killed Gen. Qassem Soleimani, the head of Iran's elite Quds Force, at the direction of President Donald Trump. (Iraqi Prime Minister Press Office via AP)

Comment Israël profite du fait que les médias américains le relient au succès de la frappe contre Soleimani – analyse

NBC a rapporté samedi que « les renseignements fournis par Israël ont aidé à confirmer les détails » de la date et de l’heure exacte à laquelle le jet transportant Soleimani a décollé de Damas vers Bagdad, où il a été tué par un missile.

Un homme en uniforme tient une photo de Qasem Soleimani lors d'une manifestation à Téhéran à la suite de son assassinat ciblé. (crédit photo: NAZANIN TABATABAEE / WANA VIA REUTERS)
Un homme en uniforme tient une photo de Qasem Soleimani lors d’une manifestation à Téhéran à la suite de son assassinat ciblé. (crédit photo: NAZANIN TABATABAEE / WANA VIA REUTERS)

La réponse initiale de certains Israéliens à un reportage de la NBC affirmant que les renseignements israéliens ont aidé à confirmer un détail important dans l’élimination du commandant de la Force Quds des CGRI, Qasem Soleimani, était un simple «oy» (« Aïe » version yiddish, ou « Aïe, Aïe, Aïe).

Et ce «oy» initial a probablement été suivi de : «Cela ne peut pas être bon pour nous» et «Maintenant, les Iraniens vont vouloir se venger de nous, pas seulement des Américains».

NBC a rapporté samedi que « les renseignements israéliens ont aidé à confirmer les détails » de la date exacte à laquelle le jet transportant Soleimani a décollé de Damas vers Bagdad, où il a été tué par un missile tiré d’un drone américain.

Parallèlement au rapport de la NBC, le New York Times a publié un article intitulé «Sept jours en janvier: comment Trump a poussé les États-Unis et l’Iran au bord de la guerre», qui a examiné les événements qui ont conduit à la liquidation de Soleimani et immédiatement après.

Ce reportage ne mentionnait aucune contribution des services de renseignements israéliens à l’assassinat réussi de Soleimani, mais il a ajouté un autre élément d’intérêt israélien à l’ensemble du puzzle concernant Soleimani : le Premier ministre Benjamin Netanyahu était le seul leader mondial à avoir été informé à l’avance du coup en préparation.

Il existe de nombreuses raisons de vouloir garder ambiguë toute implication des services de renseignement israéliens dans la mise hors d’état de nuire de Soleimani, la principale étant que Jérusalem ne veut pas donner à l’Iran ou à ses supplétifs des raisons de « sauver la face » en frappant des cibles israéliennes pour venger l’attaque. Mais il est hautement improbable que sept mots dans un reportage NBC soient le facteur déterminant pour que le Hezbollah décide de tirer des missiles sur Haïfa ou d’attaquer des soldats de Tsahal patrouillant à la frontière libanaise.

Le Hezbollah n’attend pas la confirmation d’un média américain pour décider s’il doit prendre des mesures contre Israël. Sa décision est basée sur la façon dont il pense qu’Israël répondra à son tour et le message qu’Israël a envoyé dans le but de dissuader toute attaque de l’Iran ou de ses séides est qu’Israël répondrait à toute action contre lui par une «réplique écrasante».

Dès la minute où les informations sur la neutralisation de Soleimani ont été diffusées, il y a eu des spéculations sur la participation d’Israël à cette opération. Le rapport NBC – en aucun cas une vérification faite par un média israélien – ajoute juste une autre couche de spéculation.

Le chef de Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, un ancien ministre de la Défense dont chaque mot doit maintenant être pesé dans le contexte de la campagne électorale, a été interrogé dimanche dans une interview à la radio sur les reportages des médias américains pour savoir s’il y avait quelque chose d’intéressant émanant d’eux ou si les médias américains ne faisaient jamais qu’essayer d’entraîner Israël dans toute l’intrigue des coulisses de la « disparition » opportune de Soleimani.

« Tout d’abord, je pense que quiconque en parle fait une grave erreur », a-t-il déclaré. «Nous devons rester aussi loin que possible de cette histoire. Lorsque le New York Times publie quelque chose comme ça, il se base généralement sur des sources israéliennes. Je pense que nous devrions vérifier qui sont ces sources israéliennes. »

Lorsqu’on lui a demandé si ses flèches visaient directement Netanyahu et que Netanyahu avait peut-être intérêt (électoral à faire savoir) à ce moment, qu’il soit le seul chef informé du coup à l’avance, Liberman a répondu: «J’ai beaucoup d’expérience avec ces types de reportages, en particulier dans le New York Times, et ils proviennent toujours de sources israéliennes. Je pense que c’est une grave erreur. L’ambiguïté et le silence sont la meilleure chose que nous puissions faire. »

Et, en effet, l’ambiguïté et le silence semblent la voie la plus intelligente, et celle que Netanyahu a chargé ses ministres de suivre immédiatement après le coup américain porté à l’establishment terroriste iranien.

Mais il y a aussi une autre façon d’envisager l’apport à Israël des reportages des médias américains : cela montre le degré d’intimité et de coopération qui existe entre les États-Unis et Israël, ce qui, de temps en temps, est important de savoir pour les ennemis d’Israël et le public américain.

Ce n’est pas nécessairement mauvais pour Israël, face aux défis de sécurité auxquels il est confronté, lorsque ses ennemis voient le niveau de coopération qui existe entre lui et la puissance militaire et de renseignement la plus puissante du monde. La connaissance même de cette étroite coordination peut décourager une action imprudente contre l’État juif.

Les hauts responsables israéliens et américains ont beaucoup parlé depuis l’élection du président américain Donald Trump d’un niveau sans précédent de coopération en matière de sécurité entre les deux pays, mais ne donnent généralement aucun exemple ni ne donnent corps qu’à des déclarations très générales.

Par exemple, le chef d’état-major, le lieutenant-général Aviv Kochavi a déclaré le mois dernier que «les relations militaires que nous entretenons avec les États-Unis, la liberté d’action et de coopération, sont extraordinaires. Tout simplement extraordinaire. Parfois, vous entrez dans une salle ou une mission ou l’autre et vous ne savez pas toujours qui est de quel côté. La coopération est exceptionnelle. »

Et cette coordination est également importante pour le public américain, en particulier à un moment où le candidat démocrate à la présidentielle Bernie Sanders a introduit dans le discours politique américain général l’idée d’utiliser l’aide américaine à Israël – qui est une assistance entièrement militaire – comme un levier politique et diplomatique contre le gouvernement d’Israël. À une époque où le Moyen-Orient est plus instable et plus dangereux que jamais, Sanders a fait en sorte qu’il soit acceptable de parler de réduire l’aide à la sécurité de son allié le plus fiable au Moyen-Orient.

Et souvent dans le débat national américain, il y a un thème sous-jacent : «nous donnons à Israël tout cet argent chaque année (3,8 milliards de dollars d’assistance militaire annuelle), et qu’obtenons-nous en retour?»

Le fait que le public américain voit, de temps en temps, qu’il y a un retour sur son investissement dans les prouesses de sécurité d’Israël est quelque chose qui peut aider à détourner les appels à réduire l’aide militaire.

Pour certains aux États-Unis, il y a une impression erronée que cette relation militaire est à sens unique et que les États-Unis donnent à Israël sans obtenir beaucoup en retour. Ce n’est pas du tout vrai, c’est exactement l’inverse : chaque cent est investi dans de nouvelles armes balistiques, drones, radars, optique, ou des blindages renforcés envoyés ensuite en Afghanistan, etc. Les Américains obtiennent un fort retour sur investissement, et ce retour prend souvent la forme d’une coopération en matière de renseignement critique – venant d’un pays qui dispose de la meilleure image (réputation)  du Moyen-Orient en matière de renseignement – qui est d’une importance vitale pour les intérêts de la sécurité nationale américaine.

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stevenl

Is Sanders another Obama for Israel?