Aubervilliers, ce lundi matin. Suite aux débordements, l’avenue de la République a été en partie fermée à la circulation.
C’est l’artère la plus passante d’Aubervilliers. Le carrefour où se croisent quotidiennement des milliers de personnes empruntant la station de métro des Quatre-Chemins, juste à la frontière de Pantin.
Lundi matin, l’avenue de la République a été le théâtre de violents heurts, autour d’une manifestation lycéenne qui a rapidement dégénéré.
Une voiture de police et des pompiers ont été caillassés. Huit personnes, dont deux mineurs, ont été placées en garde à vue pour « attroupement armé ».

Aubervilliers, ce lundi 3 décembre. LP/H.H.
« Il y a eu une manif devant le lycée Jean-Pierre-Timbaud. Des jeunes criaient : Macron démission ! Ils sont ensuite venus bloquer notre bahut (NDLR, le lycée Marcelin-Berthelot), situé de l’autre côté de l’avenue à Pantin. C’était du grand n’importe quoi ! », décrit une lycéenne de terminale ES, se moquant de ces camarades « qui se mêlent de politique alors qu’ils n’ont même pas le droit de vote ».
Station de métro fermée, circulation des bus perturbée, abribus cassés, chaussée jonchée de déchets, véhicules brûlés…
Des scènes de guérilla urbaine ont eu lieu en milieu de matinée, devant les yeux hébétés des passants, dont certains semblaient dépités. « Il ne faut pas faire de publicité à ces jeunes casseurs ! Ça stigmatise notre quartier », s’agaçait un cycliste face aux caméras de journalistes dépêchés sur place.
Une boutique saccagée et pillée
La plupart des commerces sont restés fermés une partie de la journée, de peur de subir le même sort que la boutique de téléphonie située à quelques pas du lycée, à l’angle de la rue Lécuyer.
D’après les témoins, des dizaines de personnes ont pillé le magasin. « Il y avait des adolescents, mais aussi de jeunes adultes, je ne pense pas qu’ils étaient tous du lycée », croit savoir un habitant du quartier
« Notre rideau de fer était baissé, mais les pilleurs l’ont cassé pour pénétrer dans nos locaux et s’enfuir avec notre matériel », s’émeut un proche du gérant, absent, reprochant aux forces de l’ordre « de n’avoir rien fait ».

LP/H.H. Un important dispositif de police a pourtant été mobilisé sur place et aux abords du quartier, notamment porte de la Villette où de nombreux véhicules stationnaient lundi matin.
La maire appelle au calme
Dans un communiqué, Mériem Derkaoui, la maire (PCF) d’Aubervilliers a « déploré » les « actes de dégradation qui mettent la sécurité des personnes en danger », les appelant à « cesser ».
L’édile estimant que « les lycéennes et lycéens qui scandaient Macron démission souhaitaient exprimer leur inquiétude quant à leur avenir et leur exaspération, et ce, au même titre que les gilets jaunes ».
Dans la journée, le directeur académique et le recteur de l’académie de Créteil se sont rendus au sein de l’établissement – qui a rouvert dans l’après-midi – pour rencontrer les équipes.
Vers midi, après le passage des balayeuses, la vie a repris son cours dans le quartier, l’avenue de la République ayant été rouverte à la circulation.
Une quinzaine de lycées bloqués
Coup de chaud ce lundi matin à l’ouverture des classes. Dans le département, une vingtaine d’établissements ont été signalés aux forces de l’ordre.
D’après la direction académique, une quinzaine de lycées ont été bloqués suite à l’appel à manifester, lancé par plusieurs syndicats lycéens, contre la réforme du bac ou la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur Parcoursup.
A Saint-Denis, des poubelles ont brûlé devant Paul-Eluard. « J’accompagnais ma fille, mais quand j’ai vu ce qu’il se passait, je l’ai ramenée à la maison », raconte une mère de famille, décrivant « plein de jeunes rassemblés ».
Des policiers blessés à Gagny
Des débordements ont également été recensés devant Gustave-Eiffel à Gagny où deux policiers ont été blessés par des jets de projectiles.
Un troisième a reçu un coup de poing et un quatrième un caillou lancé à bout portant. Un fourgon de police a aussi été incendié avenue de la République.
Deux mineurs ont été placés en garde à vue : l’un pour feu de poubelle, l’autre pour jets de pierres sur un policier. « On se demande si ces débordements vont durer jusqu’aux vacances scolaires », souffle un agent de police.
De nouveaux appels à manifester ont été lancés par les syndicats lycéens pour les journées de jeudi et vendredi.
Nouveau feu à Aubervilliers au lycée Timbaud. Cette fois, les casseurs mettent la police en déroute pic.twitter.com/Lcsx1N5fX7
— Aymeric Misandeau (@AymericMisandea) December 3, 2018
H.H., C.S., G.B.
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