Au 14e jour de sa grève de la faim, Jean-Pierre Marongiu dénonce un « coup monté » et une procédure injuste. Il se dit victime d’un règlement de comptes politique.
Du fond de sa prison au Qatar, le Français Jean-Pierre Marongiu hurle à l’injustice. Il poursuit depuis deux semaines une grève de la faim où il ne s’alimente que de trois tasses de café ou de thé chaque jour. Et il est soutenu, mais de très loin, par son épouse Isabelle et ses deux fils.
« Mon client est incarcéré depuis plus d’un mois et il n’a toujours pas d’avocat sur place », se plaint Me Franck Berton, qui assure sa défense. Or il s’agit d’un droit fondamental et il a absolument besoin d’un avocat qatarien pour effectuer une demande de libération.

Son compte vidé à l’insu de son plein gré

Le plus extraordinaire, alors que Jean-Pierre Marongiu a été interpellé au début du mois de septembre pour être jeté à nouveau en prison, c’est qu’il n’a été informé par le directeur de la prison que très récemment de la raison de sa détention. Il purge une condamnation à trente mois de prison pour un chèque sans provision de 100 000 riyals qataris (20 330 €). Condamnation confirmée en appel.

Sauf que l’intéressé affirme n’avoir jamais reçu de convocation à ses deux audiences… auxquelles il n’a donc jamais pu se défendre.

Jean-Pierre Marongiu, s’il avait pu se présenter devant les juges qatariens, aurait dénoncé un procès monté de toutes pièces. Lorsqu’il a émis ce chèque de 100 000 riyals, le compte de sa société était approvisionné… jusqu’à ce qu’il soit vidé par son « sponsor » qatarien, siphonage du compte réalisé à l’insu de son plein gré. Il faut savoir que la loi locale dite du « sponsorship » impose à un étranger voulant créer une société au Qatar de s’associer avec un « sponsor ». Ce dernier prend 51% du capital et a le droit de bloquer la sortie du territoire de l’investisseur étranger en cas de conflit. Difficulté supplémentaire pour Jean-Pierre Marongiu, son sponsor est un cousin de l’Emir Tamin ben Hamad Al Thani.

Pour Marongiu, seul Hollande peut le sauver

D’où la conviction profonde de Jean-Pierre Marongiu qu’il est la victime d’une affaire politique. Car lorsqu’il présidait l’Union des Français de l’étranger au Qatar, il a été interviewé par une chaîne de télévision française où il a dénoncé la loi sur le « sponsorship » comme étant de « l’esclavage moderne », ce qui, bien évidemment, n’a pas réjouit la monarchie qatarienne. Jean-Pierre Marongiu et son conseil Franck Berton sont donc persuadés que seul François Hollande peut débloquer la situation auprès de l’émir.

Le Quai d’Orsay dit être mobilisé sur le cas de Jean-Pierre Marongiu, sans convaincre l’intéressé et son conseil. Le Consulat français à Doha a avancé 1000 riyals quataris (soit environ 200€) pour permettre sa libération provisoire début août dernier et la tentative de visite du magistrat de liaison lui a permis de bénéficier de conditions de détentions moins rudes (3 codétenus en cellules au lieu de 7, une fenêtre au lieu de zéro, deux promenades par jour au lieu de zéro et l’accès aux douches chaudes alors que la prison est sur-réfrigérée par la climatisation). Nous ne sommes pas parvenus à joindre l’Ambassade du Qatar à Paris.

15-10-2013/ L’Express Article original

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