L’autre jour, à la télé, une speakerine annonçait avec un large sourire que la Tunisie avançait dans la voie de la démocratie avec l’élection d’un nouveau président de la république et la formation d’un gouvernement issu du suffrage populaire.
 

Excellente nouvelle qui ne peut que nous réjouir. Ainsi tous les Cassandre qui avaient prévu d’immenses bouleversements après la large victoire d’Ennahda auraient eu tort.

Pas pour longtemps à mon humble avis.

Certes monsieur Marzouki, président de la république est un homme intègre et respectable qui jouit de la confiance du peuple et a payé fort cher son opposition au régime Ben Ali.

Certes il vient de prouver son libéralisme et son esprit de tolérance en recevant au palais du Bardo les représentants des trois cultes principaux dont le Grand rabbin de Tunisie auquel il aurait demandé de redonner  vie au pèlerinage de la Ghriba en promettant d’y assister  personnellement.

Mais  dans ce nouveau gouvernement né d’une coalition entre Ennahada et deux partis libéraux et laïques, le premier ministre, Djebali est le numéro deux de la formation islamiste et il  a placé ses hommes aux principaux ministères, laissant à ses partenaires la portion congrue.

Le président et le gouvernement resteront en place jusqu’à l’élection de l’Assemblée législative, dans un an environ.

Il est à prévoir que d’ici là monsieur Ghannouchi et ses amis feront patte de velours et ne prendront pas de mesure spectaculaire dans la voie de l’islamisation pour ne pas effaroucher les 60% de Tunisiens qui n’ont pas voté pour eux ainsi que les investisseurs et les touristes occidentaux .

Mais dans le même temps ils continueront à tisser inexorablement leur toile pour attirer à eux, des couches sociales démunies, frustrées et en quête d’idéal.

S’ils obtiennent la majorité absolue aux futures élections législatives, il y a gros à parier que rien ne les retiendra pour faire de la Tunisie une république islamiste, probablement affublée de l’adjectif “modéré” qui a si bien réussi en Turquie  à monsieur Erdogan et à son parti.

La journaliste Martine Gozlan a dénoncé dans un essai récent, “l’Imposture turque.”

Souhaitons que nous n’aurons pas à déplorer dans un avenir plus ou moins proche une “imposture” tunisienne du même ordre et que les intégristes ne se livreront pas sous le masque de la modération, à une entreprise d’islamisation rampante de l’état en mettant à mal l’héritage de Bourguiba comme le font les Turcs avec celui de Moustapha Kemal.

En toute hypothèse  ce sont les Tunisiens qui écriront eux mêmes leur Histoire avec une responsabilité supplémentaire, celle d’être considérés comme un  modèle et un exemple, tous les yeux étant braqués sur eux.

Bonnes fêtes de Hanouka

André Nahum

Radio Judaiques FM

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires