Hans Lipschis, gardien présumé à Auschwitz, a été inculpé à 93 ans par la Cour de Stuttgart. Il clame n’avoir été que cuisinier du camp d’extermination.

La justice n’attend pas le nombre des années. La cour de Stuttgart vient d’inculper un gardien présumé d’Auschwitz pour complicité de meurtre. Ce vieillard, aujourd’hui âgé de 93 ans, qui s’appellerait Hans Lipschis selon la presse allemande, nie les accusations qui sont portées contre lui puisqu’il affirme avoir été simple cuisinier dans ce camp d’extermination où près d’un million de personnes sont mortes entre 1940 et 1945.


Hans Lipschis a-t-il été gardien au camp d’Auschwitz ou simple cuisinier comme il le prétend ? © Guenter Schindler / AFP

Le Centre Simon-Wiesenthal n’a, pour sa part, aucun doute sur la culpabilité de cet homme qui figure à la quatrième place sur sa liste des criminels nazis les plus recherchés. Après avoir vécu une vie tranquille dans l’Allemagne de l’après-guerre, Hans Lipschis a immigré à Chicago en 1956. Mais les autorités américaines l’ont expulsé en 1982, quand son dossier d’ancien SS est devenu public. Vivant depuis à Ostalb dans le Bade-Wurtemberg, cette riche région du sud de la République fédérale, ce retraité a vécu tranquillement jusqu’à ce que la justice le rattrape, cette semaine.

Cette inculpation aurait encore été inimaginable il y a quelques années. Pendant près de six décennies, les juges allemands n’acceptaient, en effet, de statuer sur le sort d’un ancien nazi que si sa responsabilité individuelle de complicité d’assassinat pouvait être prouvée. Cette décision de la Cour fédérale de justice, qui date de 1969, a permis à beaucoup de complices directs ou indirects de l’Holocauste de finir leurs jours en toute tranquillité. Mais en 2011, à Munich, John Demjanjuk a été condamné à cinq ans de prison pour complicité dans l’extermination de plus de 28 000 juifs sans preuve d’actes criminels. La Cour a jugé que sa qualité de gardien du camp de Sobibor était suffisante pour établir sa responsabilité. Cette condamnation a créé un précédent qui permet aujourd’hui d’ouvrir de nouvelles enquêtes.

Ne voulant pas laisser passer cette « opportunité », le Centre Simon-Wiesenthal n’a pas hésité à lancer au mois de juillet une « opération de la dernière chance ». L’association basée à Los Angeles propose ainsi de donner 25 000 euros à toute personne qui permettrait de trouver des complices de l’Holocauste. Rien qu’à Auschwitz, plus de 6 000 SS ont participé à l’extermination de convois entiers d’innocents. Même si quasiment tous les responsables de cette atrocité sont aujourd’hui décédés, les enquêteurs allemands ont déjà trouvé une petite quarantaine de personnes qui seraient encore en vie aujourd’hui. Tous nonagénaires, ils n’ont plus beaucoup de temps devant eux pour répondre de leurs crimes.

Par FRÉDÉRIC THERIN, À MUNICH
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