De nombreux commentateurs ont examiné la différence qui sépare l’appel à témoins lancé par Moïse (« Tendez l’oreille, ô cieux ! Et que la terre écoute ! » et celui prononcé par Isaïe dans le premier chapitre de sa prophétie (« Ecoutez, ô cieux, et que tende l’oreille la terre ! »).
Avant d’entonner le cantique de Haazinou, Moïse avait pris à témoins les cieux et la terre (Devarim 30, 19).
Or, on sait que les dépositions de deux témoins, pour être valables selon la Tora, doivent être entièrement concordantes, et que la moindre discordance a pour effet de les disqualifier.
En l’occurrence, les témoignages des cieux et de la terre auraient pu être invalidés au motif qu’ils n’auraient pas été invoqués de la même façon, les cieux ayant été invités à « tendre l’oreille », tandis que la terre n’aurait été sollicitée que pour « écouter ».
Voilà pourquoi Isaïe a inversé les énoncés, permettant ainsi aux cieux comme à la terre de déposer en se référant aux mêmes sollicitations, à l’écoute comme à l’oreille (D’après Rachi ad Isaïe 1, 2).
Le premier verset de la haftara que l’on récite à Chabbath chouva, d’où le nom que l’on a donné à celui-ci, commence par les mots : « Reviens (chouva), Israël, vers Hachem, ton Dieu… » (Osée 14, 2).
Il est précédé de l’annonce des punitions qui ne manqueront pas de s’abattre sur Samarie, symbole des mœurs dépravées qui caractérisaient le royaume schismatique du nord : « Samarie portera son iniquité, car elle s’est révoltée contre son Dieu ; ils tomberont par l’épée, leurs petits enfants seront écrasés, et l’on fendra le ventre à leurs femmes enceintes. »
Quel rapport relie-t-il ces deux versets, apparemment sans lien entre eux ?
Rachi l’explique par une parabole tirée du Midrach : Cela ressemble à un roi contre lequel s’était révoltée l’une de ses provinces, et qui chargea l’un de ses polémarques (titre donné dans la Grèce antique aux chefs militaires) de la détruire.
Cet officier, prudent et réfléchi, commença par lancer un ultimatum aux rebelles : « Si vous n’avez pas, dans les deux jours, fait votre soumission au roi, j’agirai envers vous comme j’ai agi envers telle autre province rebelle. »
De la même manière, la menace lancée par le prophète contre Samarie est à tenir pour une incitation au repentir des enfants d’Israël : « Faites techouva, ou sinon vous serez détruits comme Samarie ! »
Jacques KOHN.
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