Interrogatoires du Shabak, notes des services secrets allemands, rapports de commissions d’enquête de Tsahal, « l’Etat d’Israël fera tout son possible » est un ouvrage qui regorge d’informations inédites sur le sort de Ron Arad et de Guilad Shalit. Journaliste d’investigation, parfois polémique, Ronen Bergman y aborde plus largement et sans tabou l’une des questions les plus sensibles de la société israélienne : celle de ses soldats en captivité ou portés disparus. Longtemps interdit à la publication par la censure militaire, le livre de Bergman a provoqué une onde de choc en Israël. L’interview qui suit apporte des révélations exclusives…

La problématique des soldats israéliens retenus en captivité est un sujet particulièrement douloureux en Israël. Pourquoi avez-vous choisi d’y consacrer un ouvrage ?

Il n’existe pas de sujet plus sensible et singulier dans notre histoire. Seul un Israélien peut le comprendre. Les Américains ont eu 8000 soldats prisonniers ou portés disparus pendant la guerre de Corée et 2500 au Viêt-Nam. Nous, nous battons pour chacun de nos hommes. Gilad Shalit en est l’ultime illustration. Depuis trois ans, son sort suscite régulièrement un emballement médiatique, son nom est évoqué partout et son visage apparaît sur des affiches aux quatre coins d’Israël. D’autre part, les services de renseignements israéliens n’ont jamais investi autant de temps et d’efforts que pour retrouver des soldats en captivité. C’est notamment le cas avec Ron Arad.

Comment expliquer justement que le thème des soldats en captivité mobilise non seulement la société israélienne mais également toutes les communautés juives en diaspora ?

Je débute mon ouvrage en citant le Rambam : « Il n’est pas de plus grande action que la rédemption des prisonniers » (en hébreu Pidyon Shvouyim). Dans la tradition juive, l’assistance aux fils d’Israël détenus par l’ennemi est un devoir. Il est même écrit dans le Mishna que cela contribue à la réparation du monde (Tikoun olam). Ce concept de justice traduit les fondements de la solidarité juive et c’est sur ce point que s’appuie mon livre : l’Etat d’Israël fera tout son possible. J’essaie en réalité de répondre à deux questions essentielles : l’Etat d’Israël fait-il réellement tout son possible pour ses soldats et doit-il tout faire ? Aujourd’hui, le sort de nos militaires en captivité n’est pas seulement révélateur du niveau de la conscience collective israélienne ou juive, il détermine aussi la politique de notre pays. L’enjeu de la libération de Gilad Shalit, c’est un accord entre Israël et le Hamas.

Dans votre livre, documents secrets à l’appui, vous revenez sur les travaux de la commission Farkash, établie en 2005 afin de lever le voile sur le sort de Ron Arad. A quel moment précis est-il passé entre les mains des Iraniens ?
Initialement, Ron Arad est détenu par Moustafa Dirani, un membre du groupe Amal. En 1988, cet homme décide de passer dans les rangs du Hezbollah et emporte avec lui son prisonnier. Ron Arad est alors caché à Nabi Shith, un village libanais situé dans la vallée de la Bekaa. Il est gardé par le clan Shukur. Dans la nuit du 4 au 5 mai 1988, un raid de l’aviation israélienne dans le secteur entraîne la fuite des ravisseurs de Ron Arad. Au petit matin, lorsque les Shukur reviennent sur les lieux, leur prisonnier n’est plus là. Pendant six ans, on ignore ce qu’il est advenu de Ron Arad. En 1994, la capture de Moustafa Dirani par des commandos israéliens offre de nouvelles indications et relance l’affaire. Au cours de son interrogatoire, Dirani admet avoir été en contact avec des gardiens de la révolution iraniens et affirme même que Ron Arad a été transféré à Téhéran. Mais lorsque les Iraniens apprennent que Moustafa Dirani a été pris par les Israéliens, ils décident de ramener Ron Arad au Liban.

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