Correspondant de France 2, à Jérusalem Charles Enderlin vient de publier Au nom du Temple, consacré à l’irrésistible ascension du messianisme juif.

Entretien.

Charles Enderlin: « La grande mission que s’assigne le courant messianique est d’interdire toute concession quant à ce que ses rabbins et ses militants considèrent comme la Terre d’Israël ».

Correspondant de France 2 en Israël depuis plus de trois décennies, auteur de nombreux essais consacrés à l’ « histoire immédiate » du Proche-Orient et aux tourments d’Israël, l’inusable Charles Enderlin vient de publier aux éditions du Seuil Au nom du Temple , ouvrage au sous-titre éloquent:  » Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967-2013) « . Une enquête minutieuse -et vertigineuse- sur le noyautage de la société par les fantassins d’un sionisme religieux conquérant.

Le temps travaille-t-il pour l’avant-garde du sionisme religieux?

Pour l’heure, force est d’admettre que telle est bien la réalité. La grande mission que s’assigne le courant messianique est d’interdire toute concession quant à ce que ses rabbins et ses militants considèrent comme la Terre d’Israël. Déjà, l’ampleur et l’intensité de la « colonisation » rendent illusoire la création d’un Etat palestinien digne de ce nom en Cisjordanie. Si les leaders des habitants de Judée-Samarie s’opposaient si fermement à toute autonomie palestinienne, m’a avoué l’un d’entre eux, c’est qu’elle leur apparaissait comme le prologue à l’émergence d’un Etat indépendant. Issue qu’ils ne redoutent même plus. Au point de juger venu le moment d’octroyer aux Palestiniens le droit de vote ou la possibilité de circuler de Hébron à Jénine sans croiser un check-point israélien…

Le combat se mène aussi dans l’arène démographique…

« Guerre des berceaux » : dans les colonies, il n’est pas rare de compter huit enfants par foyer

De fait, un vif débat agite les démographes israéliens: à terme, les Juifs risquent-ils de devenir minoritaires entre le Jourdain et la Méditerranée ?

Ceux qui le croient prédisent l’instauration, tôt ou tard, d’un système d’apartheid. Scénario envisagé par les anciens Premiers ministres Ehud Barak et Ehoud Olmert. Sur le front de la natalité, on a beaucoup parlé d’une « guerre des berceaux » israélo-arabe. Mais tout indique que le sionisme religieux et en train de remporter celle qui l’oppose aux laïcs. Dans les colonies, il n’est pas rare de compter huit enfants par foyer.

L’essor du messianisme politique a-t-il gagné les rangs de l’armée?

Sans l’ombre d’un doute. Près de la moitié des élèves officiers et 40% des gradés de l’Infanterie se disent sionistes religieux. Beaucoup résident d’ailleurs dans l’enceinte des implantations, voire d’ « avant-postes » illégaux au regard de la loi israélienne. Pour autant, le phénomène ne va pas au-delà du grade de colonel et épargne l’état-major. Dès lors, il n’affecte pas à ce stade la doctrine militaire de Tsahal. Pragmatiques, les généraux veillent au respect des fondamentaux stratégiques. Cela posé, je vois ce courant comme un mouvement révolutionnaire pour lequel la fin justifie les moyens, qui infiltre non seulement l’armée, mais aussi l’administration, et tend à imposer sa vision dans l’opinion publique. Près de 50% des Juifs d’Israël croient d’ailleurs au retour du Messie; et plus de la moitié considèrent que la Torah a été donnée par Dieu au peuple juif. A l’inverse, la gauche sioniste libérale, hostile à tout projet annexionniste, ne pèse guère plus de 15% de l’électorat.

NDLR – L’argument de la démographie longtemps utilisé par la gauche, semble avoir fait long feu. Il était l’argument massue qui devait convaincre que seules des concessions majeures au profit des Arabes de Cisjordanie étaient la seule solution pour la paix, concessions bien sûr unilatérales. De plus, le caractère Juif de cet état devait être gommé. Là aussi une grave désillusion semble chagriner les tenants d’un état dont ils espéraient la perte totale d’identité, seul type d’état supportable à leurs yeux, et cela sans doute dans l’espoir d’une disparition programmée sous l’effet de la démographie. On devine leur chagrin que le journaliste d’Antenne veut nous faire partager avec son livre, au titre rageur.

Le scrutin législatif de janvier dernier a-t-il traduit l’ascension que vous décrivez en termes électoraux ?

Oui. Car les partis ultra-orthodoxes évincés de la coalition du Premier ministre Benyamin Netanyahou n’adhèrent pas à l’agenda sioniste. Et ils se sont vus supplantés entre autres par le parti du businessman Naftali Bennett, La Maison Juive, vecteur d’un sionisme religieux par ailleurs puissamment implanté au sommet du Likoud. Avec un Bennett ministre de l’Economie ou un Uri Ariel fondateur du Goush Emounim, le Bloc de la Foi, mouvement pionnier de la colonisation »>Article original à l’Habitat, il n’a jamais été si influent.

Un point de non-retour a-t-il été franchi?

Dans l’arène politique, c’est incontestable. La solution à deux Etats est enterrée. Va-t-on vers une confédération israélo-jordano-palestinienne ou vers une annexion pure et simple? La question doit désormais être posée en ces termes.

L’Etat d’Israël est-il devenu théocratique?

Pas encore. Mais le débat droite-gauche est ouvert. Israël doit-il être un Etat d’abord juif puis démocratique, ou démocratique d’abord et juif ensuite? En la matière, la frange la plus modérée des sionistes religieux ne pousse pas les feux. Ses animateurs savent bien qu’une partie notable de la société demeure laïque et ne veut pas d’un renforcement des lois religieuses.

Les Occidentaux ont-ils mesuré l’ampleur du phénomène?

Ils ne peuvent l’ignorer. Mais Américains et Européens refusent d’admettre que la logique d’Oslo a vécu et que la paix ne peut être instaurée dans un avenir prévisible. Tout le monde feint donc de croire à la relance d’un processus de négociation révolu.

par Vincent Hugeux, EXPRESS Article original

NDLR – L’argument de la démographie longtemps utilisé par la gauche, semble avoir fait long feu. Il était l’argument massue qui devait convaincre que seules des concessions majeures au profit des Arabes de Cisjordanie étaient la seule solution pour la paix, concessions bien sûr unilatérales. De plus, le caractère Juif de cet état devait être gommé. Là aussi une grave désillusion semble chagriner les tenants d’un état dont ils espéraient la perte totale d’identité, seul type d’état supportable à leurs yeux, et cela sans doute dans l’espoir d’une disparition programmée sous l’effet de la démographie. On devine leur chagrin que le journaliste d’Antenne veut nous faire partager avec son livre, au titre rageur.

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francine

Enderlin devrait rentrer en France et laisser Israël tranquille on a pas besoin de lui il est indésirable ses livres ne sont que des torchons qu il aille en Syrie ou ailleurs et on verra s ils lui donneront le droit de parole à ce minable de journaliste à 2 balles

Belindamichel

Je ne suis pas Israelien, tout simplement un AMI FIDELE D’ISRAEL. Bibliquement toute la palestine appartient a ce merveilleux peuple, le peuple d’ISRAEL, peuple que Dieu c’est choisi.Que DIEU bénisse ISRAEL, aimons ce peuple, soutenons ce peuple.

Armand Maruani

Enderlin ? Comme pour certains mails :  » Indésirable  » . Il ne m’intéresse pas .

Gerco

Enderlin est un type néfaste qu’il faut oublier