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Ma première réaction a été de repenser à l’Affaire Ilan Halimi », a confié le père du jeune homme victime avec sa fiancée d’une violente agression antisémite lundi à Créteil en banlieue parisienne, lors d’un entretien exclusif accordé à i24news.

« Ma première réaction a été de repenser à l’affaire Ilan Halimi. J’ai tout de suite pensé à cela », a déclaré le père de Jonathan, 21 ans, qui a été séquestré pendant près d’une heure et demi tandis que sa compagne, âgée de 19 ans était violée par trois agresseurs qui « partaient de l’idée qu’être juif signifiait que l’on avait de l’argent ».

Ilan Halimi, un jeune juif de 23 ans, avait été séquestré et torturé durant 24 jours dans la cave d’une cité des Hauts-de-Seine par le « gang des barbares » qui supposait que la victime était riche du fait de sa confession juive. Le chef de cette bande, Youssouf Fofana, a été condamné à perpétuité pour son meurtre.

« Ils savaient que je sors de temps à autre avec une kippa, ils connaissaient ma femme, ils nous cherchaient. Ils ont demandé où étaient ‘les vieux' », a raconté le père de Jonathan.

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« Ilan Halimi, AFP »

« Jusqu’à présent nous avons vécu dans un climat inter-communautaire, il n’y avait pas de soucis », a affirmé le père de la victime, soulignant néanmoins une « dégradation ces dernières années de la situation dans les quartiers », qu’il attribue à la montée de la « délinquance » plus qu’à une montée des « violences religieuses », « malgré des incidents de temps à autre ».

Selon lui, la situation pour les Juifs de Créteil n’était pas particulièrement dangereuse jusqu’à présent. « Mais lorsqu’on a affaire à des actes comme ceux-là, où les cibles sont choisies en fonction de leur religion, ça donne à réfléchir », a noté le père de la victime.

Le père de Jonathan a fait part de son désir de pouvoir vivre « sereinement » et « librement » en France, « pays laïc et démocratique.

Interrogé sur un éventuel départ de Créteil suite à l’agression, le père a avoué « ne pas vouloir réagir à chaud » tout en indiquant que sa femme se pose la question.

Deux des trois agresseurs ont été mis en examen mercredi soir pour violences en « raison de l’appartenance religieuse » et « association de malfaiteurs ». Les deux hommes sont également poursuivis pour vol avec armes, extorsion, séquestration, viol en réunion. Le troisième assaillant est toujours en fuite.

Les trois agresseurs avaient repéré les lieux un mois plus tôt, lorsqu’ils avaient roué de coups chez lui, le 10 novembre, un homme de 70 ans, également de confession juive.

« Vous êtes des juifs, vous avez de l’argent partout chez vous »

« Dès qu’ils sont entrés, ils nous ont dit : “On n’est pas là pour rien, on vous a déjà repérés, vous avez forcément de l’argent”, a expliqué Jonathan au Monde. « Du coup ils me demandaient de leur faire voir où était caché l’argent. Alors qu’il y en avait jamais eu, comme tout le monde, l’argent est à la banque », a poursuivi le jeune homme.

« Ils pensaient que mon frère gérait une chaîne de magasins, alors qu’à 20 ans, il ne peut pas gérer une chaîne, ni même être directeur. Ils nous ont dit : « Tant qu’à faire, on va cambrioler, en plus ça permet d’agresser des juifs, ça fait deux en un », assure Jonathan.

« Ils ont dit : « On va attendre les vieux juifs, ils voulaient attendre mes parents pour extirper un peu d’argent ou les frapper », dit le jeune homme. Finalement, les trois agresseurs ont pris la fuite sans s’éterniser.

La France « blessée », « abîmée » par un tel acte (Hollande)

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« Réaction de Manuel Valls après l’agression antisémite du lundi 1er décembre à Créteil, Twitter »

Jeudi, le Premier ministre Manuel Valls, puis le chef de l’Etat François Hollande, ont condamné l’agression, la qualifiant d' »horrible » et d' »insupportable ».

« Quand il se passe de tels drames, de telles tragédies ce n’est pas la famille simplement qui est blessée, agressée, c’est ce que la France porte de plus grand, de meilleur qui se trouve blessé, abîmé », a déclaré jeudi le chef de l’Etat.

Cette agression montre que « le pire existe » que « le mal traverse nos sociétés », a-t-il ajouté, dénonçant une « forme de violence d’autant plus insupportable qu’elle vise à diviser ». Un peu plus tôt, le Premier ministre Manuel Valls avait évoqué « l’horreur de Créteil » pour qualifier l’agression antisémite survenue lundi.

De son côté, Meyer Habib, représentant à l’Assemblée nationale de la 8e circonscription des Français de l’étranger, a également pointé les « nombreuses » similitudes entre l’agression de Créteil et le meurtre d’Ilan Halimi. « Dans ce cas précis, les victimes sont heureusement vivantes, mais marquées à vie », a déploré le député.

« Il s’agit clairement d’un acte à caractère antisémite. Le triste hasard fait que cette attaque a eu lieu le jour où l’Assemblée nationale a pris une décision contre-productive pour la paix et qui importe la conflit en France », a ajouté M. Habib.

Les institutions juives et de lutte contre l’antisémitisme ont également fait part de leur inquiétude en réaction à l’attaque de lundi.

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« François Hollande à l’Elysée le 2 décembre 2014 ». Miguel Medina (AFP/Archives)

« Les chiffres augmentent de façon exponentielle: aujourd’hui, être juif en France augmente sensiblement les risques d’agression! », a estimé M. Jakubowicz, président de la Licra, (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme). Selon lui, cette situation en partie par le discours de personnalités comme Eric Zemmour, Dieudonné ou Alain Soral. « Il y a une responsabilité évidente, un lien! [… »>Article original Ils arment d’une certaine façon les mains de gens faibles », a-t-il soutenu.

Le député de l’Essonne, Julien Dray a déploré le « manque d’éducation », le « manque de vigilance de la société » et le « manque de sévérité » dans la condamnation d’actes antisémites, affirmant que ces failles sont à l’origine de la multiplication des attaques. « Des tabous ont sauté, des choses que je ne pouvais pas imaginer il y a encore 10 ou 15 ans reviennent. C’est-à-dire des étoiles de David que l’on met sur vos boîtes aux lettres, des insultes régulières, des hommes qui ont des kippas et qui se font régulièrement insulter et agresser, des propos qui sont tenus dans la rue », a poursuivi l’élu. « Tout ça, c’est de l’antisémitisme banal, quotidien que vit une partie de la communauté juive française et sur cette question, il y a un manque de vigilance », a déclaré jeudi M. Dray sur RMC et BFM TV.

Selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), qui établit des statistiques basées sur les plaintes comptabilisées par le ministère de l’Intérieur, le nombre d’actes antisémites en France a presque doublé (+91%) lors des sept premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2013.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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André

Et surtout pas de stigmatisation… faudrait pas vexer ceux dont le potentiel électoral commence à faire saliver beaucoup, surtout à gauche…