Le recours en annulation des élections du Consistoire de Marseille s’invite dans la campagne du « Central »
Vous vous en souvenez certainement, l’année dernière les élections du Consistoire de Marseille (CIM) avaient défrayé la chronique. Une mobilisation sans précédant pour une campagne de trois mois avec près de 7800 inscrits, pour la troisième communauté d’Europe. Au final, une très courte victoire de seulement 36 voix pour la liste UNI menée par Zwi Ammar qui briguait un 3ème mandat, et son second, Bruno Benjamin. Le président sortant (Zvi Ammar), aux prises avec la justice, avait anticipé les élections afin d’obtenir un plébiscite. En face la liste AVEC menée par le Professeur Hagay Sobol et Joseph Aziza avait pourtant remporté 9 bureaux de vote sur 10.

La liste AVEC, ayant constaté de nombreuses irrégularités avait proposé immédiatement « une main tendue à Bruno Benjamin» afin d’éviter à la Communauté marseillaise encore plus de divisions. Cette conciliation n’a pas eu de suite contraignant la liste AVEC, privée ainsi de toute représentativité au sein du nouveau conseil, à contester les résultats.

Deux procédures distinctes ont alors été diligentées, menées par des personnes différentes : l’une auprès du Tribunal de Grande Instance de Marseille (TGI), et l’autre au Consistoire Central. Ce dernier, apprenant l’existence d’une procédure civile, s’était manifesté pour faire part de sa préséance et avait tenté de dissuader les plaignants de poursuivre leur démarche.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Malgré le dépôt d’un dossier étayé auprès du Consistoire Central, et de nombreux échanges de courriers, aucune suite n’a finalement été donnée à cette affaire.

Par contre le TGI dans une ordonnance du 13 décembre 2011 a déclaré être la juridiction compétente pour juger du contentieux électoral.

Le CIM a immédiatement fait appel de cette décision. Le 31 mai 2012 la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence a débouté Mr Ammar et son équipe qui ont été condamnés aux dépends. Ainsi, la justice, pour la deuxième fois, a donné raison aux plaignants et les juges du fond vont désormais se saisir de l’annulation de l’élection.

Mais, il y a plus intéressant encore. La justice pour prendre sa décision s’est appuyée sur deux jugements : un arrêté de la Cour d’Appel de Rouen du 4 novembre 2010 traitant d’un cas similaire de recours en annulation des élections du Consistoire de Rouen (ACIR) qui confirmait un jugement du TGI du 13 octobre 2009 concluant que le Consistoire Central n’avait pas compétence pour juger d’un contentieux électoral.

Dès lors on ne manque pas de s’étonner que ces faits majeurs et antérieurs à l’élection du CIM n’aient pas été portés à la connaissance des plaignants par les instances du Consistoire Central.

Cette actualité en rencontre une autre, les élections du Consistoire Central du 24 juin.

Ce scrutin oppose l’actuel président, Joël Mergui, cumulant également la présidence du Consistoire de Paris, à Moïse Cohen, dont on se souvient qu’il est à l’origine de la célébration du « Yom Hashoa » dans nos synagogues et qui en 1994 a pour la première fois fait rentrer des femmes au Consistoire.

Il est à parier qu’il ne sera pas possible aux deux candidats de faire l’impasse sur le dossier brulant du CIM qui alimente toutes les conversassions, puisque le « Central » y est cité à plusieurs reprises.

Les contestations justifiées et récurrentes après chaque élection aux Consistoires (de Marseille de Paris et d’ailleurs) et la complicité du Consistoire Central dans toutes ces affaires sont autant de questions importantes que l’on ne peut évacuer d’un revers de main.

Peut-on dire que les membres de la Communauté Juive que nous sommes sont coresponsables de cet état de choses ? Oui, assurément puisque peu d’entre nous s’élèvent contre cette situation intolérable, et que nous apportons globalement notre soutien lors des élections à ces hommes et femmes, qui oublient vite leurs engagements voire les trahissent.

Mais nous le sommes à un degré moindre que les auteurs de ces dénis de démocratie et de justice.

Ce qui surprend, ce n’est pas tant que les hommes soient avides de pouvoir, et sont prêts à tout pour y parvenir, mais c’est le lâche silence des autres administrateurs trouvant toujours des excuses pour faire taire leur petite conscience, et apporter leur caution à toutes ces manœuvres. Et quand nous disons administrateurs, nous devons malheureusement y inclure les rabbins qui siègent dans ces organes de décisions.

En ces temps très troubles pour la communauté, qui vit des heures difficiles, on pourrait se dire qu’il faudrait masquer ou taire toutes ces histoires.

Mais la question que l’on doit poser, nous qui devrions savoir que les épreuves ne sont jamais le fruit du hasard, est : «Dans quelle mesure ces épreuves ne sont pas une réponse à nos propres errements, et qu’elles sont là justement pour nous rappeler à nos devoirs moraux ?»

JForum

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JUGEMENT DE LA COUR D’APPEL

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LETTRE DE LA LISTE « AVEC » A Joel MERGUI

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AUTRE LETTRE DE CONTESTATAIRES A Joel MERGUI

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AUTRE LETTRE DE CONTESTATAIRES A TOUS LES ELUS DU CONSISTOIRE CENTRAL

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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corinne.lahmi

Chers amis,

Quel tristesse de lire encore des histoires de désaccord,

J’ai au fond de moi une certitude il ne faut pas déstabiliser plus encore l’institution.

Où en est notre esprit de justice et de démocratie.

Les communautés affiliées au consistoire perdent leur fidèles au crédit d’autres dont je ne critique pas la légitimité mais qui enlève au fur et à mesure la puissance de représentativité et l’image du consistoire.

J’appelle les membres dirigeants à trouver une solution pour l’amour du judaïsme, des fidèles juifs et des juifs qui veulent encore y croire.

Merci .

Lucid111

Il pourrait il y avoir une raison simple que la plupart ont oubliée:La MEMOIRE DU CONSISTOIRE

Lorsque s’est posé la question de l’intégration des juifs « fraichement » arrivés d’Afrique du nord, ce fut, outre des problèmes vitaux à régler, dispensaire de fortune, école à monter, logements.. et de multiples synagogues correspondants aux rites et traditions propres à chaque lieu d’origine, diverses et variés, certes enrichissants mais difficile à discipliner.

Il avait été choisi la méthode de ‘la COOPTATION » consistant à proposer sur les listes au Consistoire, des personnes {{validées}} afin d’opérer un équilibrage progressif à chaque élection d’1/3 des membres, les anciens ne se représentant pas, à tour de rôle, ceci sur une période de 10 ans.
C’est pourquoi,on reproche à une 3 ème et même candidature de n’être pas démocratique.

Certains nouveaux arrivants, très peu, l’ont refusé et préféré se marginaliser, plutôt que de s’intégrer, il avait été fait appel à l’arbitrage amical de Paris,et cela avait été apprécié. En effet, le président du Consistoire de Marseille était également Vice-Président du Consistoire de Paris. Et non l’inverse comme cela semblerait présenté dans le cas.

La cooptation aurait du être aboli statutairement mais on l’a laissé au cas où d’autres Juifs viendraient.
Or on assiste à une dérive de cet usage, pratiqué en situation d’urgence, qui devient le fer de lance de la nouvelle génération, avec pêle-mêle des bribes de ce système.
Toutes les communautés Juives aspiraient à être représentées, et non par copinage, comme il semble que cela le soit de nos jours

Ne serait-ce pas à titre d’exemplarité vis à vis des risques de l’Islam que les juridictions française se sont déclarées compétentes depuis 2009 et tiendront à le réaffirmer pour tous les cultes ?

Dans l’ensemble, la cooptation fut une réussite, et je dirais même un modèle d’intégration à proposer aux autres, plutôt que l’interventionnisme de l’Etat dans nos plages de liberté.

L’Etat a traité de l’ élection stricto sensus, procéduralement, sans toute la dimension éthique qui est propre à chaque Peuple. Veut-il nous organiser comme il a le devoir de la faire vis-a vis des Musulmans, qui eux sont une menace politique, pas nous !

Pourquoi ne pas simplement voter à la proportionnelle, et pas plus de 2 mandats
Et réserver la COOPTATION aux cas d’urgence ou… s’il y a Alyah massive par exemple, c’est à dire ..le contraire des musulmans !!!

Benoni

Bonjour, catholique engagé auprès d’Israël, je me permets d’intervenir sur votre site car je pense que la réaction de Guer est malheureusement pertinente en ce sens que « toute maison divisée contre elle-même ne subsistera pas »

Guer

Bonjour
En mettant en ligne ces documents, vous ajoutez la confusion à la confusion et ça profite à nos détracteurs
pour nous vilipender. Je pense qu’il est de bonne foi de chacun de croire ou non ce qui se dit mais faire ces genres de déballage en ligne est indigne de la communauté. Je sais que je prêche dans le vent mais bon…

Avraham MALTHETE

Comme le dit si bien Qohélét «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil».
Cette histoire de Clochemerle, c’est du «Iznogoud», ou encore du «Maman, il m’a pris mon hochet !»
Que cela est risible et ridicule.
Dans ce genre de péripéties consistoriales, il ne faut retenir que la première syllabe de {{con}}sistoire, ce qui qualifie bien les protagonistes.
Déjà, dès la création des consistoires israélites, sous Napoléon Ier, il y a eu une «guéguerre» du même genre à Strasbourg, entre le grand-rabbin Jacob Meyer et le président du consistoire israélite du Bas-Rhin, Israël Rehns; guéguerre – déjà ?! – entre les «orthos» et les consistoriaux, jusque dans la mort ! ! !

En effet, Israël REHNS est décédé le dimanche 16 février 1812 à 3 heures de relevée et inhumé dans la journée dans le cimetière israélite de Koenigshoffen à Strasbourg.

Voici ce que le fossoyeur, ou le gardien du cimetière, étant du côté des «orthos», a écrit à son propos et en hébreu dans le registre du cimetière : N° 107 – «Isserle Rehns, mort avec une mauvaise réputation; enterré dans la ligne, sur le côté, à la hauteur du Hassid et du saint, notre maître et rabbin, Rabbi Šemuel Rosheim, de mémoire bénie».

Qui est ce Rabbi «Šemuel Rosheim» ? Il s’agit de Samuël GOLDSCHMIDT, 91 ans, né à Mannheim (Grand-Duché de Bade), maître d’école, veuf de Madeleine Hirsch (Rosheim, 1784, 34e famille : Samuel Moyses, Maître d’Ecole, Chef, Madel Schöplich, Femme). Il porte le N° 98 et est enterré en tête de cette nouvelle ligne.

Israël REHNS a donc été enterré à l’écart, comme les repris de justice (sur les 100 premières inhumations, il y a 6 morts en prison et 1 mort de mort violente.

Cela doit être certainement l’amour du prochain pratiqué par les «orthos».

Que cela est risible et lamentable !

Jogiarmon

Votre article et les pièces rattachées montrent clairement votre engagement pour le candidat Moïse Cohen dont on connait les frasques durant son mandat comme président de l’ACIP.
Je crois que personne aujourd’hui ne souhaite revivre ces déchirements et ces divisions au sein de l a communauté juive.

yehouda72

Comment être étonné de ce qui se passe en France et de la montée de la haine du Juif, au vu de l’état de délabrement de la communauté (sic) juive et de ceux qui sont censés la diriger, rabbins comme chefs des dites communautés.
Une relecture attentive de Shlakh Lekha et des Prophètes serait du plus salutaire.
Mais je ne me fais pas d’illusion.

Au fait; que défendent encore tous ces Juifs en France?
Peut-être tiennent-ils finalement plus à leurs titres ronflants et à leur pitoyable exil qu’à la vraie vie en Eretz Israël?…