Malgré l’accord obtenu par le Brésil et la Turquie sur l’uranium iranien, les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU, et l’Allemagne, se sont mis d’accord, mardi 18, sur un projet de nouvelles sanctions contre Téhéran.REUTERS – La Chine s’est félicitée mardi de l’accord sur le programme nucléaire iranien obtenu par le Brésil et la Turquie, mais ce développement n’a pas suspendu les tractations à l’Onu, où les grandes puissances se sont entendues sur un projet de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Le projet de résolution sera présenté ce mardi dans la journée aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies, a précisé la secrétaire américaine d’Etat, Hillary Clinton.

« Nous sommes parvenus à un accord sur un projet fort, avec la coopération de la Russie et de la Chine », a-t-elle dit en rendant compte des discussions entre les puissances du « 5+1 », le groupe qui réunit les cinq membres du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) et l’Allemagne, pour gérer la crise du nucléaire iranien.

Téhéran avait pourtant accepté lundi de transférer à l’étranger 1.200 kg de son uranium faiblement enrichi – soit la majeure partie de son stock connu – en échange de combustible destiné à son réacteur de recherche médicale.
L’Iran a exclu en revanche de suspendre son propre programme d’enrichissement que les puissances occidentales jugent suspect.

« Il n’y a pas de relation entre l’accord d’échange et nos activités d’enrichissement », a prévenu le directeur de l’agence iranienne de l’énergie atomique, Ali Akbar Salehi, annonçant que l’enrichissement de l’uranium à 20% serait poursuivi.

MÉFIANCE OCCIDENTALE

L’accord conclu par la médiation turco-brésilienne reprend les grandes lignes du projet d’échange de combustible qu’avait soumis l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en octobre dernier à l’Iran. La République islamique contestait certains volets et exigeait notamment que l’échange ait lieu sur son territoire.

Face à ce blocage, le Brésil et la Turquie avaient proposé le mois dernier, lors de la conférence de révision du Traité de non-prolifération (TNP), de jouer les médiateurs.

Si la Chine a salué le résultat de leur intervention, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux estiment en revanche qu’il n’est pas de nature à dissiper les soupçons sur la finalité du programme iranien.
« L’Iran a plusieurs fois manqué à ses engagements et les Etats-Unis et la communauté internationale continuent d’avoir de sérieuses inquiétudes », a dit un porte-parole américain.

A Madrid, où il participait au sommet UE-Amérique Latine, Nicolas Sarkozy a jugé qu’il constituait « un pas positif » mais qu’il devait « s’accompagner logiquement d’un arrêt de l’enrichissement à 20% », selon un communiqué de l’Elysée.

A Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, l’a jugé encourageant. « La Chine, a-t-il dit, a pris acte des informations à ce sujet et exprime sa satisfaction à l’égard des efforts diplomatiques déployés par les parties pour trouver une solution adéquate à la question du programme nucléaire iranien. »

Membre permanent du Conseil de sécurité et important partenaire commercial de Téhéran – l’Iran lui a fourni 11,4% de ses importations de pétrole en 2009, la Chine détient l’une des clés des négociations en vue d’un quatrième train de sanctions condamnant la poursuite du programme d’enrichissement d’uranium.

Pour Guo Xiangang, ancien haut diplomate chinois en Iran, aujourd’hui vice-président de l’Institut chinois des études internationales, un centre gouvernemental d’études et de réflexion, ce développement va « ralentir les discussions sur des sanctions ».
La présentation d’un projet de résolution au Conseil de sécurité, annoncée par Hillary Clinton et confirmée de source diplomatique, semble démentir cette interprétation. Même si la présentation de ce texte n’est qu’une étape et que le chemin est encore long avant son éventuelle adoption.

CONSEIL RESTREINT À JÉRUSALEM

La Turquie, qui estimait par la voix de son ministre des Affaires étrangères qu’avec ce « tournant historique » il n’y a avait « plus de fondements à de nouvelles sanctions ou pressions », a quelque peu modifié le tir.

Dans l’après-midi, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a prévenu que l’Iran serait isolé s’il ne respecte pas les conditions de l’accord et si, dans un délai d’un mois, il ne livre pas à la Turquie les 1.200 kg d’uranium enrichi.

A Jérusalem, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réuni son cabinet restreint pour évoquer l’accord et ordonné à ses ministres de ne faire aucun commentaire public.

S’exprimant sous le sceau de l »anonymat, un responsable israélien a estimé à l’issue de cette réunion que l’accord était une ruse de l’Iran visant à desserrer la pression autour d’un quatrième train de sanctions.

Israël, qui passe pour être la seule puissance nucléaire du Proche-Orient, n’a jamais exclu de bobmarder les installations nucléaires iraniennes si la République islamique était sur le point de se doter de l’arme atomique. (Avec Parisa Hafezi à Téhéran, Dan Williams à Jérusalem, Sylvia Westall à Vienne et Simon Cameron-Moore à Istanbul,

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