Israël plaide contre l’Iran, mais pas pour la guerre

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé que l’Iran augmentait sa capacité nucléaire en violation de son accord. CréditCréditJim Hollander / EPA, via Shutterstock

 

JERUSALEM – Israël a fourni à Washington des informations sur d’éventuelles attaques iraniennes. Des analystes et d’anciens responsables de l’armée et des services de renseignements israéliens ont déclaré que le gouvernement israélien ne prévoyait pas une guerre totale entre les États-Unis et l’Iran. Une telle guerre pourrait plonger Israël dans une conflagration mutuellement destructrice avec l’allié de l’Iran au Liban, le Hezbollah.

Les analystes ont déclaré que la pression insistante sur l’Iran visait plutôt à obliger l’Iran à accepter un accord sur le nucléaire beaucoup plus sévère que l’actuel, ou à créer des conditions suffisamment terribles pour que les Iraniens excédés renversent leur gouvernement.

« Personne ne pense à un changement de régime par des moyens militaires, mais affaiblir le régime, affaiblir l’économie iranienne et amener le peuple iranien à changer de régime – c’est, je pense, l’objectif ultime », a déclaré Amos Yadlin, ancien chef à la retraite des Renseignements militaires israéliens, qui dirige l’Institut d’études sur la sécurité nationale à Tel Aviv. « Un autre résultat très positif serait l’obtention d’un meilleur accord. »

Lors de réunions à Washington et à Tel Aviv au cours des dernières semaines, les services de renseignements israéliens ont averti les Etats-Unis que l’Iran ou ses supplétifs envisageaient de frapper des cibles américaines en Irak, a déclaré un haut responsable des services de renseignements du Moyen-Orient. Israël a également mis en garde à l’encontre les attaques iraniennes contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, alliés des Américains et ennemis de l’Iran.

L’administration Trump a réagi aux menaces présumées, étayées par ses propres renseignements, en déplaçant un groupe de frappe américain, des bombardiers B-52, des F 15 et F 35 et une batterie de défense antimissile Patriot dans le golfe Persique et en actualisant les plans de guerre du Pentagone contre l’Iran.

La marine des Émirats arabes unis a escorté un pétrolier saoudien près de Fujairah lundi. Les experts israéliens affirment que l’Iran est à l’orgine des attaques contre des pétroliers dans la région le week-end dernier. CréditSatish Kumar / Reuters

Binyamin Netanyahu a travaillé main dans la main avec l’administration Trump sur sa stratégie consistant à appliquer des sanctions économiques sévères pour forcer l’Iran à retourner à la table des négociations.

Mais si la confrontation américano-iranienne déclenche un conflit de grande ampleur, voire plusieurs scénarios bien en deçà de ce scénario, Israël se trouve directement dans la ligne de mire.

Si le régime iranien pense que sa survie est menacée, ou même s’il veut faire monter les enchères et l’escalade sans, pour autant, attaquer directement les États-Unis, il est considéré comme susceptible de tenter d’entraîner Israël dans la guerre.

Certains responsables israéliens ont même affirmé que les affrontements entre Israël et les djihadistes à Gaza ce mois-ci avaient été déclenchés par le jeu d’échecs opposant l’Iran aux États-Unis. L’Iran, ont-il noté, exerce une grande influence sur le Jihad islamique palestinien, le groupe terroriste dont les tireurs d’élite ont blessé deux soldats israéliens, qu’Israël a accusés d’avoir déclenché les hostilités.

Israël pourrait être confronté à une attaque plus puissante de la Syrie, dont il parcourt le ciel en attaquant des cibles iraniennes depuis plusieurs années, en essayant d’empêcher l’Iran de s’enraciner militairement et de transférer des missiles à guidage précis à travers la Syrie vers le Liban. Sa maîtrise du ciel n’a pas été gratuitev: quand Israël a abattu un drone iranien entré en territoire israélien en février 2018, un de ses chasseurs F-16 a été abattu par un missile syrien .

L’administration Trump a réagi aux informations faisant état de menaces iraniennes en envoyant le porte-avions Abraham Lincoln dans le golfe Persique la semaine dernière. Crédit Amber Smalley / US Navy, via l’Agence France-Presse – Getty Images

Un membre du cabinet de sécurité israélien, le ministre de l’Énergie, Yuval Steinitz, a même évoqué dans un entretien télévisé dimanche la possibilité que l’Iran tente de lancer des missiles sur Israël depuis son propre territoire. Le bureau de M. Netanyahu a refusé de commenter cette déclaration.

Quelques missiles d’Irak ou d’Iran pourraient être déviés par le très réputé réseau de défense anti-aérienne israélien, qui complète le dôme de fer à courte portée avec les systèmes à moyenne portée comme la Fronde de David, et à longue portée Arrow.

Mais aucune réponse iranienne potentielle n’est plus effrayante pour Israël que si Téhéran libérait l’arsenal du Hezbollah, le groupe militant soutenu par l’Iran qui domine une grande partie du Liban. Israël dit que le Hezbollah compte quelque 130 000 roquettes, soit de quoi submerger les défenses aériennes israéliennes pendant un certain temps. L’Iran considère ces roquettes comme sa plus grande force de dissuasion stratégique contre Israël.

« S’ils utilisent le Hezbollah, ce sera dévastateur », a déclaré Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale de M. Netanyahu et haut responsable du renseignement militaire. « Je ne sais pas combien de bâtiments à Tel Aviv seront détruits. »

Les combats américains au Moyen-Orient ont provoqué des expériences resté »es inscrites dans les mémoires, en Israël : en 1991, l’Irak a tiré des dizaines de missiles Scud sur Israël après que Bagdad a été attaquée par la coalition dirigée par les États-Unis, mais l’Amérique a persuadé Israël de rester sur la touche.

Aujourd’hui, Israël se voit plus que capable de se défendre.

Dans un équilibre des forces de destruction mutuellement assuré, Israël a menacé de niveler Beyrouth et une grande partie des infrastructures du Liban en réponse à une frappe massive de missiles du Hezbollah. Et le Hezbollah est épuisé, à la fois par la réduction du soutien financier de l’Iran et par son implication dans la longue guerre civile syrienne, a déclaré Amos Harel, analyste militaire de Haaretz. «Environ un tiers de leurs effectifs opérationnels ont été victimes, soit en se faisant tuer, soit en restant gravement blessés ou mutilés », a-t-il déclaré.

Personne ne semble vouloir une guerre. Mardi, le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré : « Nous ne cherchons pas la guerre, et ils ne semblent pas non plus vouloir que ça arrive. »

Mercredi, le président Trump a déclaré au secrétaire par intérim de la Défense, Patrick Shanahan, qu’il ne voulait pas entrer en guerre avec l’Iran.

Les attaques israéliennes contre des cibles iraniennes en Syrie ne sont pas toujours gratuites: lorsque Tsahal a abattu l’an dernier un drone iranien, il a aussi perdu un chasseur F-16 touché par un missile syrien. CréditAbir Sultan / European Pressphoto Agency

Malgré ces intentions exprimées, selon les experts, il est peu probable que l’Iran reste immobile pendant que les sanctions américaines déciment son économie. Les États-Unis ne sont pas non plus disposés à tolérer les provocations iraniennes.

Les experts israéliens disent que l’Iran est à l’origine de deux attentats récents contre des pétroliers à Fajairah et contre les stations pétrolières en Arabie Saoudite, par le biais des drones des rebelles Houtis pro-Iraniens.

Les Émirats arabes unis ont annoncé dimanche que quatre pétroliers avaient été sabotés au large du port de Fujairah, au sud du détroit d’Hormuz. Mardi, des rebelles houthis au Yémen, soutenus par l’Iran, ont revendiqué la responsabilité des frappes de drones sur un oléoduc saoudien menant à la mer Rouge.

Les analystes israéliens ont déclaré qu’il était tout-à-fait prévisible que l’Iran se rende responsable de ce type d’incidents, qui devenaient tout à fait prévisible : plutôt que de céder à un nouvel accord nucléaire ou de s’effondrer sous un étouffement économique, l’Iran devait, presque nécessairement, essayer d’exercer des représailles.

«La devise des Iraniens est la suivante : si vous nous interdisez d’exporter notre pétrole et réduisez notre production et nos exportations à un demi-million de barils par jour ou moins, ce qui constitue une catastrophe économique pour l’Iran, nous nous ingérerons sur le marché du pétrole pour l’empêcher de fonctionner sans nous», explique Ehud Yaari, membre de l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient basé à Israël.

M. Amidror a déclaré que les deux épisodes, dont il accuse l’Iran, nécessitaient une forte réplique américaine. « Ils testent les Américains, pas de doute », a-t-il déclaré.

« Si les Américains agissent maintenant comme si rien ne s’était passé – » l’Iran ne nous a pas craché dessus, ce n’est que de la pluie « , a-t-il ajouté, » c’est catastrophique, car ils disent aux Iraniens: « Nous n’interférerons pas ».

M. Amidror a seulement déclaré qu’Israël ne pouvait qu’attendre de constater, comment les États-Unis réagiraient face aux provocations iraniennes qui vont en s’aggravant, et jusqu’à quel point cela permet de comprendre la volonté américaine de défendre ses alliés et vaincre ses adversaires.

« Quel genre de Moyen-Orient allons-nous affronter », demande t-il, « quand il sera clair pour les autres pays que les Américains bluffent et ne sont pas prêts à réaliser ce que les peuples attendent d’eux? »

Ronen Bergman a contribué aux reportages.

.nytimes.com

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saporta

Intox ,jeux dangereux des Iraniens quand dans un pays le pouvoir pour ce maintenir emprisonne ces citoyens ont peu s’attendre a tout depuis des lustres les dirigeant de ce pays gouverne par la terreur sur un peuple qui a envie de vivre comme tout le monde mais pour ce maintenir au pouvoir il faut designer l’autre comme étant l’affameur de même au Liban la seule solution pour garder les libanais la tête dans le sable c’est la terreur des geôles .
Espérons que ce jeux de poker menteur ne va pas entraîner les belligérants dans un scénario de non retour personne ne sort gagnant d’un conflit car c’est la vie de jeunes hommes et de jeunes filles qui sont en jeux

Bonaparte

C’est une attitude responsable .

La guerre il faut être fou pour l’a vouloir .

C’est l’ultime recours, quitte à prendre les devants si on est en danger……….comme en 67.

Bonaparte

 » Pour la vouloir  »

Scusi .

Félix Perez

Vous reprenez hélas un article du New York Times qui reste un journal absolument anti israélien. Cela se traduit ici par un article absolument défaitiste sur les capacités militaires israéliennes.
De plus ce pseudo journaliste nous décrit précisément les stratégies des multiples acteurs alors qu’elles sont a. complexes, b. intriquées, c. secrètes !

Élie de Paris

Le mot « effrayé » revient souvent dans les articles de ce canard renegade qu’est devenu ce journal, réellement antisiomite.
(qui n’arrête pas de s’excuser chaque mois dans ses débordements !)
Eh non, bien sur, il suffit de voir les teufs en Ysraël pour se convaincre que un demi million de Juifs qui vont picnicker autour d’une tombe, celle de Rabbi Shimon fils de Yo’haï la semaine prochaine avec barbecues, grillades non-stop et tentes quetsha n’est point un signe de terreur, mais plutôt une sereine certitude que tout ira le mieux possible…
En fait, la frayeur, la vraie, c’est plutôt celle de l’hainemie, qui se demande dans quoi il s’est embarqué, et comment tout arrêter sans perdre la face…
Et surtout ne pas se faire massacrer pas ses propres troupes…