Le Premier Ministre syrien, Waal Al-Khalqi savait parfaitement de quoi il parlait, lorsqu’il a déclaré, lundi 16 septembre, que le régime Assad disposait de nombreux atouts dans sa manche pour nuire à Israël et rétablir l’équilibre stratégique – même s’il se séparait de ses armes chimiques pour les passer sous contrôle international. Les navires russes étaient déjà en route vers la Syrie, chargés de ravitaillement en munitions pour que l’armée d’Assad fasse la démonstration de la justesse de ses propos.

En effet, le dirigeant syrien n’aurait jamais donné son accord de laisser partir son arsenal chimique, sans être certain de deux obstacles majeurs à sa réalisation et de deux belles récompenses en échange :

1. L’arsenal chimique de la Syrie ne peut être détruit dans sa totalité – mais seulement une petite partie. Comme l’essentiel de la rhétorique entourant cette question, la promesse qu’Ahmet Uzumcu, le président de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, a faite au Secrétaire Général de l’ONU – en disant que « l’organisation se mettra rapidement en action pour éliminer le stock d’armes chimiques » – et bien plus une façon de brasser de l’air qu’un moyen concret d’y parvenir.

L’Organisation pour la Prévention des Armes Chimiques – l’OPAC cela ne s’invente pas »>Article original – est une petite boîte à outils qui manque cruellement de main d’œuvre et de financement pour accomplir sa tâche herculéenne, que seule l’Amérique serait compétente pour réaliser. Il va sans dire que l’Administration Obama n’est pas dans le tableau, pour déployer des milliers de membres de l’armée américaine sur le terrain –même au cas, improbable, où Moscou et Damas étaient suffisamment aimables pour le souhaiter.


Ahmet Üzümcü et Ban.

Il est concevable que Washington s’accorde à former du personnel international pour démanteler ces armes chimiques. Mais cela aussi, prendrait bien une année supplémentaire, voire plus. Les unités spéciales des rebelles syriens sous commandement américano-jordanien ont reçu une formation sur la façon de manipuler des armes chimiques, en Jordanie, mais on imagine bien mal Assad leur donner l’autorisation de mettre un pied dans le pays.

2. Le second obstacle a été concocté par le régime Assad, ce lundi, en envoyant un hélicoptère M-17 de transport, utilisable comme mitrailleur contre des cibles au sol, comme appât : il a délibérément pénétré dans l’espace aérien turc. Les forces aériennes turques ont abattu l’intrus au-dessus de la région sud de Malatya, après qu’il ait refusé d’obtempérer à plusieurs sommations, sous peine que l’hélicoptère soit contraint d’atterrir en Turquie ou pourchassé jusqu’à la frontière.

Les Turcs sont, par conséquent, tombés dans le piège qu’Assad tendait sous leurs pieds. L’incident a ravivé les tensions transfrontalières et fourni à Damas et Moscou, le prétexte pour se retirer du cadre de l’accord sur les armes chimiques, sous la supervision d’une organisation internationale, tant que l’OPAC sera dirigée par un officiel turc, qui est, par-dessus le marché, un ami très proche du Ministre des Affaires étrangères turc, hostile à Assad, Ahmet Davutoglu.

3. Avant de consentir à démanteler son arsenal de gaz toxiques, Assad a obtenu, selon les sources des renseignements de Debkafile, la promesse de Moscou d’envoyer ses navires, sans délai, bourrées de vastes cargaisons de systèmes d’armements avancés.

Ces chargements sont présentés comme des compensations pour la perte de son option chimique, par le gouvernement syrien, face aux rebelles syriens. En fait, Assad se sort de l’accord américano-russe, non seulement renforcé sur le plan militaire, mais en possession d’une garantie de longue vie. Une partie de son stock chimique restera disponible pour ses forces armées et, en même temps, elles touchent le jackpot, avec des articles de premier choix, tirées des armureries russes.

4. Cette garantie de bonne et longue vie est aussi bétonnée par l’accord que le Secrétaire d’Etat John Kerry a signé avec le Ministre des Affaires étrangères russe, Sergeï Lavrov. La gestion et la destruction de ses stocks d’armes s’étalera certainement sur le très long terme. Tant que le processus traîne en longueur, Assad est assuré de rester au pouvoir, en tant que seul parti capable de le mener à terme, aussi maigre et peu crédible que soit cette perspective. Sans lui, l’accord américano-russe est mort et enterré.

Le rapport publié par les experts chimiques de l’ONU, lundi, n’a rien apporté de nouveau qui ne soit déjà connu, quant à la culpabilité du régime, dans l’attaque au gaz du 21 août. Il n’a pas inquiété Assad le moins du monde.

Il est, par conséquent, difficile de comprendre la remarque du Ministre de la Défense israélien, Moshe Ya’alon, disant que l’accord américano-russe sur la Syrie « prouve ? »>Article original qu’une menace crédible d’usage de la force peut mener à des solutions diplomatiques, pour désarmer de dangereux états-voyous et les délester de leurs armes de destruction massive ».

L’accord de Genève prépare simplement le terrain pour une campagne de communication occidentale, sous la tutelle de John Kerry, pour faire la parfaite démonstration d’une percée illusoire, visant à mettre un terme à la guerre civile syrienne, particulièrement barbare. Cela dit, rien n’a changé sur le terrain, la guerre continue avec une sauvagerie inégalée et les menaces de la Syrie et du Hezbollah libanais contre leurs voisins sont toujours en position de force.

L’adjoint au Directeur de la CIA, récemment retiré, Michael Morell, ajoute, dans Foreign Policy Article original:

« D’aucune façon, Assad ne renoncera à ses Gaz inervants »… « Je pense que cela permet aux Syriens de gagner du temps ».

« Je me déclare comme sceptique qu’Assad puisse être tout-à-fait sérieux sur ce point. Les armes chimiques sont trs faciles à déplacer » (Foreign Policy)

Voir aussi les Observations : « Inutile de retenir votre souffle, en attendant que les armes chimiques syriennes soient détruites » Ely Karmon ( Ha’aretz Article original)

DEBKAfile Reportage Spécial 17 septembre 2013, 12:12 PM (IDT)

debka.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski

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