« Moïse reçut la Torah au Sinaï et la transmit à Josué ; Josué la transmit aux Anciens, les Anciens aux Prophètes et les Prophètes la transmirent aux Hommes de la Grande Assemblée » (Avot 1.1).

Ceux-ci énoncèrent trois principes: soyez circonspects dans le jugement, formez de nombreux disciples et établissez une clôture autour de la Torah

Cette première Michna du traité des Pères enseigne la succession des générations d’enseignants de la Torah. Moïse, Josué, les Anciens, les prophètes, les gens de la grande assemblée.

Les Anciens sont les successeurs de Josué ; la Bible n’en parle pas beaucoup, elle parle des Juges, dans le livre qui porte le même nom (choftim);  Les prophètes sont connus souvent par le nom du livre qu’ils ont laissé, leur fin coïncide avec l’érection du second temple, soit une période d’un demi millénaire.

Les gens de la Grande Assemblée leur succèdent. Ce qui étonne dans cette énumération c’est la profonde dissemblance avec l’histoire juive telle qu’elle est contée par la Bible, ignorant Juges et Rois, mélangeant individus et regroupement d’individus.

De nombreuses autres questions peuvent être soulevées sur cette Michna ; le Maharal de Prague ( 16ème siècle) va faire un travail exhaustif sur cette Michna. Nous en donnons une traduction commentée.

La traduction n’est pas toujours linéaire : certains développements un peu techniques ont été omis. Mais surtout, la langue du Maharal parfois répétitive : elle fait la joie des commentateurs, mais défraie la première lecture.

Les thèmes abordés sont fondamentaux pour tout étudiant de la Torah : ils touchent en réalité à la mise en mot de la relation maître-élève ; relation complexe de par son aspect psychologique, mais aussi pour savoir ce qui se trame dans cette relation, de ce qui s’y joue.

« Moïse reçu la Torah du Sinaï » : il faut questionner (1)[1], pourquoi la question de la transmission  est l’objet de ce traité ? Et il semble que  puisque les paroles de ce traité relèvent de la morale, ils ne font donc pas partie de la Torah reçue au Sinaï,  -et si l’on affirme que tout a été reçu par Moïse au Sinaï, même ce que le dernier des élèves développera plus tard- il faut demander la place de la question de la transmission ici plus qu’ailleurs.

Aucune règle morale n’a été donnée au Sinaï, pourquoi donc introduire ce traité, qui parle essentiellement de morale, par ces développements sur  les tribulations de la transmission de la Torah ?

Et même si l’on soutient (Talmud de Jérusalem Péa 2.4) que tout ce qui sera développé par les sages des générations tire son origine du Sinaï, pourquoi parler de la question de la transmission particulièrement ici, qui ne serait dans cette hypothèse qu’un des développements énoncé au Sinaï ?

Pour pouvoir poser cette question, il faut donc affirmer qu’au Sinaï il n’y a pas eu d’enseignement moral, et s’il y en avait eu un, il ne serait que lié au discours d’un élève, car tous les discours des élèves ont été déjà dits au Sinaï.

Franck Benhamou.

[1] Les numéros renvoient aux numéros des questions.

[2] Du premier chapitre ‘Antignos a reçu…’

 

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