Zemmour, Cohn-Bendit et les autres : commentaire à Yves Mamou. Par Kalman Schnur.

Dans un article récent intitulé « Zemmour, Cohn-Bendit, les juifs et la République » Yves Mamou pose la question rhétorique « Qu’est-ce que le judaïsme de l’un ou de l’autre a à voir avec les problèmes politiques de tout le monde ? » ; et il propose des réponses.

Ses réponses détaillent les positions des deux mais n’en n’expliquent pas, me semble-t-il, suffisamment les causes. Dont voici certaines qui me semblent pertinentes :

Éric Zemmour et Daniel Cohn-Bendit sont, à leur corps défendant, très semblables et TRES Juifs. Frères siamois qui, par le hasard de leur naissance, regardent dans des directions opposées.

Les deux sont nés Juifs MAIS ni croyants ni pratiquants ; sans affinité communautaire ou presque.

Les deux ont une vision du monde indépendante de leur (théorique…) judéité. Judéité dont ils s’efforcent visiblement, à toutes fins utiles et quoi qu’ils en disent, de s’affranchir pour prendre le large en s’assimilant à une identité, croient-ils, plus « confortable » ….

C’est là où surgit leur différence. Zemmour s’efforce à s’assimiler à une certaine idée qu’il se fait de la France ; Cohn-Bendit à celle qu’il se fait de l’Europe voire du monde.

Pourrait-on en chercher la cause dans leurs origines « tribales » ? Sachant que Zemmour est d’origine sépharade (« Français berbère », se dit-il) et DCB ashkénaze (« Juif allemand », disait-on de lui en mai 68).

CAR.

Zemmour descend des Juifs de Crémieux ; « indigènes Juifs » d’Algérie devenus en 1870 Français par décret, au nez et à la barbe de leurs voisins : certes les autres « indigènes » arabo-berbères Musulmans mais aussi les européens, français ou non.

Cette francité « administrative », « artificielle », récente et de pure forme, a lourdement pesé dans la complexe attitude de ces Juifs à l’égard de la France.

« À mes yeux médusés d’enfant, le mot France brillait de tous les feux », raconte Zemmour sa foi de converti.

Amoureux transi, le syndrome de Vichy (de Stockholm, quoi….) en prime ; ce qui peut expliquer certaines de ses attitudes.

C’est de ce bois que se chauffent les Torquemada ; j’abrège.

Je maintiens que son nationalisme franchouillard en exprime les séquelles à chaque petite phrase, chaque provocation.

Etranger à Crémieux Daniel Cohn-Bendit, lui, a hérité de la Shoah.

Allergique donc (contrairement à Zemmour) au nationalisme il cherche le salut dans le supranationalisme.

Attitude qui rappelle celle de certains Juifs, pionniers du marxisme-léninisme au début du 20eme siècle, dont l’ardeur communiste (« L’Internationale sera le genre humain »…) était largement due à l’appel de Marx et la prétention de la révolution bolchevique à l’abolition des frontières « nationales ».

L’engagement gauchisant du jeune DCB (« Danny le rouge », n’est-ce pas) en ’68 s’explique donc.

Mais, héritier aussi des goulags et ayant vécu ses premières décennies dans l’ombre de l’Allemagne de l’Est, DCB adulte se doit de tourner le dos aux chimères du supranationalisme gauchisant.

Il lui reste donc l’Europe. Et le monde.

Ces deux pourraient bien être élèves talmudistes qui débattent dans la Yeshiva. Ils en sont manifestement les descendants spirituels.

On entendrait presque rire l’Histoire : à force de ne plus vouloir être Juifs, ils le sont comme personne…

Kalman Schnur   juin 2019.

Guitel Benishay

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