les frappes ciblées de la coalition au Yémen constituent un « message clair » pour les Houthis (Biden)
Les forces militaires américaines et britanniques, avec le soutien de l’Australie, du Bahreïn, du Canada et des Pays-Bas, ont frappé « un certain nombre de cibles » au Yémen associées aux Houthis, a annoncé jeudi soir le président américain Joe Biden.
« Ces frappes sont une réponse directe aux attaques sans précédent des Houthis contre des navires maritimes internationaux en mer Rouge, y compris l’utilisation de missiles balistiques antinavires pour la première fois dans l’histoire », a déclaré Biden. « Ces attaques ont mis en danger le personnel américain, les marins civils et nos partenaires, mis en péril le commerce et menacé la liberté de navigation. »
73 frappes aériennes ont été menées dans la nuit peu après minuit, en réponse aux attaques répétées des rebelles yéménites contre des navires commerciaux croisant en mer Rouge.
Le conflit Israël-Hamas se déplace au Yémen où les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit 73 frappes qui ont causé 5 morts et 6 blessés au sein des rebelles houthis. Les rebelles yéménites menacent depuis des semaines le trafic maritime international en mer Rouge en «solidarité» avec les Palestiniens de Gaza, et ont prévenu vendredi qu’ils continueraient à attaquer des navires. Paris, Moscou, Pékin et Téhéran ont réagi à ces frappes. Le Hamas avertit quant aux lourdes «répercussions régionales» de ces frappes.
Une action conjointe des Etats-Unis et des britanniques
Les États-Unis exigent que l’Iran libère le pétrolier américain qu’ils ont saisi
La marine iranienne a annoncé hier jeudi qu’un pétrolier américain arrêté contenait une cargaison de pétrole iranien qui avait été confisqué, notant que Washington avait donné l’ordre de cette action.
L’Iran avait confirmé plus tôt qu’un pétrolier américain avait été immobilisé dans la mer d’Oman, et l’agence de presse iranienne Tasnim avait confirmé que Téhéran avait émis un mandat d’arrêt judiciaire. La marine iranienne a également annoncé avoir saisi le pétrolier au large d’Oman.
Dans le même ordre d’idées, la compagnie grecque « Empire Shipping » a annoncé que le pétrolier détourné, le St. Nicholas, avait été loué à la compagnie turque « Topras ».
La société a indiqué que le pétrolier transportait une cargaison de pétrole brut pesant environ 145 000 tonnes et qu’il était en route vers la Turquie via le canal de Suez après que le pétrole ait été chargé au port de Bassorah en Irak.
Le Golfe et les eaux de la région connaissent une situation de tension croissante entre les États-Unis et l’Iran, chacun accusant l’autre d’actes de sabotage et d’escalade d’opérations maritimes illégales. Ces événements interviennent dans un contexte d’escalade dans toute la région, avec l’escalade des tensions au Yémen, les menaces de groupes extrémistes et d’éventuels mouvements militaires.
Au cours des dernières heures, les États-Unis ont appelé l’Iran à libérer le pétrolier qu’ils avaient saisi.
Les avions des armées de l’air américaines et britanniques sont entrés en action dans la nuit de jeudi à vendredi, aux environs de 00h30, pour frapper des cibles liées aux rebelles houthis au Yémen, ont assuré quatre responsables américains à l’agence Reuters. Des missiles de croisière Tomahawk auraient également été tirés depuis des navires et des sous-marins opérant dans la région. De fortes explosions ont notamment été rapportées dans le port d’Hodeïda et à Sanaa, la capitale.
Le premier ministre britannique Rishi Sunak a de son côté évoqué des «frappes nécessaires» et «proportionnées». «Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge, cette semaine encore contre des navires de guerre britanniques et américains. Cela ne peut pas durer (…) Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense», a-t-il déclaré.
Cette attaque aura de «lourdes conséquences», préviennent les Houthis
Ces frappes ont visé des radars et des infrastructures de drones et de missiles, afin de réduire leurs capacités à s’attaquer aux navires marchands en mer Rouge, a souligné le ministre de la Défense américain Lloyd Austin. «Cette opération a pour but de perturber et de détériorer la capacité des Houthis à mettre en danger les marins et à menacer le commerce international dans l’un des passages maritimes les plus importants du monde», a déclaré le chef du Pentagone dans un communiqué. Un haut responsable militaire américain a ajouté, lors d’un entretien avec la presse: «Nous avons visé des capacités très précises dans des endroits très précis avec des munitions de précision», de manière à «réduire le risque de dommage collatéral» pour les civils.
Ces frappes aériennes ont été menées sur la capitale du Yémen, Sanaa, et sur d’autres villes, Hodeida et Saada, contrôlées par les rebelles, a affirmé vendredi la chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah. «Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias des rebelles. «Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression», a-t-il menacé. «Il n’y a aucune justification à cette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge (…), et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée», a annoncé Mohamed Abdel Salam, un porte-parole des rebelles au Yémen.
L’Arabie saoudite a dit vendredi suivre avec «inquiétude» les développements au Yémen voisin, et appelé «à la retenue». Le royaume «suit avec beaucoup d’inquiétude les opérations militaires en mer Rouge et les frappes aériennes sur un certain nombre de sites» au Yémen, a affirmé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué, en appelant «à éviter l’escalade».
Les agressions des rebelles se sont multipliées depuis le 7 octobre
Depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, les rebelles houthis, qui sont proches de l’Iran et contrôlent une grande partie du Yémen, multiplient les attaques en mer Rouge afin d’y entraver le trafic maritime international, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. En réponse, les États-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12% du commerce mondial. Certains armateurs contournent désormais la zone, ce qui a fait grimper les coûts de transport entre l’Europe et l’Asie.
Plus tôt cette semaine, les forces américaines et britanniques avaient abattu en mer Rouge 18 drones et 3 missiles tirés par les rebelles houthis dans le cadre d’une attaque «complexe de conception iranienne», selon Washington. Les drones et les missiles avaient été abattus par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower, de trois destroyers américains et d’un navire de guerre britannique, le HMS Diamond. Et Londres avait aussi annoncé qu’une autre frégate, le HMS Richmond, était en route pour la mer Rouge afin d’y contrer les «attaques» des Houthis.
Le Hamas annonce de lourdes «répercussions» régionales
Les frappes américano-britanniques contre les rebelles Houthis auront «des répercussions sur la sécurité régionale», a prévenu vendredi le mouvement islamiste palestinien Hamas dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram. «Nous condamnons vigoureusement la flagrante agression américano-britannique sur le Yémen. Nous les tenons pour responsables des répercussions sur la sécurité régionale», a averti le Hamas.
L’Otan qualifie les frappes contre les Houthis de «défensives»
L’Otan a estimé vendredi que les frappes aérienne étaient «défensives», appelant les Houthis à mettre fin à leurs attaques. «Ces frappes étaient défensives et visaient à préserver la liberté de navigation dans l’une des voies maritimes les plus importantes au monde», a indiqué Dylan White, porte-parole de l’Alliance. «Les attaques des Houthis doivent prendre fin», a-t-il ajouté.
La France soutient «ses partenaires» pour la «sûreté maritime» de la zone
La France renouvelle sa condamnation des attaques menées par les Houthis qui portent atteinte aux droits et aux libertés de navigation et exige que les Houthis y mettent fin immédiatement. Par ces actions armées, les Houthis portent la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade régionale. Par sa résolution 2722, le Conseil de sécurité a rappelé, le 10 janvier 2024, que l’exercice des droits et libertés de navigation doit être respecté et que les États ont, en accord avec le droit international, le droit de réagir à ces attaques. La France continuera à assumer ses responsabilités et à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone en lien avec ses partenaires, comme elle a été appelée à le faire les 9 et 11 décembre dernier lorsque la frégate Languedoc a été conduite à détruire des drones.