Au Venezuela, Maduro dénonce « une tentative d’incursion armée »

Les autorités ont annoncé l’arrestation de deux Américains « parmi un groupe de mercenaires » et accusent l’opposant Juan Guaido.

Par  Publié hier à 10h37, mis à jour hier à 19h10

 

Des forces de sécurité sur la côte de La Guaira, le 3 mai 2020.
Des forces de sécurité sur la côte de La Guaira, le 3 mai 2020. Matias Delacroix / AP

L’opération « Gedeon », qui a démarré dimanche 3 mai au petit matin sur les côtes du Venezuela, a tourné court. Huit personnes ont été tuées, une douzaine d’autres ont été arrêtées, dont deux ressortissants américains. C’est le bilan fourni dimanche soir par les autorités vénézuéliennes, qui dénoncent une « tentative d’incursion armée » menée par « un groupe de mercenaires en provenance de Colombie » et à la solde des Américains. « Leur objectif principal était de me tuer », a précisé le président Nicolas Maduro lundi après-midi. A Miami, Jordan Goudreau, un Américain de 43 ans, vétéran d’Afghanistan et directeur d’une entreprise de conseil en sécurité, la SilverCorp USA, affirme avoir dirigé l’opération « Gedeon ».

Washington, Bogota et l’opposition vénézuélienne démentent tout contact avec le personnage et toute participation dans l’opération ratée. Le député et président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, reconnu par Wahington et une soixantaine de pays comme chef de l’Etat légitime, dénonçait dimanche un « montage fabriqué de toutes pièces » par le pouvoir chaviste, avant d’exiger lundi « le respect des droits de l’homme et toutes les garanties fondamentales » pour les détenus.

« Options épuisées »

Dans un pays paralysé par la pandémie de Covid-19 et le manque d’essence, les faits ont surpris. Dimanche en début d’après-midi, le ministre de l’intérieur, Nestor Reverol, annonce que les forces armées ont, à l’aube, neutralisé « une tentative d’invasion maritime », sur la côte de La Guaira, à une quarantaine de kilomètres de Caracas. Selon le ministre, un groupe de mercenaires en provenance de Colombie a tenté de pénétrer au Venezuela « dans le but de commettre des actes terroristes ».

Les opposants vénézuéliens, qui ont perdu le compte des dénonciations par le gouvernement chaviste des tentatives d’assassinats et de coups d’Etat, soupçonnent alors le pouvoir de vouloir faire diversion. Deux jours plus tôt, une mutinerie dans la prison de Los Llanos s’est soldée par la mort de 47 détenus, selon un bilan non officiel et encore provisoire.

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Sur les réseaux sociaux, l’opposition moque la petitesse de « l’invasion maritime supposée ». Mais, dimanche après-midi, plusieurs groupes de militaires vénézuéliens déserteurs revendiquent l’opération « Gedeon » dans des vidéos publiées sur le réseau Twitter par le compte « Carive15 ». Sur l’une d’entre elles, un capitaine de la garde nationale, Javier Nieto, apparaît aux côtés de Jordan Goudreau. « Il est évident que les options électorales, démocratiques et politiques sont épuisées », explique M. Nieto pour justifier le recours aux armes contre « la dictature de Nicolas Maduro ».

Entraînement en Colombie

M. Goudreau explique pour sa part que plusieurs cellules sont en action, pour atteindre, entre autres, « le cœur de Caracas ». Il appelle « les Vénézuéliens et les membres des forces armées, qu’ils soient officiers ou subalternes, à se joindre à la cause ». MM. Nieto et Goudreau vivent à Miami. Mais les « Vénézuéliens patriotes » ont bien été entraînés en Colombie, selon l’agence de presse AP.

Goudreau et Nieto

Lundi, toujours de source officielle, deux nouveaux groupes de mercenaires ont été interceptés sur la côte vénézuélienne. A Chuao, un village producteur de cacao dans l’Etat d’Aragua, à 80 km à l’ouest de Caracas, huit individus ont été arrêtés. Les autorités ont publié leur image, à terre dans la rue, les mains menottées dans le dos. Parmi les détenus se trouvent Antonio Sequea, un militaire qui avait participé à la tentative de soulèvement militaire avortée du 30 avril 2019, et Josnars Adolfo Baduel, fils du général Raul Isaias Baduel, qui fut très proche d’Hugo Chavez avant d’être incarcéré en 2009. Sur la chaîne publique VTV, M. Maduro a présenté les deux Américains arrêtés comme étant des « membres de la sécurité » de Donald Trump. Ce à quoi le président américain a répondu : « Je viens d’être informé. Cela n’a rien à voir avec notre gouvernement ».

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Caracas n’exclut pas que d’autres commandos soient toujours opérationnels. L’armée, qui reste en état d’alerte, dit avoir déployé 25 000 soldats pour les neutraliser. C’est beaucoup dans un pays qui vit et survit au ralenti. Mais le pouvoir chaviste n’a pas oublié que la justice américaine a, en mars, formellement accusé le président Nicolas Maduro de narcoterrorisme et qu’elle offre, depuis, lors 15 millions de dollars (14 millions d’euros) pour son arrestation.

Interviewé par la presse vénézuélienne et américaine, M. Goudreau a déclaré que l’opération « Gedeon » avait été négociée avec M. Guaido pour un montant de 213 millions de dollars. L’opposant n’aurait payé qu’une infime partie du montant prévu, et lâché l’affaire en cours de route. Caracas affirme détenir les preuves contre M. Guaido, accusé d’être « l’auteur intellectuel de l’opération Gedeon ». L’opposant fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires.

lemonde.fr

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