Présidentielle 2022 : pour Valérie Pécresse, plus dure sera la chute.

Ceux du LR qui ne se sont pas présentés ont eu raison, une candidature ça se travaille, plusieurs mois voire plusieurs années à l’avance. Tout a été tardif dans le cas de Pécresse. Seuls ceux qui étaient rodés avaient leur chance. Etre une femme ne fait pas tout, sauf être une victime à qui l’on a fait croire qu’elle pourrait gagner.

La candidate LR n’est jamais parvenue à créer l’engouement autour de sa candidature. Question de personnalité ?

Sa défaite écartèle un peu plus la droite.

C’est une fiction issue de notre culture gaullienne : l’élection présidentielle serait la « rencontre » entre un candidat et le peuple français. La formule tient du lieu commun, tant commentateurs et élus la serinent à longueur d’interventions télévisées. L’élimination de Valérie Pécresse dès le premier tour, avec 4,7 % des suffrages, rappelle à quel point elle demeure une réalité. Jamais la candidate n’a su tisser un lien charnel avec les Français. Jamais l’offre politique de l’ancienne ministre n’a été identifiée par le peuple de droite, qui s’est réfugié dans les bras d’Emmanuel Macron et d’Eric Zemmour.
Valérie Pécresse est partie en campagne lestée d’un boulet : l’état de son parti, Les Républicains. Elle portait les couleurs d’un mouvement en crise existentielle, pris en tenaille depuis 2017 entre En Marche et le Rassemblement national. Elle n’a pas su résoudre cette équation politique ni expliquer la raison d’être de la droite. Le vote LR s’est mué en vote inutile, simple bulletin pour un résidu d’électeurs légitimistes. A ce casse-tête structurel s’est ajouté un sujet personnel : l’incapacité de Valérie Pécresse à endosser le costume de candidate à la magistrature suprême.

Pas à l’aise sur le terrain… et en meeting

Ce scrutin est empli de codes contradictoires. Tout candidat doit allier charisme et sens de la proximité. Valérie Pécresse n’a coché aucune des deux cases. Son image fut atteinte par son meeting au Zénith de Paris, où elle est apparue robotique face à une foule en fusion. Pas au niveau pour une telle grand-messe. Pas assez transgressive pour casser ce format traditionnel de la Ve République. L’épisode résume le tempérament de Valérie Pécresse. Les réseaux sociaux, où règnent en maîtres les disciples d’Eric Zemmour, ont figé cet échec dans la mémoire collective.
Sur le terrain, elle a peiné à nouer des échanges chaleureux avec les électeurs. Comme ce jour de février, au salon de l’Agriculture, où elle demandait machinalement aux visiteurs leur région d’origine. « Bonjour la Bretagne ! », « Bonjour l’Alsace ! », leur répondait-elle. Les conversations légères, qui laissent un souvenir impérissable au badaud, ne sont pas son fort. N’est pas Jacques Chirac qui veut. « Elle est intelligente mais inadaptée socialement, analyse un cadre LREM qui la connaît bien. Elle parle à Bernard Arnault comme à la boulangère du coin. C’est trop long pour l’un et incompréhensible pour l’autre. »
Ces carences ont été rédhibitoires. D’autant que Valérie Pécresse avait à combler un déficit de notoriété. Elle a occupé des ministères techniques sous Nicolas Sarkozy. Sa désignation comme candidate LR ne fut pas le fruit d’une épopée, mais d’une victoire surprise dans un scrutin interne. Le changement de division fut trop brutal. « Elle a toujours eu de la retenue dans sa vie publique. Et d’un coup on lui dit qu’il n’en faut plus, résume le sénateur LR des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi. A 25 ans c’est facile. Plus tard, c’est plus compliqué. »

Sarkozy, l’occasion manquée.

La panoplie du parfait candidat comporte autorité et indépendance. Le futur chef des armées ne saurait être sous tutelle. A l’image de la droite, Valérie Pécresse ne s’est pas affranchie de celle de Nicolas Sarkozy, dont le silence hostile a empoisonné sa campagne. Deux jours après la révélation par Le Figaro de propos cinglants tenus en privé par l’ex-chef de l’Etat, la prétendante LR a honoré un rendez-vous dans le bureau parisien de ce dernier. « Devait-elle l’appeler pour annuler la rencontre ?, s’interroge à haute voix son directeur de campagne Patrick Stefanini. Ce n’est pas facile pour quelqu’un qui a été son ministre, mais un homme ou une femme se construit en tuant le père. » Elle n’a pas coupé le cordon. Sauf en toute fin de campagne, quand il était acquis que Nicolas Sarkozy ne bougerait pas un orteil pour elle. Trop tard.
Dernières qualités attendues chez un aspirant élyséen : la simplicité et la clarté. Là encore, Valérie Pécresse a raté l’examen. Elle a décliné un catalogue de mesures pendant la campagne, sans définir de manière concise son offre politique. Jacques Chirac combattait la fracture sociale en 1995, Nicolas Sarkozy vantait son « Travailler plus pour gagner plus » douze ans plus tard.
Comment définir le « Précressisme » ? La question est restée sans réponse. « J’aurais dû lui dire plus tôt et fort : ‘tu as le projet le plus riche, tu dois choisir une clef d’entrée et la marteler », admet Patrick Stefanini. La campagne de Valérie Pécresse laisse une étrange sensation. Une indifférence polie a accompagné la candidate, qui n’aura déclenché ni haine ni passion. Sa défaite est à la mesure de sa course élyséenne : sans éclats.
Paul Chaulet

 

 

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2 Commentaires
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Bonaparte

Elle se voyait déjà  » en haut de l’affiche  » alors qu’en fait elle  » marchait  » pour Macron .
Ils nous prennent tous pour des c…..

galil308

Qu’ils tentent de nous prendre pour des imbéciles n’est pas nouveau, que nous tombions dans leurs pièges.. non plus..
Deux citations à méditer :
De Charles Pasqua : les promesses électorales n’engagent que ceux qui les écoutent..
De Georges Frêche : la politique est l’art de faire voter les cons..