VIDÉO – Le jeune garçon a été interpellé dans la Marne. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «dénonciation de crime imaginaire» et «divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse».

Âgé de 16 ans, un adolescent soupçonné d’être à l’origine de la fausse alerte qui a provoqué samedi une vaste opération antiterroriste à Paris, a été arrêté lundi et placé en garde à vue. Le jeune garçon a été arrêté en début d’après-midi dans la Marne.

Selon des sources proches de l’enquête, un deuxième adolescent est toujours recherché. Les enquêteurs de la brigade criminelle de la PJ parisienne privilégient pour le moment la thèse d’un acte malveillant, qui serait l’œuvre de hackers.

Manuel Valls, qui s’est exprimé lundi après-midi sur l’arrestation de l’adolescent, a qualifié cet acte de «mauvaise plaisanterie». Il a ajouté qu’au vu du contexte actuel, celui-ci devrait être «lourdement sanctionné». «Dans ces moments-là de gravité, ceux qui se livrent à ces mauvaises plaisanteries, qui détournent l’attention des forces de l’ordre, qui provoquent de la panique, méritent évidemment d’être lourdement sanctionnés», a déclaré à la presse le premier ministre, en marge d’un déplacement à Montargis (Loiret).

Bernard Cazeneuve a pour sa part affirmé, lundi après-midi, que «l’Etat se constituera partie civile pour obtenir réparation du préjudice subi». Dans ce communiqué, le ministre de l’Intérieur a ajouté que «détourner de leur mission les femmes et les hommes qui sont garants de notre sécurité et de notre protection, c’est prendre un risque inadmissible».

«On a fait ça pour le buzz»

Samedi après-midi, la préfecture de police avait indiqué qu’une opération de police était en cours dans le premier arrondissement de Paris. Immédiatement, l’application du ministère de l’Intérieur Système d’alerte et d’information des populations (SAIP), accessible aux possesseurs de Smartphones, a alerté sur un attentat perpétré dans une église de la rue Saint-Denis. Avant que la menace ne soit levée, la nouvelle a provoqué un vif émoi. Des témoignages inquiétants et des rumeurs de prise d’otages ont circulé. Sur Twitter, la préfecture de police recommandait de se mettre à l’abri. Peu avant 17h, les doutes ont finalement été levés par la préfecture de police et le ministère de l’Intérieur. «Fin de l’intervention des forces de l’ordre, aucun danger à signaler», a écrit la préfecture. «Les circonstances qui ont mené à cette intervention restent à déterminer avec précision» avait indiqué le ministre Bernard Cazeneuve.

Dimanche soir, nos confrères de l’Obs ont publié un entretien avec deux adolescents qui revendiquaient être à l’origine de cette fausse alerte. Ils se présentent sur les réseaux sociaux sous les pseudonymes de «Tylers Swatting» et «Zakhaev Yamaha» et disent avoir 16 ans et 17 ans. «Le projet initial était de «swatter» une mosquée mais après Saint-Etienne-du-Rouvray, on s’est dit que ça marcherait mieux avec une église», ont-ils déclaré, en référence au meurtre d’un prêtre le 26 juillet dernier. Une attaque qui avait été revendiquée par l’Etat islamique. Le «swatting» à mobiliser les forces de l’ordre sous un faux prétexte, comme par exemple une alerte à la bombe, une prise d’otages ou un meurtre. «On a fait ça pour le buzz. Si les gens ont eu peur, c’est leur problème…», a raconté à L’Obs l’un des deux adolescents.

Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «dénonciation de crime imaginaire» et «divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse». D’après le Code pénal français, diffuser une fausse information «dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise» est punie de deux ans de prison et de 30.000 euros d’amende.

Cette fausse alerte s’est produite alors que la menace terroriste est «maximale» en France, selon Manuel Valls. Depuis 2015, le pays a été la cible d’une série d’attentats, qui ont provoqué la mort de 238 personnes.

Canular téléphonique et faux attentat: qu’est-ce que le «swatting» ?

FOCUS – Ce phénomène, qui consiste en la dénonciation d’un faux crime à la police, est à l’origine de l’alerte attentat qui a touché une église samedi à Paris.

Peu importent les conséquences, pourvu que cela fasse du bruit. La fausse alerte à l’attentat qui a mobilisé les forces de l’ordre à Paris, samedi, serait le fait d’adolescents à la recherche de «buzz», d’après les informations de l’Obs. Il s’agirait d’adeptes du «swatting», une pratique connue du milieu des youtubeurs et des joueurs de jeux vidéo en ligne. Le Figaro fait le point sur le phénomène.

Qu’est-ce que le «swatting»?

Le «swatting» est un canular adapté à la sauce des réseaux sociaux et de la vidéo en direct. Il consiste en la dénonciation de faux crimes à des services d’urgence, notamment la police, afin de motiver leur déploiement dans un endroit en particulier. Il s’agit souvent de faire débarquer une équipe d’intervention chez une personne, en faisant croire aux autorités qu’elle s’apprête à commettre à crime ou qu’elle vient de passer à l’acte. D’où le terme de «swatting», dérivé de l’acronyme «SWAT», qui désigne une unité d’intervention d’urgence des polices américaines. L’expression n’est pas neuve: le site Know Your Meme, spécialisé dans les phénomènes en ligne, estime son apparition en 2007, date de la publication d’un article à ce sujet dans l’Urban Dictionnary.

• Où est né le «swatting»?

En dix ans, de mutiples cas de «swatting» ont été répertoriés dans le monde. Dès 2008, le FBI s’inquiétait de ce phénomène en publiant sur son site un article intitulé «Ne passez pas cet appel». «Ces appels sont dangereux pour les autorités comme les victimes», expliquait alors l’agence fédérale. «Les personnes à l’origine de ces appels parlent souvent de prise d’otages ou de bombes qui vont exploser. (…) Cela empêche les agents de se rendre sur de vrais lieux de crimes, et ils sont mis en danger car les personnes ciblées peuvent tenter de se défendre.»

Les «swatters» ont généralement recours à des outils techniques pour ne pas se faire prendre, en passant par des services permettant d’afficher un faux numéro, des modificateurs de voix, des serveurs anonymes, etc. Les victimes de «swatting» sont variées. Des célébrités, comme les chanteurs Lil Wayne ou Justin Bieber, ont déjà été visées. Néanmoins, le phénomène touche plus particulièrement la communauté des jeux vidéo en ligne. Plusieurs personnalités du milieu, youtubeurs ou utilisateurs populaires du service de diffusion en direct Twitch, en ont été victimes.

• Quel est l’intérêt du «swatting»?

Le «swatting» est utilisé dans plusieurs contextes. Ses auteurs peuvent s’y adonner par simple défi. Plus la cible est impressionnante, mieux c’est. Un bon «swatting» est un «swatting» qui fait parler de lui. Les personnes à l’origine de ce genre de canulars visent généralement des cibles très exposées médiatiquement, comme des écoles, des lieux d’événements sportifs ou de concerts. L’un des auteurs présumés de l’appel de samedi s’est réjoui sur Facebook d’avoir «fait déplacé des hélico, le gouvernement, 50 voitures de flics» (sic) et que son méfait ait été discuté sur Twitter, Periscope, Facebook et BFMTV. Il a aussi fait profiter de son appel à la police en direct à des amis sur Skype. Ce besoin d’exposition est la raison pour laquelle le phénomène s’est aussi développé sur Twitch: rien de mieux que de voir un «swatting» se dérouler en direct.

Le «swatting» est aussi un outil de harcèlement en ligne. Fin 2014, un adolescent canadien a été arrêté pour avoir envoyé la police chez une quarantaine de personnes dans le monde, en grande majorité des femmes. Le «swatting» peut d’ailleurs avoir des conséquences dramatiques. En France, le hacker Ulcan s’en est pris à un journaliste du site Rue89 et à son son père. Ce dernier a vu débarquer le GIGN à son domicile. L’homme, qui souffrait d’hypertension artérielle, sera victime d’un infarctus quelques jours plus tard, provoquant son décès.

• Que risquent les auteurs de «swatting»?

D’abord un peu dépassées par le «swatting», les autorités françaises communiquent désormais sur le phénomène et préviennent que ces actes ne sont pas impunis. Un «swatter» peut être jugé pour fausse alerte et risque deux ans d’emprisonnement ainsi que 30.000 euros d’amende. Ce délit n’est pas réservé au «swatting», mais sert désormais de base à la condamnation de ce genre de méfaits. Cet été, un adolescent a été condamné à cette peine maximale pour avoir provoqué l’arrestation d’un joueur de jeux vidéo en direct, ainsi que celle de sa compagne. Deux autres personnes ont été condamnées à six et dix-huit mois de prison avec sursis pour avoir partagé la vidéo sur Internet. Au début de l’année, une autre affaire de «swatting», impliquant cette fois-ci des alertes à la bombe dans des lycées parisiens, avait mené à la mise en examen de l’administrateur d’un outil de messagerie sécurisée ayant permis la publication d’un message de revendication par les auteurs des appels. Interrogés par l’Obs, les deux adolescents qui revendiquent la fausse alerte attentat de samedi affirment ne pas avoir peur de la police. 

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