Pour réussir son blitzkrieg, l’homme d’affaires a mis les experts en sondages, spécialistes de la com et conseillers en tout genre, au chômage. Une première.

Il y a un groupe qui fait particulièrement grise mine depuis le début des primaires américaines. Ce sont tous les consultants politiques républicains. Parce que Donald Trumples condamne au chômage. Ceux d’abord qui ont été embauchés à grand prix par ses rivaux vont bientôt se retrouver sans travail puisque le promoteur immobilier est bien placé pour remporter l’investiture. Mais surtout, Donald Trump ne s’appuie officiellement sur aucun expert en sondages, spécialiste de la com ou conseiller en tout genre. Il a en tout et pour tout un directeur de campagne, Corey Lewandowski, qui a travaillé précédemment pour Americans For Prosperity (une organisation financée par les frères Koch, deux milliardaires très conservateurs) et une directrice en communication de 26 ans dont c’est la première expérience en politique.

George Bush avait comme gourou Karl Rove, Obama a beaucoup compté sur David Plouffeet David Axelrod pour se faire élire et réélire, et Donald Trump, qui consulte-t-il en politique étrangère par exemple ? « Lui-même », répond-il avec une franchise déroutante. « Je confère avec moi-même, en premier lieu, parce que j’ai un très bon cerveau et j’ai dit beaucoup de choses », affirmait-il dans une interview récemment. « J’écoute beaucoup de gens, je parle à beaucoup de gens, et quand le moment sera venu, je vous dirai leurs noms. Mais mon principal consultant est moi-même, et j’ai un bon instinct pour ce genre de chose. »

Il a finalement publié lundi une liste de conseillers sur les questions internationales qui laisse les spécialistes dubitatifs et pas vraiment rassurés. La plupart sont totalement inconnus, ce qui a conduit tous les pontes républicains à se précipiter sur Google à la recherche de quelques informations biographiques. Sans succès. Deux d’entre eux au moins ont mis en garde publiquement contre l’instauration prochaine de la charia aux États-Unis. Interrogés par les médias, les cinq hommes ont déclaré n’avoir jamais parlé à Donald Trump, même si quelques-uns lui ont fourni des analyses écrites.

Campagne hétérodoxe

Alors que ses chances de victoire se précisent, Donald Trump continue à mener une campagne hétérodoxe qui redéfinit les règles de la politique. Et ce ne sont pas juste ses déclarations fracassantes qui auraient torpillé la candidature de n’importe quel autre candidat. Il n’a quasiment pas de programme politique. Sur son site internet, il a listé six points – réforme de la santé, immigration, réforme du Code des impôts, réforme commerciale avec la Chine… -, sans donner de détails et en laissant de côté des pans entiers comme l’Éducation ou l’Économie.

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Son organisation sur le terrain demeure minimale, comparée à celle de Ted Cruz, avec peu de bénévoles, de relances téléphoniques, d’envoi de prospectus électoraux… En Caroline du Sud par exemple, il a dépensé 1,6 million de dollars en publicité télévisuelle, bien moins que ses rivaux ; s’est contenté d’envoyer une carte de Noël à ses militants ; et a fait venir quelques bénévoles d’autres États pour mobiliser les électeurs. Ce qui ne l’a pas empêché de gagner avec 10 points d’avance. Il continue d’organiser de grands meetings électoraux alors que les autres candidats alternent avec les traditionnelles visites dans les maisons de retraite et les cafés.

Plus étonnant encore, son message va à l’encontre des conventions habituelles. Au lieu d’adapter son discours à chaque État, il se contente de répéter les mêmes considérations générales. Toujours en Caroline du Sud, qui abrite une prison à haute sécurité où pourraient être transférés des détenus de Guantánamo, il a à peine parlé de terrorisme. Il préfère insulter Ted Cruz et se présenter comme le sauveur de l’Amérique en vantant son génie et accessoirement ses steaks, ses terrains de golf, ses hôtels…

Faibles dépenses

Toute campagne digne de ce nom fait appel aujourd’hui à des firmes spécialisées qui utilisent des technologies très sophistiquées pour identifier les électeurs potentiels. Donald Trump, lui, n’a commencé qu’à l’automne à mettre en place une équipe analytique. Il n’a pas non plus de consultant en sondages, qui aident en général à affiner le message. Hillary Clinton, elle, a dépensé 354 000 dollars en sondages rien qu’au mois de février, et Bernie Sanders près de 600 000 dollars. Selon l’analyse du journal Politico publiée le mois dernier, Donald Trump a déboursé pour sa campagne 290 000 dollars en données et télémarketing, mais 542 000 dollars en casquettes et tee-shirts estampillées de son slogan « Rendre à l’Amérique sa grandeur ».

Le plus original, c’est sa stratégie publicitaire. Trump continue de dépenser une misère en spots télévisés, 3,5 millions exactement en février, contre 17,4 millions pour Hillary Clinton, et 20 millions pour Bernie Sanders. Il n’en a guère besoin puisqu’il sature déjà les ondes, entre ses tweets incessants et ses apparitions dans les médias, qui lui assurent une énorme publicité gratuite dès qu’il prononce le moindre mot. Encore plus stupéfiant, alors que les primaires battaient leur plein le mois dernier et que tous les candidats investissaient massivement, Donald Trump s’est payé le luxe de réduire ses dépenses ! Toujours selonPolitico, il a déboursé 9,5 millions de dollars contre 11,5 millions en janvier, bien moins que les 17,5 millions de Ted Cruz, les 31,6 millions d’Hillary Clinton et les 41 millions de Sanders

Si Trump tient serrés les cordons de la bourse, c’est peut-être parce qu’il ne tient pas à vider ses caisses. Jusqu’ici, le promoteur new-yorkais a investi près de 25 millions de dollars de sa fortune personnelle dans sa campagne, selon les rapports de la Federal Election Commission Reports. Mais s’il clame partout qu’il finance seul sa campagne, il ne crache pas sur les dons de ses partisans, qui totalisent 9,5 millions de dollars. Reste à savoir si cette absence d’infrastructures et ce bricolage permanent vont suffire à concurrencer l’énorme machine Clinton.

Le Point.fr


Les sorties cultes de Donald Trump par LePoint

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