Les médias affirment que les chants de la foule de Sydney appelant au massacre des Juifs « célèbrent le changement de régime syrien »

Rachel O’Donoghue

La chute du président syrien Bachar el-Assad marque la fin d’un régime brutal qui a ravagé le pays pendant des décennies et déclenché l’une des guerres civiles les plus sanglantes de l’histoire moderne. C’est sans aucun doute un moment que beaucoup attendaient depuis longtemps.

Des scènes de liesse ont éclaté en Syrie et dans le monde entier, les réfugiés de ce pays déchiré par la guerre célébrant dans les rues alors que se répandait la nouvelle de la fuite d’Assad suite à une avancée éclair des rebelles.

Mais au milieu de cette joie, quelque chose de plus sombre a surgi: l’antisémitisme auquel nous sommes malheureusement habitués dans de tels moments.

En Australie, une foule nombreuse de Syriens a été filmée en train de scander : « Khaybar, Khaybar Ya Yahud, Jaish Mohammed Sauf Ya’ud », une référence effrayante au massacre de Juifs perpétré au VIIe siècle par l’armée de Mahomet. Le message actuel du slogan est sans équivoque : un appel à la violence contre les Juifs.

Aussi troublante que soit cette scène – une foule en plein jour à Sydney, incitant ouvertement à la haine et à la violence –, ce qui a suivi était sans doute pire. News.com.au, le média d’information le plus lu en Australie , a décrit l’incident comme « des Australiens célébrant le changement de régime syrien » dans une vidéo publiée sur son site Internet.

Cette déformation grossière de l’événement est choquante, non pas nécessairement par malveillance, mais par pure négligence journalistique. Le journaliste a probablement vu une vidéo de danse et de chants arabes de célébration et a supposé que c’était innocent.

Mais l’ignorance ne peut pas être une défense pour les journalistes et les rédacteurs en chef.

Le rôle du journaliste est de dissiper l’ignorance, et non de la perpétuer. Son rôle est de fournir des faits, un contexte et des explications, afin de s’assurer que son public comprenne la réalité de ce qu’il voit.

Lorsqu’un journaliste est confronté à des images de Syriens à Sydney scandant des slogans en arabe, il a le devoir de découvrir ce qui se dit, en particulier lorsque ces slogans véhiculent un ton de haine si évident.

La situation est encore pire lorsque news.com.au a réagi aux critiques. Au lieu de publier un rectificatif et des excuses après que HonestReporting a donné l’alerte, le site a discrètement supprimé les images de son site.

News.com.au ne pense-t-il pas que les Australiens méritent de savoir que des citoyens de leur pays scandent des menaces violentes contre les Juifs dans les rues de Sydney ? Les Juifs de Sydney n’ont-ils pas le droit d’être informés de ces incidents pour leur propre sécurité ?

Mais cet épisode ne se résume pas à une seule vidéo : il s’inscrit dans une tendance plus large de dégradation des normes journalistiques. De plus en plus, les journalistes ne parviennent pas à identifier les termes, les symboles et les images liés aux groupes terroristes, ou pire, évitent d’aborder cette haine lorsqu’ils en ont conscience.

Nous avons vu ce schéma se répéter lors de la vague de manifestations anti-israéliennes dans les principales villes du monde, suite aux attaques terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Les manifestants brandissaient des pancartes glorifiant le Hamas, agitaient des drapeaux d’organisations terroristes interdites, appelaient à une intifada violente et brandissaient des pancartes promouvant des théories du complot, comme celle selon laquelle les « sionistes » contrôleraient les médias.

Pourtant, les médias ont largement refusé d’identifier et de dénoncer l’antisémitisme manifesté lors de ces rassemblements.

En édulcorant ou en dénaturant ces manifestations, les médias ne se contentent pas de trahir leurs lecteurs : ils se rendent complices de la promotion de cette haine. Les médias n’ont aucune défense. Leur silence ou leur déformation des faits ne sont pas de la neutralité, mais de la complicité.

JForum.fr avec HonestReporting

Photo de Rachel O'DonoghueRachel O’Donoghue
Née à Londres, en Angleterre, Rachel O’Donoghue s’est installée en Israël en avril 2021 après avoir travaillé pendant cinq ans pour divers journaux nationaux au Royaume-Uni. Elle a étudié le droit à l’Université de droit de Londres et a obtenu un master en journalisme multimédia à l’Université du Kent.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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