Le sectarisme de Roosevelt a déjoué de nombreux plans de sauvetage des Juifs

Dans son livre consacré au président américain, Rafael Medoff trouve des liens entre les positions anti-japonaises du président et ses politiques contre les Juifs fuyant Hitler

Non seulement le président américain Franklin Roosevelt a été dépourvu de velléité de sauver les Juifs qui se trouvaient entre les mains des nazis, mais il a également obstrué des opportunités offertes de leur venir en aide qui lui auraient coûté peu de choses, voire rien, selon Rafael Medoff, historien spécialiste de la Shoah.

Le rôle tenu par Franklin Roosevelt durant cette période où les Juifs européens, qui avaient besoin de secours, s’étaient heurtés au manque de volonté du président américain est détaillé dans un nouveau livre intitulé : The Jews Should Keep Quiet: Franklin D. Roosevelt, Rabbi Stephen S. Wise, and the Holocaust.

Publié au mois de septembre par le biais de la Jewish Publication Society, l’ouvrage de Medoff inclut de nouveaux matériels d’archives concernant la relation établie entre Roosevelt et le rabbin Stephen Wise – que l’auteur considère comme un responsable juif obséquieux utilisé par Roosevelt pour « faire taire les Juifs ».

Ainsi, Medoff écrit que « Franklin Roosevelt a profité de l’adhésion de Wise pour ses politiques et pour ses qualités d’homme d’Etat pour manipuler le rabbin en utilisant la flatterie et en lui donnant un accès intermittent à la Maison Blanche ».

En échange de ses visites à Washington, face à un Roosevelt qui l’appelait par son prénom, Wise avait sapé le travail des activistes juifs qui demandaient à l’administration de laisser plus de réfugiés pénétrer sur le sol américain.

Selon Medoff, les politiques de Roosevelt en direction des Juifs européens étaient motivées par des sentiments similaires à ceux qui devaient l’amener à interner 120 000 Américains d’origine japonaise dans des camps de détention, les considérant comme de potentiels espions.

« Roosevelt avait utilisé un langage presque identique en recommandant que les Juifs et les Japonais soient ‘éparpillés’ de force dans le pays », raconte Medoff au Times of Israel. « J’ai été frappé par la similarité dans le langage employé par FDR concernant les Japonais et celui qu’il utilisait en privé pour parler des Juifs – qu’on ne peut pas leur faire confiance, qu’ils ne seront jamais pleinement loyaux envers le pays, qu’ils tenteront d’asseoir une domination où qu’ils se trouvent ».

‘The Jews Should Keep Quiet,’ par Rafael Medoff

Pendant les années 1920, quand Roosevelt était déjà un homme politique expérimenté et qu’il était candidat à la vice-présidence, il avait exprimé des points de vue racistes dans des éditoriaux et dans des interviews. Évoquant les nouveaux immigrants – et les Asiatiques en particulier – il avait déploré la création de « colonies » ethniques dans les grandes villes.

« Notre principal problème, dans le passé, a été que nous avons permis à des éléments étrangers de s’isoler en colonies », avait déclaré Roosevelt au quotidien Brooklyn Eagle lors d’un entretien accordé en 1920. « Ils se sont rassemblés dans un seul district et ils ont amené avec eux les encombrements et les préjugés racistes dans nos villes majeures ».

Au cours des années déterminantes qui avaient précédé l’entrée de Roosevelt à la Maison Blanche, il avait également écrit au sujet du « mélange du sang blanc et oriental » et de la préservation d’autres formes de « pureté raciale ».

Selon Medoff, ces points de vue entraient dans le cadre d’une vision du monde élaborée depuis longtemps qui devait ultérieurement guider Roosevelt pendant ses trois années passées aux responsabilités.

« Les déclarations peu flatteuses de Roosevelt au sujet des Juifs ont reflété constamment une notion parmi plusieurs autres, qui sont pour autant toutes reliées entre elles : Qu’il était indésirable qu’il y ait trop de Juifs dans une seule profession, institution ou à une localisation géographique donnée ; que l’Amérique était, par nature – et qu’elle devait le rester – un pays constitué d’une majorité écrasante de blancs et de protestants, et que les Juifs, dans leur ensemble, possédaient certaines caractéristiques innées et déplaisantes », écrit Medoff.

Marche du KKK à Washington, pendant les années 1920. (Crédit : domaine public)

Même vers la fin de la guerre, en 1944, lorsqu’un sondage réalisé par Gallup avait révélé que le public américain approuvait très largement de laisser entrer sur le sol américain un nombre illimité de réfugiés juifs, Roosevelt s’était assuré qu’une telle éventualité ne se présenterait pas.

« Ce n’était pas l’opinion publique qui façonnait la politique de Roosevelt sur les questions d’immigration : Il aurait pu discrètement autoriser que les quotas soient remplis sans que personne ne le sache », explique Medoff.

« Sa politique dure a été un choix qu’il a fait et qui a émané de ce à quoi l’Amérique devait ressembler à ses yeux », ajoute-t-il.

« Ils tenteront d’asseoir leur domination partout où ils iront »

L’année dernière, le musée de commémoration de la Shoah américain a présenté une exposition intitulée « les Américains et la Shoah ».

Sous de nombreux aspects, l’ouvrage écrit par Medoff met en doute les prémisses de l’exposition, même si cette dernière n’est pas mentionnée par l’auteur dans le livre.

Selon Medoff, l’exposition du musée « dénature et minimise l’abandon par Roosevelt des réfugiés juifs pendant la Shoah ».

Le président est présenté comme un homme placé dans une incapacité quasi-totale de venir au secours des Juifs, malgré des preuves écrasantes selon lesquelles l’administration avait œuvré à torpiller les plans de sauvetage à presque chaque occasion, note l’auteur.

L’exposition du musée de la Shoah dénature et minimise l’abandon par Roosevelt des réfugiés juifs pendant le génocide

L’historien Rafael Medoff

« Roosevelt n’aurait pas pris de risque politique substantiel s’il avait permis l’immigration dans les limites établies par la loi des Etats-Unis, s’il avait admis la présence temporaire des réfugiés sur le territoire américain, s’il avait utilisé les bateaux vides de la Liberté pour transporter ces derniers ou autorisé le bombardement d’Auschwitz ou des voies de chemin de fer depuis les avions qui survolaient déjà le camp et ses environs », écrit Medoff.

Le portrait de Roosevelt dressé par le musée de la Shoah est particulièrement problématique, estime Medoff, dans la mesure où le torpillage des efforts de sauvetage des Juifs de la part du président est largement documenté depuis plusieurs décennies.

Medoff évoque en particulier le livre-phare écrit en 1984 par David Wyman, The Abandonment of the Jews, ainsi que les recherches menées par les historiens Henry Feingold et Monty Penkower.

« On m’a dit que le magasin de livres du musée n’avait commandé que trois copies [du nouveau livre de Medoff, ‘The Jews Should Keep Quiet’], » dit l’auteur, qui est à la tête de l’institut d’études de la Shoah David S. Wyman.

« Ce serait intéressant de comparer ce chiffre au nombre d’exemplaires de livres qui prennent la défense de la réponse apportée par Roosevelt au génocide », dit-il.

Interrogé sur le positionnement adopté par Medoff face à « Americans and the Holocaust », le directeur de communications du musée de la Shoah, Andrew Hollinger, déclare que l’exposition montre « clairement » des exemples dans lesquels Roosevelt avait refusé de sauver des Juifs des atrocités commises par l’Allemagne nazie.

Une image de l’exposition « Americans and the Holocaust » présentée au musée de commémoration américain de la Shoah jusqu’en 2021 (Autorisation)

« [Sauver les Juifs] n’était pas une priorité pour le président Roosevelt – ni pour pratiquement personne au gouvernement – ce qu’établit l’exposition », dit Hollinger au Times of Israel. « L’exposition montre clairement que le président Roosevelt a dirigé la préparation de l’entrée de l’Amérique dans la guerre mais qu’il n’a jamais considéré comme une priorité de sauver les victimes du nazisme ».

L’exposition, dit Hollinger, pose une question déterminante : « Si les Américains en savaient autant sur les persécutions exercées sur les Juifs de la part de l’Allemagne nazie, pourquoi leur porter secours n’a-t-il jamais été une priorité ? »

C’est une question posée par le musée non seulement en ce qui concerne Roosevelt mais également concernant des secteurs variés du public américain, ajoute-t-il.

« [FDR] avait condamné la nuit de Cristal mais il n’a jamais élargi les quotas d’immigration malgré les supplications lancées dans ce sens », continue Hollinger.

« Son département d’Etat avait pris des mesures pour empêcher les Juifs et les autres réfugiés d’entrer dans le pays… Tous ces éléments sont examinés dans l’exposition, et j’encourage tout un chacun à la visiter en personne ou en ligne pour le voir de ses propres yeux », conclut-il.

« Ne pas répéter l’échec de leurs parents »

Pendant les années 1930, Roosevelt avait maintenu le commerce avec l’Allemagne nazie, et son administration avait même aidé les Allemands à échapper au boycott mis en place sur les produits fabriqués en Allemagne, qui étaient appréciés par de nombreux Américains.

Comme le détaille Medoff dans The Jews Should Keep Quiet, les produits allemands avaient été autorisés à entrer aux Etats-Unis grâce à des étiquettes trompeuses qui dissimulaient leur pays d’origine. Ce qui avait aidé FDR à contourner le mouvement de boycott prôné par les responsables de la communauté juive et des millions d’autres Américains.

Même après la Nuit de cristal, au mois de novembre 1938, Roosevelt avait refusé de critiquer les dirigeants de l’Allemagne nazie. Ses déclarations suite aux massacres avaient simplement qualifié « d’incroyables » les événements survenus à cette occasion et il s’était refusé à nommer les victimes ou les auteurs du pogrom. En fait, FDR ne devait jamais tenir de propos critiques à l’égard des nazis au cours des cinq premières années au pouvoir d’Hitler.

Une synagogue de Hanovre, en Allemagne, incendiée pendant le pogrom de la nuit de Cristal, le 9 et le 10 novembre 1938 (Crédit : Domaine public)

En 1939, alors que le monde était entré en guerre, Hitler avait fait part de ses intentions d’annihiler la communauté juive européenne. Simultanément, FDR avait refusé de soutenir un projet de loi qui aurait permis à 20 000 adolescents Juifs allemands d’entrer aux Etats-Unis. Anne Frank et sa sœur Margot auraient pu être qualifiées pour ce voyage dans la mesure où elles étaient citoyennes allemandes et âgées de moins de 16 ans, dit Medoff.

La détermination de Roosevelt à conserver les Juifs à distance de l’Amérique avait peu de limites, comme le raconte Medoff dans plusieurs chapitres de son livre. Même si le refus opposé au débarquement des passagers – des réfugiés juifs allemands – du bateau Saint-Louis est resté célèbre, le président avait également pris d’autres initiatives qui ont été omises par la plus grande partie de ses biographes.

Par exemple, lorsque la République Dominicaine avait offert publiquement d’accueillir 100 000 Juifs par des visas, l’administration avait sapé le plan. Du point de vue de Roosevelt, explique Medoff, ce pays était trop proche des Etats-Unis et les Juifs qui seraient arrivés là-bas seraient inévitablement venus aux Etats-Unis.

Les responsables des îles Vierges américaines, elles aussi, avaient été désireuses d’apporter un secours aux Juifs en leur permettant d’entrer dans le pays, un plan auquel Roosevelt avait mis un terme, écrit encore Medoff.

Le président américain Franklin D. Roosevelt rencontre le conseil d’administration du National Jewish Welfare Board — (De gauche à droite) Walter Rothschild, l’aumônier Aryeh Lev, Barnett Brickner et Louis Kraft — à la Maison Blanche, le 8 novembre 1943 (Crédit : Domaine public)

Mais quelle leçon ont donc tiré les responsables de la communauté juive aux Etats-Unis de ces années sombres ? A cette question, Medoff répond en évoquant l’activisme ultérieur en faveur de l’Etat juif et des Juifs en péril derrière le rideau de fer.

« Là où nous pouvons véritablement voir l’impact du remords entraîné par la Shoah, c’est dans l’ascension du mouvement de protestation pour la communauté juive soviétique et dans l’activisme pro-israélien des Juifs américains », répond Medoff.

« Un grand nombre de personnalités déterminantes qui se sont engagées dans cette initiative ont expliqué qu’elles avaient été motivées par la détermination de ne pas répéter l’échec de leurs parents ».

https://fr.timesofisrael.com/le-sectarisme-de-roosevelt-a-dejoue-de-nombreux-plans-de-sauvetage-des-juifs/?fbclid=IwAR3dRcwP-

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Marco po

FDK et Truman étaient anti sémites, ils ont seulement voulu accueillir les scientifiques juifs d’Europe pour avoir l’arme nucléaire, les politicards us ,européens , et musulmans n’agissent que pour leur propre intérêt , mais bientôt D les fera payer pour leur méchanceté….

Galil308

A l’absence de bombardement sur les lignes menant à Auschwitz, nous pouvons également ajouter les prêts consentis par la Chase Manhattan bank de New York à hitler jusqu’en 1945..