Sanders et Trump dominent les primaires du New Hampshire

VIDÉOS – Avec 60% des voix, le sénateur du Vermont a réussi son pari chez les démocrates alors que Donald Trump écrase ses adversaires républicains avec 34% des suffrages. Le grand perdant est le républicain Marco Rubio qui ne finit qu’en cinquième position. Le débat de samedi dernier semble lui avoir fait beaucoup de mal.

De notre envoyé spécial à Manchester et Concord, (New Hampshire)

Les Américains férus de politique connaissent le bon mot de John Sununu. Cet ancien gouverneur du New Hampshire, l’Etat de Nouvelle-Angleterre qui accueillait mardi la première primaire de l’année 2016, après l’obsolète caucus de l’Iowa le 1er février, avait un jour déclaré: «Iowa picks corn, … and New Hampshire picks presidents (l’Iowa récolte le maïs, … et le New Hampshire désigne le président)».

Si l’on en croit l’adage, le démocrate Bernie Sanders et le républicain Donald Trump s’affronteront pour la conquête de la Maison-Blanche le 8 novembre prochain. Le premier a remporté la primaire démocrate par 60% des voix contre 39% à sa rivale Hillary Clinton, tandis que le second a littéralement écrasé la concurrence républicaine, avec 34% des suffrages, laissant tous ses rivaux loin derrière.

La potion magique de John Kasich

Le «meilleur second» du côté conservateur, John Kasich, gouverneur de l’Ohio abonné jusqu’ici aux strapontins lors des débats présidentiels, ne présente guère la stature suffisante pour durer dans cette impitoyable guerre de tranchée que sont devenues les primaires républicaines.

Mais il a trouvé la potion magique dans le New Hampshire, en participant à 106 assemblées publiques en plus de 70 jours passés sur le terrain. Et, inspiration géniale, en se rendant jusque dans l’extrême nord de cet Etat rural de 1,3 million d’habitants, pour assister à l’ouverture du premier bureau de vote, à Dixville Notch, sitôt sonnés les douze coups de minuit. Nombre d’électeurs tangents jusqu’à la dernière minute, partagés entre deux candidats démocrates et dix républicains, confiaient au petit matin avoir découvert le visage de Kasich en allumant leur téléviseur et apprécié sa détermination. À quoi tient une élection…

Derrière lui émerge un champ de ruines. Marco Rubio, la surprise de l’Iowa, troisième avec ses 23% de voix derrière le vainqueur Ted Cruz (27%) et le second Donald Trump (24%), a lourdement chuté: bon cinquième (11%) de cette seconde levée électorale, il paie un débat télévisé calamiteux le 6 février, lors duquel il avait par quatre fois répété la même phrase, s’attirant les sarcasmes de ses rivaux et des réseaux sociaux. Mardi, des opposants goguenards déguisés en robots en carton le suivaient dans ses déplacements, comme autant d’embarrassantes casseroles.

Les grands donateurs conservateurs, qui commençaient prudemment à rêver d’un plan anti-Trump, avec le prometteur Rubio en fer de lance, peuvent replonger dans des abîmes de perplexité.

L’équation se complique plus encore avec le maintien probable dans la course des autres prétendants – Jeb Bush (12%), Ted Cruz (12%), voire Chris Christie (8%), tandis que Carly Fiorina (4%) et Ben Carson (3%) devront résister aux pressions croissantes d’abandonner la course.

Cet émiettement spectaculaire du vote républicain survient en écho au cinglant camouflet infligé à gauche par le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, à l’ex-grande favorite Hillary Clinton. Surfant sur une vague d’enthousiasme populaire chez les jeunes et les femmes, l’édile socialiste autoproclamé a annoncé mardi soir qu’il faisait appel à une levée de fonds immédiate en ligne pour poursuivre le combat dans le Nevada (20 février) et la Caroline du sud (27 février), le «Palmetto State», où Hillary Clinton dispose d’un temps d’avance et d’un avantage psychologiques auprès de la majorité afro-américaine.

Et cette élection 2016, qui a déjà fait mentir tous les pronostics, brise un nouveau tabou: l’Iowa et le New Hampshire, si fiers d’ouvrir les débats et de contribuer à élaguer le champ électoral, ont failli à leur tâche. Une autre étape, plus périlleuse, s’ouvre dans le sud, jusqu’au «super Tuesday» et ses onze primaires simultanées, le 1er mars.

Seule source de réconfort pour l’ex-secrétaire d’État, comme pour Bush, Rubio, Cruz et Christie, tous les déçus du camp républicain, la portée du théorème de Sununu doit être relativisée: depuis 1992, il a cessé de se confirmer, pour redevenir un simple axiome. Bill Clinton avait alors perdu largement dans le Granite State face à l’anonyme Paul Tsongas, avant d’effectuer un come-back spectaculaire et remporter la course à la Maison-Blanche.

En 2012, le républicain Mitt Romney avait, lui, remporté sa primaire dans le nord-est, avant de perdre au final contre Barack Obama. Quatre ans auparavant, enfin, l’ex-First Lady, Hillary, avait quant à elle remporté le New Hampshire, avant de s’incliner pour la nomination démocrate devant Obama. Le métier d’oracle en politique américaine, depuis mardi, est redevenu une vocation extrêmement périlleuse.

Comprendre le processus électoral américain en 3 minutes :

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