Une enquête a été ouverte à Paris pour omission de porter secours après une plainte de proches de Samuel Paty, assassiné en octobre 2020 près de son collège, contre l’administration, jugée fautive de n’avoir pas protégé l’enseignant.

Assassinat de Samuel Paty: enquête ouverte après une plainte visant l’administration

Un an et demi après l’assassinat du professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dix membres de sa famille s’étaient joints à cette plainte déposée le 6 avril.

« Des fautes ont été commises tant du côté de l’Education nationale que du côté du ministère de l’Intérieur, sans lesquelles Samuel Paty aurait pu être sauvé », avait alors indiqué leur conseil, Me Virginie Le Roy.

Une enquête pour omission de porter secours a ensuite été ouverte en avril dernier.

Me Francis Szpiner, avocat de l’ancienne compagne et du fils de Samuel Paty, avait indiqué sur Twitter à l’époque du dépôt de plainte que la première avait « appris avec surprise le dépôt d’une plainte contre X pour ‘non empêchement de crime’, procédure à laquelle elle n’entend pas s’associer ».

L’ancienne compagne de l’enseignant « considère que l’idéologie salafiste est seule responsable de la mort de Samuel Paty et que l’Etat l’a toujours, ainsi que son fils, soutenue », avait-il alors ajouté.

Pourquoi la plainte vise-t-elle des agents de l’Education nationale ?

Dans sa plainte, la famille rappelle le lent engrenage qui a débuté par le cours sur la liberté d’expression donné par Samuel Paty à ses élèves, le 5 octobre 2020. Ce jour-là, le professeur présente à sa classe quelques caricatures de Mahomet, parues initialement dans un journal danois et republiées par Charlie Hebdo en 2006. Pour ne pas choquer les élèves musulmans, il leur propose de fermer les yeux, de détourner le regard ou de sortir quelques instants. Mais ce cours déclenche la colère de certains parents d’élèves, qui postent des messages sur les réseaux sociaux exigeant son renvoi, publiant même le nom du professeur et celui de l’établissement. D’autres messages, postés de manière anonyme, menacent physiquement le professeur.

Inquiète, la principale du collège fait remonter l’information au Directeur académique adjoint des services de l’Education nationale (Daasen). « Pourtant, et sans qu’il ne corrige le tir les jours suivants, le Daasen minimise le risque sécuritaire », expliquait Virginie Le Roy à nos confrères de Libération en avril dernier. Seule réponse du ministère : l’envoi d’un « référent laïcité » à deux reprises au collège. Une réponse inadaptée selon la famille de Samuel Paty, qui déplore l’absence d’une équipe mobile de sécurité au collège : « Pourquoi ne pas avoir alerté plus promptement les acteurs compétents en matière sécuritaire ? Pourquoi ne jamais avoir demandé la protection ou l’éloignement de Samuel Paty ? », s’interroge l’avocate, rappelant que le professeur et la principale du collège avaient tout deux déposé plainte pour des menaces physiques à l’encontre du professeur peu avant le drame.

Que reproche la famille aux services de renseignements ?

L’autre responsable, selon la famille de l’enseignant, serait donc le renseignement intérieur. Le 12 octobre 2020, quatre jours avant l’assassinat, la conseillère sécurité du rectorat avertit le renseignement territorial des Yvelines (SDRT78) de la publication sur les réseaux de deux vidéos qui ciblent Samuel Paty. L’une est diffusée par Brahim Chnina, le père d’une de ses élèves, et appelle à se mobiliser contre le professeur. L’autre est signée Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste connu des renseignements, comme l’explique Libération dans son enquête. En plein procès des attentats de janvier 2015, et alors que la menace terroriste est très élevée, le SDRT78 estime qu’il s’agit plus d’un trouble à l’ordre public que d’une menace d’attentat. Une posture « incompréhensible » pour la famille de Samuel Paty, selon son avocate.

Jforum avec www.20minutes.fr et AFP

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires