L’admission saoudienne de la mort de Khashoggi ne dissipe pas la crise à Riyad ni les répercussions sur les relations américano-saoudiennes

Les Saoudiens ne peuvent pas espérer mettre un terme aux bouleversements qui règnent à  la Maison des Saouds ni les troubles à Washington, à la suite des révélations faites ce samedi 20 octobre, sur la mort du journaliste Jamal Khashoggi, décédé après une bagarre aux poings avec des agents des services de renseignement, envoyés à Istanbul pour l’enlever. Les tensions ne cesseront pas non plus après qu’on a promulgué des décrets royaux pour renvoyer l’associé du prince héritier, le chef adjoint des renseignements, Ahmed Al-Asiri, le conseiller du tribunal, Saud Al-Qahtani et trois autres agents du renseignement, ainsi que procédé à 18 arrestations dans l’enquête en cours.

Le président Donald Trump l’a constaté lorsqu’il a déclaré : «L’Arabie saoudite a toujours été un excellent allié, mais ce qui s’est passé est inacceptable. C’est une première étape importante, seulement une première étape ». Il a également annoncé qu’il travaillerait avec le Congrès sur la réponse à apporter à cette évolution.

Il y a trop d’intérêts dans cette affaire et de questions ouvertes pour que le scandale s’atténue de sitôt. D’une part, qu’est-il arrivé au corps du journaliste décédé? Les Saoudiens rapportent maintenant qu’il a été confié à un «collaborateur local» non identifié. Soit cette personne mystérieuse s’est échappée, a été exfiltrée clandestinement de Turquie par des agents saoudiens, soit elle n’est plus en vie. Cela peut expliquer que la police turque ait passé les bois près du consulat et d’autres parties d’Istanbul au peigne fin.

La nomination par le roi Salman d’un comité ministériel, présidé par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, chargée de restructurer l’agence de renseignement général du pays et de publier les résultats de ses travaux dans un délai d’un mois, est destiné à constituer un vote de confiance envers le prince Muhammed (MbS) qui s’est attiré l’essentiel du tollé international suscité par la disparition mystérieuse de Khashoggi. Le monarque essayait clairement de rétablir le fonctionnement normal du royaume.

Les enlèvements et les assassinats par des agences clandestines de traîtres, d’ennemis, d’agents doubles ou d’opposants au régime ne sont pas rares dans le monde souterrain et obscur de nombreux pays. Mais même lorsqu’ils sont bâclés et entraînent la mort imprévue des cibles ou même de leurs assaillants, de tels cas sont rarement admis par les autorités ni ne tombent dans le domaine public. L’affaire Khashoggi a pourtant fait les gros titres de la presse mondiale, alimentée jour après jour par des détails morbides, à partir du moment où il n’a pas quitté le consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre, parce que trois parties avaient un intérêt immédiat à attiser les flammes de l’indignation.

  1. Les rivaux du prince héritier à l’intérieur, qui ont vu là leur chance de le renverser. L’annonce officielle de samedi ne mettra pas fin aux conflits internes à Riyad, mais intensifiera plutôt, pendant quelques mois, la lutte que mènent contre lui les princes de haut rang, des commandants d’armée, des agents du renseignement et de riches Saoudiens.
  2. Le président turc, Tayyip Erdogan, a saisi l’affaire des deux mains comme un moyen de gravir les échelons du pouvoir international et du pouvoir au sein du monde musulman , en se grimant sous l’apparence d’un aspirant à la justice et à la vérité.
  3. Les adversaires politiques de Donald Trump en Amérique, qui ont vu une possibilité de s’en prendre à lui, du fait de l’amitié entre son gendre Jared Kushner et le prince héritier saoudien. À cet égard, la décision du président d’envoyer le secrétaire d’État Mike Pompeo à Riyad et à Ankara afin de faire toute la lumière sur l’affaire et de sortir la Maison-Blanche d’affaire, a fait plus de mal que de bien. Trump aurait été mieux servi en restant à l’écart du scandale. Maintenant, il espère se débarrasser de la « patate chaude » en décidant de collaborer avec le Congrès sur la réponse de Washington à l’embarrassante crise saoudienne.

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Saudi admission of Khashoggi death leaves turmoil in Riyadh, fallout on Saudi-US relations

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