Les rebelles du Sud syrien refusent de coopérer avec le Front al-Nosra

Un combattant du Front al-Nosra dans une rue d’Idleb, en Syrie, touchée par des bombardements de l’armée loyaliste syrienne, le 14 avril 2015. REUTERS/Mohamad Bayoush

CONFLIT

Au moins 24 personnes ont été tuées mercredi par des raids aériens du régime dans la région d’Idleb.

 

Les rebelles qui se battent contre le régime dans le sud de la Syrie ne coopèreront pas avec la branche syrienne d’el-Qaëda, le Front al-Nosra, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole. « Nous rejetons toute forme de coopération avec le Front al-Nosra car garder le silence sur leurs excès, leurs déclarations et leurs infractions leur permettra de continuer », a déclaré Issam al-Rayes, joint par Skype. Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions entre des rebelles locaux et des jihadistes d’al-Nosra après la prise début avril du dernier poste-frontière vers la Jordanie qui était encore aux mains des forces du régime syrien. Les combattants d’al-Nosra n’avaient pris part qu’aux dernières étapes de l’attaque mais avaient quand même pris des secteurs autour du poste-frontière, créant un certain ressentiment chez les groupes rebelles qui avaient planifié et entamé l’assaut. Al-Nosra s’est depuis retiré de la frontière même.

M. Rayes espère que cette décision des rebelles locaux, rassemblés sous la bannière du Front sudiste, servira à « dire aux Syriens que les liens d’al-Nosra avec el-Qaëda éloignent la révolution de son chemin et de ses objectifs ». « Nous ne voulons pas que la Syrie devienne une base pour le jihad ou une extension du groupe État Islamique (EI) », a-t-il dit, précisant toutefois que la rébellion dans le sud n’avait pas l’intention d’affronter les jihadistes liés à el-Qaëda. « Il ne s’agit pas d’une déclaration de guerre, notre combat n’est pas contre al-Nosra », a indiqué M. Rayes. Contrairement au nord de la Syrie, où les groupes jihadistes comme al-Nosra et l’EI occupent de larges territoires, les groupes rebelles restent importants dans le sud du pays, berceau de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad.

Idleb lourdement touché

Sur le terrain, au moins 24 personnes ont été tuées par des bombardements aériens de l’armée loyaliste syrienne dans la région d’Idleb, une ville du nord-ouest contrôlée par al-Nosra, a indiqué mercredi une ONG. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a affirmé qu’au moins 12 personnes, dont deux enfants, avaient été tuées par un baril d’explosifs qui a touché un immeuble où elles s’étaient réfugiées à Saraqeb, dans le sud-est d’Idleb. Ces barils remplis d’explosifs sont largués à partir d’hélicoptères et ne possèdent aucune précision, mais ils causent des dégâts considérables notamment en milieu urbain. Onze autres personnes ont été tuées par des raids dans différents quartiers d’Idleb, conquise par al-Nosra et des organisations islamistes début avril.

Une source militaire, citée par l’agence officielle Sana, a affirmé que l’armée avait visé des « positions terroristes » à Idleb et ses environs. Dans la phraséologie du régime, le mot « terroristes » désigne les rebelles sans distinction d’appartenance. L’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch a récemment accusé le régime d’avoir largué des bombes contenant des produits toxiques dans les villages de la province d’Idleb. Dans la province méridionale de Deraa, plusieurs barils explosifs ont tué mardi au moins 10 personnes, sept d’entre elles à al-Krak et les trois autres à Saïda, dont une femme et son fils, selon l’OSDH. Depuis 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 215 000 morts et entraîné le déplacement de plus de 10 millions de personnes.

Violences sexuelles

Sur le plan diplomatique, la responsable des Nations unies pour la violence sexuelle dans les conflits armés, Zainab Bangura, a annoncé mercredi qu’elle se rendrait pour la première fois cette semaine en Syrie et Irak, où les violences sexuelles commises par les groupes jihadistes se multiplient. Cette visite, à partir de jeudi, la mènera aussi en Jordanie, au Liban et en Turquie où se trouvent des centaines de milliers de réfugiés syriens.

S’adressant au Conseil de sécurité lors d’un débat sur ce thème, Mme Bangura a expliqué que cette visite a lieu « dans le contexte d’une nouvelle tendance catastrophique qui consiste pour les groupes extrémistes à utiliser la violence sexuelle comme une tactique de terreur ». Elle a cité à ce propos la Syrie et l’Irak où sévit l’EI mais aussi la Somalie, le Nigeria avec Boko Haram et le Mali. « La violence sexuelle fait partie intégrante des objectifs stratégiques, de l’idéologie et du financement de ces groupes extrémistes », a-t-elle ajouté, soulignant qu’il s’agit d’un « nouveau défi crucial ». Elle a notamment recommandé que la violence sexuelle fasse désormais partie des critères de décision du comité de l’Onu qui impose des sanctions contre les individus ou groupes liés à el-Qaëda et à l’EI.

OLJ/AFP
15/04/2015

lorientlejour.com

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