Une troisième dose de Pfizer est-elle utile ?

Alors que certains pays recommandent une troisième injection du vaccin anti-Covid-19, les États-Unis estiment que les données restent insuffisantes pour prouver son utilité. L’OMS rappelle, quant à elle, que les populations pauvres, ailleurs dans le monde, n’ont toujours pas reçu de première dose.

Le lundi 12 juillet, la société Pfizer jouait gros : elle souhaitait convaincre les agences de santé publique américaines de l’utilité d’administrer une troisième dose de son vaccin Pfizer-BioNTech contre le Covid-19, relate le New York Times. Parmi ces agences, la Food and Drug Administration (FDA) et les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), le principal organisme fédéral en matière de santé publique.

Cette rencontre avait lieu alors qu’un rappel a déjà été mis en place en Israël pour les personnes vulnérables de plus de 18 ans, ou en Turquie pour les soignants et les personnes âgées de plus de 50 ans (même si elles ont au départ reçu un autre vaccin). En France, une campagne de rappel devrait être lancée à la rentrée pour les premiers vaccinés, a annoncé Emmanuel Macron lors de son allocution du lundi 12 juillet.

Outre-Atlantique, les autorités sanitaires n’étaient guère convaincues de l’utilité d’une troisième dose de vaccin, et ne le sont pas plus après la rencontre avec Pfizer. “Rien n’a changéa affirmé à la chaîne CNN Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses. Les CDC et la FDA ont déclaré que, selon les données dont nous disposons actuellement, nous n’avons pas besoin d’un rappel.” Et l’immunologue d’ajouter que cette position peut néanmoins évoluer, notamment pour certains groupes comme les personnes âgées et d’autres populations à risque.

Quelle est la durée de l’immunité ?

La question de la durée de l’immunité conférée par les vaccins, et même par l’infection, fait l’objet de nombreuses études. Les travaux préliminaires menés par l’université d’Oxford et publiés à la fin de juin dans The Lancet ont permis de mesurer un taux élevé d’anticorps un an après l’administration d’une dose de vaccin AstraZeneca. Selon les auteurs, retarder la deuxième dose augmenterait même la réponse immunitaire, et une troisième dose injectée six mois plus tard entraînerait une augmentation importante des anticorps.

Une étude préliminaire parue à la fin de juin dans la revue Nature a, quant à elle, suggéré une réponse immunitaire qui perdure au moins quinze semaines après l’administration de deux doses des vaccins Pfizer-BioNTech ou Moderna, qui utilisent la technologie à ARN messager. Ce qui laisse penser qu’une troisième dose à court terme serait peu utile.

Cependant, d’après une étude publiée dans The Lancet en mars dernier, certains patients infectés ou vaccinés voient leurs anticorps neutralisants chuter drastiquement. D’autres études sont donc nécessaires pour comprendre l’évolution de la réponse immunitaire, selon les vaccins et le profil des patients.

Sheena Cruickshank, immunologiste à l’université de Manchester (Royaume-Uni), se veut rassurante : “Il apparaît de plus en plus clairement que l’immunité au Covid-19 serait durable – même si des études à plus long terme sont toujours nécessaires, écrivait-elle le 9 juillet dans The Conversation. À l’heure actuelle, il n’existe pas de preuves solides permettant d’affirmer que l’immunité des personnes doit être complétée par un rappel.”

D’abord les pays pauvres

Même discours du côté de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a annoncé le 9 juillet qu’aucune preuve ne soutenait l’idée que les personnes ayant achevé leur parcours de vaccination aient besoin de doses supplémentaires à court terme, rapporte StatIl se peut que vous ayez besoin de rappels après un an ou deux ans, explique Soumya Swaminathan, la scientifique en chef de l’agence. Mais à ce stade, à six mois de la première dose, il ne semble pas y avoir d’indication en ce sens.”

Lundi, le jour de la rencontre entre Pfizer et les agences sanitaires américaines, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé “le choix conscient de ne pas protéger ceux qui en ont le plus besoin”. Le biologiste a sommé le géant pharmaceutique, et plus largement les fabricants de vaccins, de se concentrer sur la distribution de doses dans les pays pauvres.

Selon l’OMS, au 8 juillet, à peine 2 % des Africains étaient pleinement vaccinés, alors que 50 % des habitants des États-Unis et 40 % des Européens l’étaient.

Assurance Maladie

Dans son avis du 30 avril, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande une attention particulière pour les patients immunodéprimés qui sont doublement vulnérables. En effet, ils présentent le risque de développer une forme grave de Covid-19 tout en étant moins protégés par la vaccination.

Qui est concerné par la 3e injection de vaccin contre la Covid-19 ?

Depuis le 18 juin dernier et d’après la DGS-urgent n°2021-61, de nouvelles données confirment la nécessité d’administrer une troisième dose de vaccin contre la Covid-19 aux :

  • personnes atteintes de leucémie lymphoïde chronique (LLC) (nouveau) ;
  • personnes atteintes de certains types de lymphomes traités par anti-CD20 (nouveau) ;
  • ayant reçu une transplantation d’organe ou de cellules souches hématopoïétiques ;
  • sous chimiothérapie lymphopéniante ;
  • traitées par des médicaments immunosuppresseurs forts (1) ;
  • dialysées chroniques après avis de leur médecin traitant qui décidera de la nécessité des examens adaptés ;
  • au cas par cas, les personnes sous immunosuppresseurs ne relevant pas des catégories précédentes ou porteuses d’un déficit immunitaire primitif.

Comment remplir Vaccin Covid ?

Le téléservice Vaccin Covid va évoluer pour permettre la traçabilité de cette dose supplémentaire. Cette évolution sera déployée courant juin. En attendant, les centres de vaccination ou les professionnels de santé doivent remplir la fiche dédiée : « Saisie différée – Vaccin Covid – 3e dose vaccin contre la Covid » (PDF).

La fiche à compléter est en 2 parties :

  1. la partie haute est à conserver par le centre ou le professionnel, jusqu’à la saisie dans Vaccin Covid courant juin. Elle doit permettre aux centres de faire un reporting hebdomadaire du nombre de 3e injections réalisées à l’agence régionale de santé (ARS) ;
  2. la partie basse est à conserver par le patient. Si besoin, le patient pourra solliciter un professionnel de santé (médecin traitant ou pharmacien) pour la saisie de cette 3e dose dans Vaccin Covid en juin.

L’Assurance Maladie a par ailleurs publié une FAQ visant à aider les professionnels de santé à remplir Vaccin Covid et résoudre les problèmes de récupération des attestations de vaccination certifiées dans le téléservice https://attestation-vaccin.ameli.fr/.

Quand réaliser cette 3e injection ?

Si le patient a déjà reçu 2 injections de vaccin, il doit recevoir cette 3e injection 4 semaines après la 2e injection ou le plus rapidement possible si ce délai est dépassé.

Cette 3e injection peut être administrée par le médecin traitant, l’équipe de soins habituelle (par exemple dans la structure de dialyse) ou dans n’importe quel centre de vaccination sur présentation d’une prescription médicale ou du courrier d’information envoyé prochainement par l’Assurance Maladie (voir l’encadré ci-après).

Dans les autres cas, le rendez-vous pour la 3e injection doit être donné au patient à l’issue de la 2e injection.

Si le patient n’est pas vacciné, il reste toujours prioritaire pour la vaccination sur la base de 3 injections.

JForum et Courrier International

 

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