Question :

Doit-on retirer sa montre lorsque l’on met les Téfilines le matin à la téfila, afin qu’il n’y ait pas d’élément séparateur entre les Téfilines et le bras ?

Halakha du 26 Chevate 5775 

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Réponse:

 

Il est expliqué dans le traité Méguila (24b) que tout élément séparateur invalide la Mitsva des Téfilines, et la personne qui met les Téfilines sur ses vêtements (sa manche) ne s’acquitte pas de la Mitsva.

 

Le Rosh, Rabbenou Asher ben Yehiel (1250, Allemagne1327, Tolède, Espagne), (הרא »ש), qui est l’un des principaux décisionnaires de l’époque des Rishonim, les Maîtres médiévaux, écrit que l’on apprend l’interdiction de séparation (Hatsitsa) concernant les Téfilines à partir d’un verset qui dit : « Ce sera pour toi un signe sur (al) ton bras… ».

Cela signifie qu’aucune séparation ne devra exister entre les Téfilines et le bras, et de même pour les Téfilines de la tête.

 

Cependant, il y a matière à débattre afin de définir si l’interdiction de séparation concerne tous les endroits recouverts par les lanières des Téfilines, ou bien seulement l’endroit où le « boitier » (Baït du bras et de la tête où sont conservés les parchemins) des Téfilines est placé (à la tête et au bras) et non là où se trouvent les lanières, et d’après cet élément, il n’y aurait absolument pas d’interdiction de séparation là où se trouvent les lanières.

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En effet, le Rashba, Rabbi Chelomo ben Aderet (12351310), plus connu sous son acronyme, qui fut rabbin, légaliste, banquier et talmudiste,. écrit – qu’il y a interdiction de séparation uniquement là où se trouve le Baït, mais là où se trouvent les lanières, il n’y a pas d’interdiction de séparation.

 

Cependant, il conclut en disant qu’il n’écrit ces propos que du point de vue théorique uniquement, mais du point de vue pratique, il faut respecter l’usage selon lequel on fait attention à ce qu’il n’y ait pas de séparation même là où se trouvent les lanières.

 

Le Rama, le rabbin Moshé Isserles (1525-1572) dans ses notes sur le Choul’hane Aroukh (O.H 27-4) cite les paroles du Rashba selon lesquelles l’interdiction de séparation n’existe que vis-à-vis du Baït des Téfilines, et non vis-à-vis des lanières.

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Mais les écrits Taz (Touré Zahav) et Maguen Avraham recueils de commentaires sur le Choul’hane Aroukh objectent sur les propos du Rama en rappelant que le Rashba lui-même ne s’est exprimé sur ce point que du point de vue théorique et non sur le plan pratique puisqu’il a conclut en disant que sur le plan pratique il faut respecter l’usage selon lequel il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de séparation même là où se trouvent les lanières.

Comment le Rama peut-il donc écrire ce Din sur le plan pratique ?

Le Maguen Avraham répond lui-même en disant que selon le Rama, le Rashba a écrit cela que pour la personne qui met véritablement les Téfilines sur un vêtement, mais lorsqu’il s’agit d’une légère séparation, comme lorsqu’on a une petite lanière sur le bras, il n’y a pas de crainte de séparation vis-à-vis des Téfilines.

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Le Rav Ovadia Yossef רב עובדיה יוסף, z.ts.l, – dans son livre Shou’t Ye’hawé Da’at (tome 3 chap.2) – a ajouté à cette réponse le principe écrit par l’auteur du Sédé ‘Hemed (principes des décisionnaires chap. 16 note 46) et cité par de nombreux grands décisionnaires, et selon lequel chaque fois qu’un décisionnaire écrit un Din sur le plan théorique et non sur le plan pratique, ce n’est qu’une marque d’humilité, et en réalité il y a matière à prendre ses propos en considération même sur le plan pratique.

Pour cette raison, il est certain que l’on peut autoriser d’entourer les lanières des Téfilines autour d’une montre placée sur le bras.

 


 

Cependant, le Gaon Rabbi Shneour Zalman de Liady auteur du Tanya écrit – dans son Choul’hane Aroukh (chap.27) que l’interdiction de séparation existe même là où se trouvent les lanières, mais il précise que ceci n’est valable que pour le premier tour de lanière qui est proche de l’endroit où se trouve le Baït des Téfilines.

On peut déduire de ses propos qu’il admet lui aussi les propos du Rama selon lesquels pour les autres tours des lanières il n’y a pas à craindre lorsqu’il s’agit d’une légère séparation.

Telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Shlomo Kluguer – dans son livre Shou’t Shenot ‘Haïm  (section Shou’t STAM chap.54) ainsi que d’autres décisionnaires citant de longs et nombreux arguments.

 

Quoi qu’il en soit, il est certain que selon la stricte Halakha, il n’y a pas matière à craindre une séparation vis-à-vis de la montre placée après les 7 tours sur le bras.

 

Le Gaon Rabbi Dov Breicsh Wydenfield de Tshebin – qui fut l’un des grands Rabbanim de Jérusalem à la précédente génération – écrit dans son livre Shou’t Dovev Mesharim (tome 2 chap.37) qu’il faut s’imposer de la rigueur sur ce point.

 

Le Rav Ovadia Yossef, z.ts.l, raconte que lorsqu’il était jeune, il rencontra le Gaon de Tshebin qui lui demanda pour quelles raisons il considérait – dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer (tome 2 sect. O.H chap.2) – que la montre ne constitue pas une séparation vis-à-vis des Téfilines.

 

 Le Gaon de Tshebin reconnut que lui aussi pensait que la montre ne constituait pas une séparation vis-à-vis des Téfilines mais qu’il l’avait interdit parce qu’il pensait que la montre était placée en haut au niveau des premiers tours, mais il admet lui aussi que selon le Din on peut autoriser tant que la montre est placée au niveau du poignet après les tours sur le bras.

 

Par conséquent, du point de vue de la Halakha, celui qui s’impose la Houmra (rigueur) de retirer la montre de son bras lorsqu’il met les Teéfilines est digne de la Bénédiction. Tel etait l’usage personnel du Rav Ovadia YOSSEF Shalita.

 

Cependant, selon le Din, il n’est pas nécessaire de retirer la montre du bras lorsqu’on met les Téfilines, car il n’y a pas d’interdiction de séparation (Hatsitsa) à cet endroit précis.

Conclusion:

 

Les Téfilines du bras et de la tête doivent reposer directement sur le corps, sans le moindre élément séparateur.

Cependant, tout ceci ne concerne que le « Baït » (le cube) du Tefiline du bras et de la tête, où sont contenus les parchemins.

 

Par contre les lanières peuvent reposer sur un élément qui fait séparation entre elles et le corps.

Par conséquent, du point de vue de la Halakha, celui qui s’impose la Houmra (rigueur) de retirer la montre de son bras lorsqu’il met les Tefilin, est digne de la Bénédiction.

Cependant, selon le Din, il n’est pas nécessaire de retirer la montre du bras lorsqu’on met les Téfilines, car il n’y a pas d’interdiction de séparation (Hatsitsa) à cet endroit précis.

 

Sources :

« Un jour, une Halakha » de Rubben Salfati, http://halakha.over-blog.fr

cheela.org

torah-box.com

Recueil : Florence Cherki

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