Pourquoi Israël intensifie ses efforts à la frontière libanaise : enjeux et stratégies
Depuis quelques mois, Israël a redirigé une partie de son attention militaire vers sa frontière nord, avec le Liban, une zone historiquement tendue. Cette manœuvre intervient alors que les affrontements entre Israël et le Hezbollah, un groupe armé chiite soutenu par l’Iran, se sont intensifiés dans le cadre de la guerre plus large avec le Hamas, dans la bande de Gaza. Les récents événements, dont des explosions meurtrières attribuées par le Hezbollah à Israël, ont accru le risque d’un conflit à grande échelle à la frontière libanaise.
Le Hezbollah a intensifié ses attaques contre Israël depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre 2023, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. Ces attaques quasi-quotidiennes ont entraîné des pertes importantes des deux côtés de la frontière, avec des centaines de morts au Liban, principalement des membres du Hezbollah, et des dizaines de civils et soldats israéliens tués. La situation a poussé des milliers de personnes des deux côtés à évacuer leurs foyers.
Le gouvernement israélien, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a réaffirmé la nécessité de rétablir la sécurité au nord afin que les habitants déplacés puissent regagner leurs domiciles. Cependant, cette paix semble difficile à obtenir à court terme, d’autant que ni les efforts diplomatiques de la France, des États-Unis, ni même du Liban ne semblent capables de freiner les agissements du Hezbollah.
Israël concentre désormais une partie de ses efforts militaires sur la frontière nord, avec une perspective de réaffectation de certaines unités initialement mobilisées à Gaza. Selon des experts comme Calev Ben-Dor et Kobi Michael, les forces israéliennes sont en mesure de gérer la situation dans le sud avec moins d’effectifs, libérant ainsi des ressources pour faire face à la menace au nord. Michael souligne qu’Israël ne peut accepter une situation où sa souveraineté dans la région nord serait compromise par le Hezbollah.
Israël pourrait ainsi envisager une incursion terrestre ou une forme de contrôle militaire sur le sud du Liban, similaire à celui exercé pendant 18 ans jusqu’en 2000, afin de repousser le Hezbollah au-delà du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne. Cette stratégie viserait à empêcher toute présence armée du Hezbollah près de la frontière, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, régulièrement violée par le groupe.
Bien que les États-Unis et d’autres alliés d’Israël plaident pour une solution diplomatique, les analystes, comme Ben-Dor, estiment que les chances de parvenir à un cessez-le-feu durable avec le Hezbollah sont faibles. En l’absence d’une issue diplomatique viable, Israël pourrait intensifier son action militaire pour sécuriser sa frontière nord.
Cette situation met également en lumière une certaine fragilité du gouvernement israélien, qui peine à rallier pleinement l’opinion publique. Pourtant, selon les experts, une large partie de la population israélienne soutient une confrontation directe avec le Hezbollah si cela est nécessaire pour restaurer la sécurité.
La concentration d’Israël sur la frontière libanaise est le résultat de la montée en puissance du Hezbollah et de la nécessité pour l’État hébreu de protéger sa souveraineté et ses citoyens. Alors que les solutions diplomatiques semblent incertaines, Israël pourrait être contraint d’intensifier ses actions militaires, notamment via une présence renforcée dans le sud du Liban, afin de neutraliser la menace que représente le Hezbollah.
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Solution diplomatique à la guerre ?La seule issue à une guerre c’est la victoire, et donc la défaite pour l’ennemi.