Pour obtenir des commentaires antisémites, c’est très simple. Les Russes sont les plus forts, nous y viendrons, mais voyons d’abord comment les médias bien français ont apporté leur concours à cette douteuse entreprise :
- prenez une affaire telle que la condamnation d’un soldat israélien à 18 mois de prison par la justice de son propre pays pour avoir achevé un terroriste palestinien blessé mais armé qui venait de tenter de tuer d’autres soldats. La mise en procès d’un de ses soldats par Israël tranche avec le comportement des Palestiniens à chaque fois qu’un attentat ôte la vie à des Israéliens (sans que ceux-ci n’aient tenté de poignarder qui que ce soit) : l’Autorité palestinienne offre un salaire aux terroristes emprisonnés par Israël ou une pension à vie à la famille de ceux qui sont morts en shahid durant l’acte; la population distribue des bonbons pour fêter l’attentat; et des rues ou des écoles sont nommées d’après les assassins. De tout cela, ne dites mot si vous voulez atteindre votre objectif;
- recommencez, comme à chaque fois que vous parlez de l’affaire, à ne donner que la moitié de l’histoire dans vos titres :
Soit en version AFP, en prenant garde à ne pas mentionner que le « Palestinien » était un terroriste, ou au moins un « assaillant » pour coller au langage de l’AFP :
Soit en version Libération, pour faire croire qu’il existe dans l’armée israélienne un trophée sportif de la chasse au Palestinien. Ouvrez l’article avec la phrase « Les pays se choisissent toujours des héros à leur image » – cela devrait bien réussir à faire haïr le pays en question à quelques lecteurs :
- Vous pouvez, pour les lecteurs qui vont aller au delà des titres, bien insister comme l’AFP sur le contexte de l’affaire qui s’est produite « à Hébron, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. » Qu’il n’y ait jamais, dans toute l’Histoire, eu de « territoire palestinien », que vous ne dénonciez jamais l’occupation jordanienne entre 1949 et 1967 lors de laquelle personne ne réclamait d’Etat palestinien, que Hébron soit une ville qui tient une place majeure dans l’Histoire juive depuis plusieurs milliers d’années, ce qui justifierait d’appeler ces territoires « disputés », plutôt qu’ « occupés » – tout ceci n’a aucune importance. Il vous faut montrer qu’il existe les bons, les Palestiniens, et les mauvais, les « occupants » israéliens : ainsi, l’assaillant/terroriste est tout excusé pour son geste de « résistant »; et les lecteurs en voudront naturellement à Israël (même si sa propre justice va jusqu’à condamner l’un des siens dans un soucis d’humanité envers les Palestiniens).
- Vous pouvez faire comme l’AFP en terminant votre dépêche sur une citation du « père du Palestinien » qui demande « Est-ce que c’était un animal pour qu’on le tue de la sorte, de cette manière barbare »… sans un mot de réprobation pour le geste de son fils qui, rappelons-le, a été tué faute d’avoir lui-même réussi à assassiner des soldats; ou vous pouvez, comme Belga, faire mieux que vos collègues français en titrant sur le point de vue des Palestiniens (en réalité, de l’Autorité palestinienne) – bien sûr sans jamais revenir sur le geste du Palestinien…
- Comme France 24 ou LCI, mettez en avant la nationalité « franco-israélienne » du soldat condamné : amalgame entre l’abhorré soldat d’Israël et les Juifs de France garanti, même si la nationalité française du soldat qui vivait en Israël est complètement anecdotique.
Et si tout cela ne suffit pas ? Alors, il vous reste la méthode russe. Faites comme RT (Russia Today, la chaîne financée par le gouvernement russe) : montrez une photo du soldat « accueillant sa condamnation avec un sourire », tel un sadique, et précisez bien dans l’article : « Le prévenu a accueilli sa condamnation avec un large sourire, comme en témoignent les photos de l’intérieur du tribunal. »
Qu’importe si, autant que nous le sachions, la presse n’était pas autorisée à l’intérieur du tribunal pour suivre l’audience et si la mère du soldat ne portait d’ailleurs pas les mêmes vêtements sur les photos illustrant la plupart des articles (ici l’AFP) :
Elor Azaria n’était pas assez souriant le jour de sa condamnation pour s’attirer la foudre des commentateurs ? Qu’à cela ne tienne :
RT reprend une photo déjà utilisée ailleurs dans la presse le 24 janvier et la présente, ce 21 février, comme le cliché du jour !
Le résultat ?
Le « sourire » factice utilisé comme preuve d’une prétendue « haine des goyim », sous-entendue par les Juifs.
Et c’est loin d’être le seul commentaire de ce genre :
Les antisémites sont enchantés.
AMI Artsi très bon commentaire je n’aurai pas dit mieux.
C’est le bordel, cet antisémitisme !
Dans sa version de base, c’est « un juif qui réussit ( même modestement ) est un profiteur, un juif qui ne réussit pas, un parasite ! »
Que faire avec ça ?
Herzl s’est attaqué au problème en reprenant à son compte l’idée nationale née vers le milieu du XIXe siècle et Golda Meïr a avoué son echec de le vaincre…
Moi, j’ai tout jeté par la fenêtre en 1986 si je me souviens bien, j’ai chassé ces pensées obsédantes qui m’étaient venu à la lecture hasardeuse du « sang de l’espoir » de Samuel Pisar, j’ai repris bravement la route à l’époque vers une assimilation radieuse et j’étais loin de formaliser ou de conceptualiser le probleme et d’utiliser ce vocabulaire alors ! Je me souviens que j’en cherchais tout de même la définition sans jpais une seconde m’imputer cette question à moi-même. Antisémite, ça venait de sem, le sens, c’était, semblait-il, quelqu’un qui n’avait pas accès au sens, qui combattait le sens !
Et vous aurez beau faire, vous avez beau tenter d’échapper, cette construction ira vous rechercher et semera dans votre vie les petits cailloux blanc de l’incontestable réalité, vous vous sentirez cocufié par le moindre antisémite qui levera un pan du voile. Ca ira jusqu’à » T’as jamais essayé le gaz ? »
Les soviétiques psychiatrisait la question juive, et, d’expérience personnelle, ayant travaillé en milieu psycho-médical, j’ai souvent été abasourdi par l’antisémistisme natif, primitif des fous : je n’en revenais pas qu’ils aient accès à la comprehension syndrôme que moi-même, je ne parvenais pas à saisir ! C’est beaucoup plus compliqué qu’une simple haine !
J’avais décidé d’oublier, j’avais cru de bonne foi que ma nounou avait appelé sa chienne Sarah en toute innocence, j’ai joué le jeu autant que j’ai pu ! Ne saisissant pas l’antisémitisme, je rejetais ceux qui s’abritaient derrière le paravent du racisme avant de comprendre l’insinuation larvée de ceux qui dénoncent l’antisémitisme accompagnée sempiternellement de celle du racisme. Mais c »était sans espoir !
Les rabbins nous disent que c’est la naissance quasi-miraculeuse d’Issac, qui fait des juifs ce qu’ils sont, des gens ressentis comme ne devant jamais avoir existé, c’est vrai ! Un peu polymorphes, mais ramenés inexorablement à ce qu’ils sont, plus ressentis par les autres que vous pouvez l’être à vous-mêmes !
C’est parfaitement cornélien, ou sartrien, si on veut !
Même mon père, grand organisateur de cette cachoterie stupide devant l’eternel m’avait fustigé d’être un non-être dans ma démarche qu’il avait initié ! ( Je m’excuse de cette faute à l’honneur que l’on doit à ses parents, mais c’est la seule exception que les rabbins tolerent, celle d’attenter à sa religion. )
Je n’ai pas trouvé encore de solution à cette identité qui est comme l’ensemble vide de toutes les identités, l’accepter tout simplement, tenter de se faire entendre des siens s’il se peut et combattre l’antisémitisme chaque jour que D. fait !
( Un témoignage de l’intérieur d’un parfait assimilé, parti du zero absolu de l’identité et accablé par ce constat de l’irrémédiable, excusez le décousu )
J’ajoute que Issac, c’est » celui qui rit » un grand classique de l’arsenal de la stigmatisation antisémite… Pas étonnant que cette image soit surexploitée dans le cas d’Elor Azaria, et dans mes reflexes blanchis sous le harnais, je me disais même hier soir : » il ne devrait pas sourire » sans me douter que le rendu du jufgement n’était même pas televisé…
Pour obtenir des commentaires antisémites, c’est très simple. Faites une photo d’un Juif qui sourit. Mieux encore : faites une photo d’un Juif. Peu importe qu’il soit soldat ou non, qu’il sourit ou non. La simple photo d’un Juif suffit en général à déclencher des commentaires antisémites. Parfois il n’est même pas besoin de photo, la simple évocation suffit. Pourquoi ? Parce que le fond de la pensée antisémite est que nous ne devrions pas exister. L’Etat d’Israël étant l’Etat juif, il est le point commun à tous les Juifs de la planète. Il suffit donc d’évoquer son nom pour générer des commentaires antisémites.
L’antisémitisme n’est pas généré par une photo, il est tapis, là, derrière la porte, et ne demande qu’un prétexte, une occasion pour surgir et se manifester.
L’antisémitisme est une haine à laquelle un certain nombre de personnes semblent rester attachées… ou plutôt entachées.
Il doit être combattu frontalement au quotidien et sans répit, d’où qu’il provienne et où qu’il frappe.
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« Jamais un Juif ne sera colon sur sa terre ancestrale, jamais il ne sera étranger à Jérusalem, en Judée ou en Samarie ! » Meyer ‘Habib, décembre 2016
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