Pessah: la Haggada, réflexions, Had Gadia (vidéos)

Chers Amis,
Dans moins d’une semaine nous serons déjà en train de consommer cette matsa, ce pain de misère, sans hamets,pour lequel chacun d’entre nous à tant fait d’efforts physiques, matériels mais spirituels aussi, car, en tant qu’être humain nos efforts ne sauraient être complets sans avoir mis du « spirituel » dans nos moindres actions.
PESSAH CASHER ET SAMEAH A TOUS ET QUE MASHIAH ARRIVE ENFIN CAR PEU IMPORTE OÙ CHACUN DE NOUS RÉSIDE LE DÉSORDRE EST PRÉSENT SOUS TOUTES LES LATITUDES ET NOUS SOMMES ASSOIFFÉS DE PAIX ET DE TRANQUILLITÉ  Cordialement (CAR)

Les secrets de Had Gadia

Le soir du Seder de Pessah, après avoir lu le récit de la sortie d’Egypte, après avoir répondu aux questions posées par les enfants et les convives et être venus à la rencontre de ceux pour lesquels tous ces signes – évoqués pendant le récit – restent énigmatiques, après avoir bien mangé et bien bu, vers les dernières pages de la haggada figure le texte que tous les assistants ont coutume de chanter avec entrain bien que son sens ne soit pas forcément compréhensible puisqu’écrit en araméen.

HAD GADYA signifie : un agneau ou guedy ehad en hébreu…. Que signifie ce texte ? Nous nous proposerons ici de dévoiler le sens caché de ces paroles :
En résumé l’histoire est celle d’un enfant dont le père achète un agneau à son fils pour le prix de deux piécettes (en araméen : tré zouzey). Mais, voici que (à peine l’agneau acheté), survint un chat qui dévora l’agneau. Le récit continue par une suite de fâcheux incidents : le chat qui dévora l’agneau fut mordu par un chien, lequel fut battu par un bâton, ce dernier fut brûlé par un feu et l’eau éteignit le feu mais l’eau qui éteignit le feu fut bue par un bœuf qui passait par là et le bœuf fut rattrapé par un shohet qui abattit le bœuf, et, le shohet fut confronté à l’ange de la mort lequel fut éliminé par le Saint Béni soit IL..

Il est clair que ce chant est allégorique et que son sens véritable est caché aux yeux de la plupart d’entre nous, sinon, ce chant aurait-il perduré et eût-il été transmis ainsi de génération en génération ?
Le Gaon de Vilna, écrivit ce qui, selon lui, serait le sens à donner à ce texte : chaque couplet ferait allusion à un personnage voire un évènement de l’histoire du peuple juif.

Ainsi :
L’AGNEAU ferait-il allusion au droit d’aînesse qui permettrait à son détenteur le droit/ devoir exclusif d’être le représentant devant le Créateur. Ce droit fut octroyé à Abraham qui le transmis à Itshak lequel droit d’aînesse devait appartenir à Jacob. Le rôle d’Abraham fut de construire un monde de hessed (bonté/vertu)et de justice et de foi en un Dieu Unique d’amour et de Paix.

LE PÈRE : symbolise le père des 12 tribus : Jacob qui « récupéra » le droit d’aînesse d’Esaü.
LES DEUX PIÉCETTES (trey zouzey) : ce sont le plat de lentilles (haadom haadom hazé) et le pain qui l’accompagnait par lesquels la propriété du droit d’aînesse passa d’un frère à l’autre.
LE CHAT : cet animal symbolise la jalousie des frères par rapport à leur jeune frère Joseph. Jalousie qui entraîna la vente de Joseph par ses frères en tant qu’esclave à des Egyptiens ! Cette faute reviendra sans cesse au cours de l’histoire juive comme nous le verrons plus tard.
LE CHIEN : Le sens allégorique rattache le chien à l’Egypte où Joseph est arrivé en tant qu’esclave et lieu qui devint la terre d’exil des Enfants d’Israël terre dont ils ont été libérés par HASHEM au moyen de miracles et de prodiges.
LE BÂTON : C’est une allusion au bâton de Moïse…
LE FEU : Symbolise la soif des Bené Israël de paganisme et d’idolâtrie tant ils avaient été influencés par le milieu ambiant d’Egypte. Le feu peut aussi symboliser le mauvais penchant qui réside en nous et autour de nous.
L’EAU : Il s’agit ici des Hazal (Sages) qui ont réussi à lutter pour éliminer l’idolâtrie et avec elle cette tentation des cultes étrangers.
LE BOEUF : Allusion à l’empire romain (descendants d’Esaü) qui détruisit le deuxième Temple.
LE SHOHET : Il s’agit du Mashiah ben Yossef qui, d’après la Tradition, doit lutter contre nos ennemis de manière à nous permettre de gouverner dans notre pays sans l’ingérence de quiconque.
L’ANGE DE LA MORT : symbolise ici le fait que le Mashiah ben Yossef est mortel.
Et, lorsqu’il est écrit que le Saint béni soit IL détruit l’ange de la mort cela signifie qu’à la fin des temps, le Mashiah arrivera et tout sera tranquille.
Evidemment, on comprend mal au premier abord la présence d’une chanson mettant en scène un enfant, et une succession terrible d’évènements tels qu’ils jalonnèrent l’histoire du peuple juif. Le peuple juif relève parfois la tête et parfois il se trouve au tréfonds, mais en gardant un œil confiant vers un futur encourageant et prometteur pour peu que le peuple garde sa foi et sa loi.

Si l’auteur de ce texte est anonyme, d’après les « trey zouzey » il semble que la rédaction de ce texte remonte à l’un des exils (après le premier exil ou après le deuxième lorsque le peuple vivait à Babel et il est très clair que chaque mot est empli de secrets nous dépassant.

Il est important de rapporter ici une remarque faite par le Hida – Rabbi Hayim Yossef David Azoulay – à propos de ce chant qui est entonné dans toutes les communautés qu’aussi bien le Ari zal que le Ba’âl ha Rokeah qu’il est vivement recommander de considérer le texte de Had Gadya comme d’un texte d’une valeur cabalistique très importante et quiconque se gausserait de cette allégorie pourrait se trouver sous le coup d’un anathème car des générations entières l’ont chanté pour Pessah.

 

Le récit de la Haggada

Dans le Judaïsme, au cours de deux très importantes fêtes, les convives sont réunis autour d’une table avec un cérémonial particulier et avec des aliments particuliers qui excitent notre curiosité. Ce sont les fêtes de Rosh Hashana et de Pessah..

La mitsva (le commandement) de Pessah ne réside pas seulement dans l’obligation de ne pas consommer de Hamets (levain ou pain levé) mais aussi dans celle d’enseigner en quoi consiste cette fête et, pour ce faire, certains gestes, textes, coutumes, aliments et attitudes doivent attiser la curiosité des commensaux.

La première des questions qui se posent est de comprendre pour quelle raison le récit de la haggada commence par un paragraphe rédigé en araméen à l’exception de deux mots (« leshana habaa » = l’année prochaine) ?

En réalité, il faut savoir que le texte de la Haggada de Pessah a été conçu par les Tanaïm de la Knesset Haguedola et, donc, à l’époque, les Juifs qui avaient été exilés parlaient l’araméen ainsi que tous les occupants de la Terre d’Israël s’exprimaient désormais en cette langue, bien que des Grecs (Hellènes) ou des Romains succédèrent aux Babyloniens et qu’eurent lieu des influences linguistiques comme nous le verrons plus bas dans cet exposé. En lisant le premier paragraphe en araméen, les occupants pouvaient comprendre qu’ils remémoraient la sortie d’Egypte mais ils ne pouvaient comprendre que les Juifs portaient en eux le secret espoir (TIKVA en hébreu) de se retrouver libérés en Terre d’Israël l’année suivante. Il s’agit encore du même souhait que chaque Juif formule année après année d’être libre et sur la terre de nos Aïeux.

Et, pour apporter encore quelques précisions à propos de l’araméen, nous dirons ceci : certaines prières sont dites en araméen comme le kadish ou certaines suppliques de Yom Kippour et on ne peut les dire qu’à la condition d’être au minimum un quorum de 10 hommes. La raison en est la suivante : l’Univers a été entièrement créé en hébreu (y compris les Anges du Service divin appelés Mal’akhé HaSharet). De cette manière, lorsque des hommes se réunissent pour prier en Hébreu, les Anges accourent pour emporter les prières des fidèles vers HaShem. Au contraire, lorsque 10 hommes se réunissent et prient en Araméen, D. reçoit ces prières Lui-Même sans avoir recours au service des Anges. HaShem est heureux de voir Ses enfants célébrer Pessah dans le monde entier pratiquement en même temps et IL montre ainsi aux Anges qui s’étaient montrés « réticents » lors de la Création de l’homme : « Voyez comment Mes Enfants me rendent hommage et Me remercient, en cette nuit où JE les ai fait sortir d’Egypte » !

Après ce premier paragraphe où chaque personne qui pourrait avoir faim est conviée à se joindre à l’assistance pour y manger à satiété du « pain de misère », l’on a coutume d’entendre le plus jeune enfant de l’assistance poser 4 questions sur les différences évidentes qui existent entre cette première nuit de Pessah et les nuits ordinaires. En effet, le devoir éducatif et didactique des parents s’exprime en l’illustration d’éléments concrets : la matsa, les herbes amères et l’agneau (sacrifice), le fait que d’ordinaire on mange rapidement (parfois même sans prendre le temps de s’asseoir) alors qu’en ce soir de séder chacun des commensaux consomme en s’accoudant (signe de liberté). Ce devoir d’enseigner les enfants doit perdurer malgré les évènements et les situations géographiques qui peuvent changer.

Se trouve un passage au cours duquel intervient l’un des Tanaîm qui atteignit une très haute fonction alors qu’il n’était âgé que de 18 ans : Rabbi Eléazar ben Azarya. Malgré son très jeune âge, il fut nommé Président (Nassi) de la Kenesseth Haguedola (la grande assemblée). Sa chevelure et sa barbe blanchirent tout-à-coup et, dans la Haggada est reportée son exclamation devenue très célèbre : « voici que je parais être un homme de 70 ans »
L’explication de cette phrase est la suivante : Rabbi Eléazar ben Azarya est la réincarnation du Prophète Samuel qui est mort à 52 ans. 52 ans ajoutés aux 18 ans que le Tana avait à l’époque font bien 70 ans. La blancheur de la chevelure et de la barbe provient de l’amas de responsabilités échu à R’ Eléazar….

DES ENSEIGNEMENTS DE LA HAGGADA

LES 4 FILS : Ce ne sont pas forcément des fils mais il peut s’agir tout simplement du « prochain ». Le conseil prodigué est de s’adresser à chacun selon ses facultés de compréhension et si la personne ne peut comprendre facilement, il appartient, à celui qui a le rôle d’enseigner, de s’adresser à celui qui pose une question selon ses facultés ou selon ses penchants mais surtout de ne pas l’attaquer de front, pour qu’il ne se sente pas renié, repoussé, pour qu’il ne se ferme pas aux allégations fournies et lorsqu’il est écrit « aiguise lui les dents » au sujet du deuxième fils (l’impie). En fait, la traduction n’est pas exacte : ce dont il est question, ici, c’est qu’il faut arriver à mettre cette personne en position de comprendre qu’au temps de la sortie d’Egypte, les Juifs qui s’étaient éloignés du Judaïsme sont morts pendant la plaie des ténèbres et que ce sont eux, que D a repoussés et ce n’est pas lui qui nous rejette en nous disant « lakhem » (à vous).
Quant aux personnes qui ne savent pas de quoi il s’agit en cette nuit de Pessah, il faut concrétiser les choses en leur montrant la matsa, l’os qui symbolise l’agneau et la salade (laitue/endives/chicorée) qui, de par son amertume, rappelle qu’en ce temps-là, l’existence était amère. Et ceux qui ne disposent pas même de mots pour s’exprimer il faut consacrer du temps pour leur expliquer jusqu’à ce qu’ils comprennent.
D’ordinaire, les fêtes et leur observance commencent au coucher du soleil alors que pour Pessah les choses sont différentes en raison de l’interdiction de consommer du hamets à partir du milieu de la matinée de la journée précédente.
Avant que nous ne procédions au « motsi » de la matsa et le reste des combinaisons d’aliments à goûter, un paragraphe très important est à lire : il y est question de notre généalogie : en effet, il est écrit : מתחילה, אבותינו היו עובדי עבודה זרה soit : « au début, nos ancêtres étaient idolâtres ». Nous savons que Térah, père d’Abraham était idolâtre et, qui plus est, vendait des idoles. Ce qui est important ici n’est pas ceci mais bien autre chose dont il est question aujourd’hui encore d’avantage que jamais auparavant : la filiation directe avec Abraham ce que le texte biblique confirme : ainsi D dit-IL à Abraham : TA DESCENDANCE sera exilée et esclave pendant 400 ans : il s’agit ici de JACOB fils d’ISAAC et il n’est nullement fait mention ni d’ISMAEL ni d’ESAÜ !!!! La DESCENDANCE d’Abraham est Isaac et celle d’Isaac est Jacob !
Pour terminer sur une note agréable ce séder de Pessah, après s’être délectés des mets finement apprêtés par la maîtresse de maison, le chef de famille qui a officié toute la soirée en dirigeant le cérémonial partage l’AFIKOMENE entre tous les convives. Afikomène est un mot qui provient du grec Api komèné qui signifie « ce qui vient après » ou en dernier comme un dessert (dont l’étymologie est en fait : desservir ou si l’on préfère le plat que l’on présente avant de desservir la table). Après avoir consommé l’afikomène on ne doit plus rien manger ni boire à l’exception d’un café, thé ou infusion si cela est nécessaire pour se sentir mieux ou faciliter la digestion.

Caroline Elishéva REBOUH
Pessa’h 5782/ 2022
De la soirée du vendredi 15 avril 2022
À la soirée du samedi 23 avril
Caroline Elishéva REBOUH

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