Alors que l’on entend dire à droite à gauche que la liste des 50.000 noms n’existe pas, les démentis sur les soi disant intrusions dans les téléphones tombent les unes après les autres. Les auteurs de cette fake news reconnaissent ne pas avoir d’éléments. Manifestement ce coup monté avait pour objectif Israël.

«Macron n’est pas un ennemi» : au Maroc, on a du mal à croire à l’affaire d’espionnage Pegasus

Dans les rues de Marrakech, la tête est davantage à la grande fête de l’Aïd qu’à l’affaire de l’espionnage supposé du président Emmanuel Macron par les services de Mohammed VI. Peu en ont entendu parler. Et ils sont encore moins nombreux à y croire.

Faute de clients dans le souk de Marrakech déserté par les touristes, Kader, marchand de plateaux en cuivre, a les yeux plongés dans son smartphone. Il peut suivre en direct l’actualité marocaine. Mais ce mardi soir, il n’a « rien vu » passer sur l’affaire du portable du président Macron qui pourrait avoir été mis sur écoute par les services de renseignement de son pays.

On lui apprend. Il tombe des nues. « Ah non, jamais de la vie ! Le Maroc a une diplomatie propre. Il respecte tous les pays, qu’ils fassent du bien ou du mal. Nos premiers clients au souk, ce sont les Français, on ne va quand même pas se fâcher avec eux », souffle le quinquagénaire. De l’autre côté de la Méditerranée, la plupart des habitants que nous avons interrogés ne sont pas au courant de ce nouveau rebondissement dans le scandale du logiciel espion Pegasus. « Ce n’est absolument pas le bon moment, la population s’en fout », résume Mohamed, marchand de souvenirs.

Silence dans les médias sur «l’affaire Macron»

Car ce mercredi dans le royaume chérifien, c’est l’Aïd, la fête du sacrifice, plus grande célébration religieuse dans l’islam. Tout le territoire est à l’arrêt. Les journaux ne sortent pas de nouveau numéro. Sur les sites Internet d’actualité, le nom du chef d’État français est rarement mentionné.

En revanche, le communiqué du gouvernement qui « condamne vigoureusement la persistante campagne médiatique mensongère, massive et malveillante » est copieusement repris. Avant même que l’on découvre qu’Emmanuel Macron était une cible, un média « indépendant d’information » sur le web dénonçait un « tissu de balivernes » dans ce « feuilleton qui relève de la science-fiction » des mobiles infiltrés. Bref, du « sensationnalisme » !

Mohamed, lui, est nettement moins catégorique. « Moi, je pense que c’est possible. Nos services de renseignement sont très forts. Ils ont des indicateurs partout. Je les vois dans le souk, ils vont jusqu’à porter des habits sales », signale ce trentenaire bavard qui, des heures durant, peut aussi parler de « la gifle » reçue par Macron, de Marine Le Pen ou… du transfert au PSG du Marocain Achraf Hakimi.

Lui s’informe grâce à « des partages de liens » sur Facebook. S’il s’avérait que le portable du locataire de l’Élysée a bien été infecté, ça serait, à ses yeux, « très grave ». « C’est choquant, ça nous donnerait une mauvaise image », redoute-t-il. Mais il n’imagine pas des relations chamboulées entre les deux nations. « Les Français investissent beaucoup au Maroc, ils ne peuvent pas tout stopper du jour au lendemain », estime-t-il. « On a des liens solides, on ne va pas les détruire pour du hacking », défend un jeune homme branché qui officie dans le marketing digital.

Lui aussi répète que les « services secrets marocains sont très doués ». « D’ailleurs, la France vient prendre des conseils auprès d’eux, leur demander de l’aide dans la lutte contre le terrorisme », poursuit-il. « Mais les accuser d’espionner Macron, ça, c’est faux », tranche-t-il alors que sa compagne, elle, est moins convaincue.

«S’il ne se protège pas bien, c’est de sa faute…»

Dans la cité rouge, on ne voit pas réellement pourquoi le pays aurait intérêt à placer le président de la République sur écoute. « C’est peut-être parce que des Marocains pensent que la France donne de l’argent à l’Algérie pour acheter des armes et faire la bagarre au Maroc », avance Mohamed, relatant « une rumeur » qu’il ne valide pas. Pour lui, « Macron n’est pas un problème ». « On n’a pas vraiment d’avis sur lui. Il est évidemment beaucoup moins populaire que Chirac et même que Sarkozy qui est venu avec Carla Bruni à Marrakech », se souvient-il.

« Ah oui, Chirac, c’était autre chose. Mais au Maroc, Macron n’est pas un ennemi. C’est le président d’un pays ami et associé », martèle Kader. « On a une relation intime avec la France. Jamais un président français n’a oublié de venir chez nous », applaudit Karim, kiosquier. Selon lui, viser le téléphone de Macron ne « peut pas être une initiative du gouvernement, encore moins du roi Mohammed VI ». « Ça doit être quelqu’un qui s’est faufilé… »

Le souverain est, à l’unanimité, mis hors de cause. « Vive sa Majesté le roi ! », s’exclame Moubarak, guide touristique qui ne dit « du mal de personne ». Il n’a « rien contre Macron » qui s’est « déjà rendu à Rabat » et qui « travaille bien ». « Le roi nous conduit vers ce qui est clair. C’est lui qui prend toutes les décisions au Maroc. Il fait tout ce qui est bien avec tout le monde, même avec Israël », encense Kader. « Son numéro de téléphone était visiblement lui-même ciblé par Pegasus », assure Khalil, rencontré dans le quartier chic de Guéliz.

Pour cet ingénieur, qui attend « les preuves » de toutes ces « accusations », « surveiller un chef d’État est d’un point vue moral anormal ». « Mais d’un point de vue politique et diplomatique, ça peut se justifier et tout le monde le fait. Entre les États, il n’y a rien de gentil, on ne se fait pas de cadeau. »

Croisée sur la place Jemaa el-Fna, une Franco-Marocaine en vacances « au bled » est sur la même longueur d’onde. « L’espionnage n’est pas une tradition marocaine, c’est une habitude de tous les pays de la planète », répète-t-elle. Pour elle, la responsabilité dans cette histoire revient… au président Macron lui-même. « S’il ne se protège pas bien, c’est de sa faute. Il y a beaucoup de piratage au Maroc, faut bien se blinder », conseille-t-elle.

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